Réserverune table Petit Victor Hugo (PVH), Paris sur Tripadvisor : consultez 125 avis sur Petit Victor Hugo (PVH), noté 3,5 sur 5 sur Tripadvisor et classé #8 558 sur 19 047 restaurants à Paris.
Pralus Cette barre de chocolat se compose d'une savoureuse pâte de pistache, le tout enrobé de chocolat. 16,20 € 160 g 101,25 € / kg Pralus Le cacao de Madagascar est réputé pour être un cacao d'exception. Ce chocolat est créé à partir des fèves Criollo. 7,40 € 100 g 74,00 € / kg Angelina Préparation pour chocolat chaud en poudre boîte fer 23,50 € 400 g 58,75 € / kg Valrhona Assortiment de 32 carrés de chocolat, comprenant 8 Grands Crus de chocolat noir et Lait pour un voyage sensoriel. 20,00 € 160 g 125,00 € / kg Pralus Un concentré de fèves de cacao sélectionnées pour leur arôme puissant et fort. 7,40 € 100 g 74,00 € / kg Pralus Ce chocolat à la saveur fruité dévoile toute son intensité aromatique par sa longueur en bouche et ses notes épicées et acidulées. 12,90 € 160 g 80,62 € / kg Ragusa Découvrez Ragusa classique à La Grande Épicerie de Paris 3,25 € 100 g 32,50 € / kg Pralus Ce coffret rassemble 10 des meilleures fèves de cacao du monde, en tablettes de 50g Papouasie,Indonésie, Sao Tomé, Trinidad, Vénézuela, Tanzanie, Ghana, Madagascar, Colombie, Equateur. 23,95 € 500 g 47,90 € / kg Bonnat Très homogène, ce chocolat vous propose une symphonie dégustative et olfactive qui ne pourra que satisfaire les amateurs de sensations délicates. 9,55 € 100 g 95,50 € / kg Bonnat Très original, ce chocolat représente une expérience gustative unique pour tout amateur cherchant la rareté et l’exception. 9,55 € 100 g 95,50 € / kg Daniel Mercier Découvrez ces savoureux mendiants au chocolat noir, riche en goût. 14,60 € 150 g 97,33 € / kg Daniel Mercier Découvrez cet assortiment de mendiants au chocolat noir, chocolat au lait et chocolat blanc. 14,60 € 150 g 97,33 € / kg Daniel Mercier Découvrez ce savoureux camembert en chocolat, riche en goût. 14,35 € 200 g 71,75 € / kg Mademoiselle de Margaux Les notes de fruits rouges procurent rondeur et longueur en bouche, renforcé par le caractère peu sucré du chocolat noir. 6,25 € 60 g 104,17 € / kg Daniel Mercier Découvrez ces savoureux bâtonnets de gingembre confits et chocolat noir, riche en goût. 13,85 € 150 g 92,33 € / kg Mademoiselle de Margaux L’intensité d’un Armagnac sélectionné et la fraîcheur d’une cerise, associées à un délicat chocolat noir, pur beurre de cacao. 19,05 € 190 g 100,26 € / kg Daniel Mercier Découvrez ces savoureux mendiants au chocolat au lait, riche en goût. 14,60 € 150 g 97,33 € / kg Chapon Tablette noir Chuo. Grand cru. Parfumé de noisettes et de fruits rouges. Long en bouche. 11,15 € 75 g 148,67 € / kg Mademoiselle de Margaux Découvrez ce nouveau chocolat noir, aux parfums intenses de cacao, de fruits secs grillés avec une légère pointe fleurie et boisée. Chocolat élaboré directement à partir de fèves de cacao délicatement torréfiées, il est savoureusement long en bouche. 9,90 € 125 g 79,20 € / kg Dolfin En 30 ans, la chocolaterie Dolfin est devenue une référence du chocolat belge. Fruits, épices, fleurs viennent sublimer le chocolat. Pour les amateurs de chocolat noir, Dolfin a créé un chocolat noir aux éclats de caramel rehaussé de sel miroir de Bolivie. Extrait du Salar de Uyuni, plus grand... En 30 ans, la chocolaterie Dolfin est devenue une référence du chocolat belge. Fruits, épices, fleurs viennent sublimer le chocolat. Pour les amateurs de chocolat noir, Dolfin a créé un chocolat noir aux éclats de caramel... 1,55 € 30 g 51,67 € / kg Pralus La maison François Pralus est le fruit de la passion de la famille Pralus pour la pâtisserie. L'aventure a débuté en 1948 avec Auguste, le père de François, qui en 1955 est devenu MOF. François a repris l'entreprise familiale dans les années 80 et est devenu maître chocolatier. La maison s'est fait... La maison François Pralus est le fruit de la passion de la famille Pralus pour la pâtisserie. L'aventure a débuté en 1948 avec Auguste, le père de François, qui en 1955 est devenu MOF. François a repris l'entreprise familiale... 13,00 € 250 g 52,00 € / kg Pralus Cette barre de chocolat est une authentique création de François Pralus. Elle se compose d'un savoureux praliné fourré noisettes entières et d'un enrobage de chocolat au lait 45% de cacao. 12,90 € 160 g 80,62 € / kg Genaveh Une pointe de sel dans un praliné fondant et format léger, résultat ultra gourmand ! Version chocolat au lait Praliné sésame, praliné feuilletine, praliné pistache. 16,95 € 120 g 141,25 € / kg Cluizel Les saveurs délicates des oranges confites associées à celles, puissantes, du cacao sont une excellente union pour les palais exigeants et connaisseurs. 10,65 € 130 g 81,92 € / kg Bonnat Une tablette de chocolat grand cru signée par la célèbre Maison Bonnat, Maîtres-Chocolatiers depuis plusieurs générations. Ici, Bonnat signe un chocolat produit à base de fèves de l'île de Java, une recette pleine de saveurs, riches et aromatiques aux notes séductrices. Il satisfera facilement les... Une tablette de chocolat grand cru signée par la célèbre Maison Bonnat, Maîtres-Chocolatiers depuis plusieurs générations. Ici, Bonnat signe un chocolat produit à base de fèves de l'île de Java, une recette pleine de saveurs,... 5,90 € 100 g 59,00 € / kg Dolfin Depuis 30 ans, la chocolaterie Dolfin belge associe des saveurs gourmandes et exotiques afin de créer des chocolats aux goûts subtils et savoureux. Dans ce chocolat, Dolfin a réussi à créer un bijou de douceur en alliant un chocolat au lait fondant avec l’onctuosité du nougat, relevé par des... Depuis 30 ans, la chocolaterie Dolfin belge associe des saveurs gourmandes et exotiques afin de créer des chocolats aux goûts subtils et savoureux. Dans ce chocolat, Dolfin a réussi à créer un bijou de douceur en alliant un... 1,55 € 30 g 51,67 € / kg Chapon Obtenue après une torréfaction longue et un conchage long, c’est-à-dire un procédé de brassage et d'aération du chocolat pour éliminer l'acidité et l'amertume, cette tablette de chocolat noir pure origine Haïti est un véritable bonheur gustatif aux saveurs de figue, de cerise et de noisette grillée. 9,15 € 75 g 122,00 € / kg Bonnat Le cadeau idéal pour les amateurs de grands chocolats. La maison Bonnat, fondée à la fin du 19e siècle, est toujours sous le pavillon de la même famille depuis plusieurs générations. Aujourd'hui, c'est le chocolatier-confiseur Stéphane Bonnat qui nous régale. On découvre ici une recette de chocolat... Le cadeau idéal pour les amateurs de grands chocolats. La maison Bonnat, fondée à la fin du 19e siècle, est toujours sous le pavillon de la même famille depuis plusieurs générations. Aujourd'hui, c'est le chocolatier-confiseur... 6,20 € Camille Bloch Un chocolat noir fourré à la crème d'amande et de noisette. 3,25 € 100 g 32,50 € / kg Valrhona Un joli sachet aux couleurs vertes, décoré de feuilles de cacaoyer et de cabosses, qui renferme 250 g de pistoles de chocolat au lait. Cet Andoa lait est une création de la maison Valrhona, en partenariat avec des producteurs de cacao biologique au Pérou. Engagés dans la préservation du terroir, le... Un joli sachet aux couleurs vertes, décoré de feuilles de cacaoyer et de cabosses, qui renferme 250 g de pistoles de chocolat au lait. Cet Andoa lait est une création de la maison Valrhona, en partenariat avec des producteurs de... 14,00 € 250 g 56,00 € / kg NéoGourmets Chocolat et café ont toujours fait bon ménage. La preuve avec cette savoureuse tablette fabriquée à partir d’un cacao récolté en Équateur. Cette recette élaborée avec le chef Thierry Marx a d’ailleurs reçu le Prix spécial innovation aux "International Chocolate Awards". 6,20 € 70 g 88,57 € / kg Chapon Avant d’être un maître chocolatier reconnu dans le monde entier, Patrice Chapon était glacier au Buckingham Palace pour la reine d'Angleterre. Aujourd’hui, il travaille les fèves de cacao avec brio pour créer de savoureux chocolats comme cette tablette de chocolat noir Pérou gran nativo 74 %. 9,75 € 75 g 130,00 € / kg Weiss Élaboré avec des matières premières issues des cultures les plus nobles, ce chocolat au lait entier au goût subtil se démarque par ses douces notes de vanille et de caramel tendre. Très onctueux, il ravira les palais des plus gourmands, petits et grands. 5,10 € 90 g 56,67 € / kg Cluizel Au coeur des Caraïbes, à l’ouest de San Francisco de Macoris, la Plantation Los Anconès, située au centre de l’île et légèrement en altitude, bénéficie des pluies chaudes et abondantes apportées par les alizés. Depuis 1903, la famille Rizek cultive les fèves de cacao, sous la protection des... Au coeur des Caraïbes, à l’ouest de San Francisco de Macoris, la Plantation Los Anconès, située au centre de l’île et légèrement en altitude, bénéficie des pluies chaudes et abondantes apportées par les alizés. Depuis 1903, la... 6,05 € 70 g 86,43 € / kg Weiss Ce chocolat incontournable à la fois bio et équitable est un chocolat au lait 42 % pure origine République dominicaine. Il possède de délicieuses notes torréfiées proches du café grillé, une grande longueur en bouche et une finale fraiche. 5,10 € 90 g 56,67 € / kg Weiss Plébiscité par les professionnels de la gastronomie pour créer de nombreuses recettes, ce chocolat noir 64 % pure origine utilise des fèves issues de plantations vietnamiennes. Il possède un goût unique et puissant avec des notes vanillées et fruitées rappelant parfois l'amertume de la réglisse. 4,90 € 90 g 54,44 € / kg Weiss Cette tablette onctueuse et savoureuse aux accents de fête foraine fera fondre tous les gourmets. Le chocolat au lait 38 % est parsemé de délicieux éclats d’amandes et de noisettes caramélisées, le tout relevé d’une pointe de sel de Guérande ! 5,10 € 90 g 56,67 € / kg Dolfin Depuis plus de 30 ans, la chocolaterie Dolfin crée des saveurs nouvelles en associant des goûts, textures et saveurs du bout du monde. Des associations surprenantes comme dans cette création où Dolfin associe l’amertume du chocolat avec le croquant de la pistache et le goût unique du sel du Punjab.... Depuis plus de 30 ans, la chocolaterie Dolfin crée des saveurs nouvelles en associant des goûts, textures et saveurs du bout du monde. Des associations surprenantes comme dans cette création où Dolfin associe l’amertume du... 1,55 € 30 g 51,67 € / kg Ragusa Découvrez Ragusa noir à La Grande Épicerie de Paris 3,25 € 100 g 32,50 € / kg Bonnat Classique, léger, parfumé. 5,50 € 100 g 55,00 € / kg Bonnat Couleur de soleil, parfum subtil et délicat dans lequel on devine un arrière-goût de fleurs et de miel. 5,50 € 100 g 55,00 € / kg Bonnat Incontestable numéro 1, puissant et chaud. 8,45 € 100 g 84,50 € / kg Bonnat Confectionnée avec de grands crus de cacao, sélectionnés par Stéphane Bonnat, descendant d'une lignée de maîtres chocolatiers. Cette tablette de chocolat est axée sur le cacao brut, sa puissance et son amertume. Une recette pour les amateurs et connaisseurs. 5,50 € 100 g 55,00 € / kg Angelina Tablette de chocolat noir 71,5% de cacao minimum. 7,50 € 75 g 100,00 € / kg
Les20 meilleures pâtisseries de Paris. On a testé les pâtisseries de Paris, beaucoup. Voici nos adresses préférées pour obtenir une bonne dose de gourmandise et de douceur. Le chou café d See other formats Google This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's bocks discoverablc online. It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the publisher to a library and finally to you. Usage guidelines Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. We also ask that you + Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for Personal, non-commercial purposes. + Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System If you are conducting research on machine translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. + Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. + Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. About Google Book Search Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web at http //books. google .com/l Google A propos de ce livre Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en ligne. Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression "appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont trop souvent difficilement accessibles au public. Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. Consignes d'utilisation Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. Nous vous demandons également de + Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un quelconque but commercial. + Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. + Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en aucun cas. + Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. A propos du service Google Recherche de Livres En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp //book s .google . coïrïl I H/y /-^' ^-^ / \ VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION PABIS. — IMPRIMERIE MAYER ET C% 18, RUE RICIIER VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION PRESSE FKAirÇAISE — PRESSE ÉTRADGÈBE DE M. GUSTAVE RIVET Député de l'hcrc PARIS OFFICE DE PRESSE. 71, RUE DU U VICTOIRE * 9 JAH i972 ^ 1 OF OXFORD /• AVERTISSEMENT Le volume que nous offrons au public nest ni un travail historique ou biogra^ phique, ni une œuvre de critique littéraire^ politique ou philosophique. TICTOR HTGO a tenu une trop grande place dans l'histoire du dix-neuvième siècle, la hauteur de sa personnalité et de son génie s'est imposée avec trop de puissance pendant plus de soixante années d'un labeur formi- dable, trop d'écrivains, qui ont eu l'honneur de vivre dans l'intimité du Maître, se sont attachés à retracer dans toutes ses péripéties, dans ses moindres détails, depuis son origine jusqu'à sa fin, cette vie si prodigieusement remplie, pour que nous ayons entrepris de raconter à nouveau une existence dont les traits principaux sont gravés dans toutes les mémoires. Quant à juger l'œuvre littéraire, quant à apprécier l'influence de Victor Hugo dans te domaine de l'Idée, à examiner quelles ont été et seront la valeur et la durée de cette influence, ce sont là de nobles problèmes qui VI ont tenté et qui tenteront trop de plumes il- lustres et SiutoriséeSj trop de disciples en- thousiastes ou d'adversaires convaincus, pour quenous ayons pu avoir Vambition d*aborder Vexamen de ces hautes questions. Nous avons donc voulu simplement, res- tant dans la sphère qui nous est propre, met- tre à profit l'organisation spéciale de Toflftee de la Presise, qui fait passer entre nos mains les journaux de tous les points du globe, pour donner un tableau aussi exact et aussi intéressant que possible de l'immense mou- vement d'opinion suscité en France et à Vétranger par la maladie, la vfiort et les ob- sèques nationales de Victor Hugo. Ce ne sont ni des impressions particulières ni des opinions personnelles que nous expri- mons. Nous nous sommes bornés, — et c'a été là une tâche assez considérable, — à repro- duire ce qui a été publié de plus intéressant dans la Presse française et étrangère depuis la première nouvelle de la maladie de Victor Hugo. Complets, dans le sens strict et absolu du mot, il est bien évident que nous n'avons pu l'être si nous avions voulu reproduire ou simplement citer tout ce qui a été écrit sur Victor Hugo depuis l'annonce de sa ma- ladie, dix volumes n'auraient pas suffi. Nous nous sommes donc attachés, — et c'est /à le seul travail critique auquel nous nous soyons livrés, — à reproduire surtout les documents qui, indépendamment de leur valeur et de leur importance, paraissaient retracer le vu mieux l'ensemble générâldusentiment public ^ ou exprimer, d'une manière typique^ une note caractéristique et particulière dans ce con- cert aux innombrables voix qui constilue VOpinion universelle. Aussi^ à côté des études consciencieuses et sereines^ des enthousias^ mes sincèreSj des jugements indépendants et respectueux, avons-nous dû faire place à quelques manifestations violentes et exces- sives de Vesprit de parti. Mais, nous le répétons encore, ce n*est pas nous qui parlons nous n'avons voulu qu'être un écho fidèle, que donner une image réduite^ mais exacte de ce qu'aura dit et pensé le monde, lors de la disparition du Poète dont les œux^res ont passionné et passionneront encore tant de générations. Nous osons espérer que ce recueil, qui nous a coûté beaucoup de soins et de travail, sera bien accueilli du public, car nous avons pensé qu'il constituey^ait un jour pour les historiens de Victor Hugo un document historique des plus intéressants, et, aussi, que ce volume trouverait sa place dans toutes les bibliothèques, comme complément des nom- breuses édition!> du grand poète. Les Directeurs de TOflIce de la Presse, G. Le Faure, H. Abeniagar. LETTRE DE M. GUSTAVE RIVET Nous avons soumis le plan et la conception - de notre ouvrage à M. Gustave Rivet, député de VIsère, qui a vécu dans Vintimité de Victor Hugo et qui a eu Vhonneur d*être compris parmi les six amis désignés par la famille du poète^ pour accompagner le cercueil de VArc de Triomphe au Panthéon. M. Gustave Rivet a bien voulu nous répon- dre la lettre qu'on va lire, et nous avons été heureux de le voir, à titre d ancien ami de Victor Hugo et d'homme de lettres^ approu^ ver ridée de haute et historique impartialité qui a présidé à la composition de cet ouvrage. A Messieurs les Directeurs de TOffice de la Presse Messieurs, ' Les jours de deuil où nous avons perdu le Maître appartiennent à Thistoire. C'est une heureuse idée tjue vous avez eue de rassembler dans ce volume, as^ec les récits de la maladie et de la mort de Victor Hugo, la plupart des jugements qui ont été portéf^ sur Tbomme et sur son œuvre. C'était un spectacle unique et consolant de voir, en cette funèbre semaine, de tous les pays civilisés, les yeux et les cœurs tournés vers la France et vers son poète. Le livre que vous publiez sera le témoin de - Témotion universelle. En réunissant les principaux articles écrits à Paris, en province, à l'étranger, vous avez préparé pour l'histoire des matériaux pré- cieux, et les amis du grand poète vous sau- ront gré de leur offrir des documents qui, si vous n'aviez pris soin de les recueillir, pour- raient être bientôt dispersés, oubliés ou perdus. Pour moi, je vous loue d'avoir impartiale- ment rassemblé dans ce volume, à côté des éloges, des admirations et des amours, les critiques, les railleries et les insultes. Je ne suis point choqué, au milieu du concert uni- versel des hommages' et des regrets, d'en- tendre les cris discordants des cléricaux de La Croix, du M onde ^ ou des bonapartistes du Petit Caporal. Je vous sais gré d'avoir cité, en regard des éloges de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de la Roumanie, de la Russie, de la Hongrie, de l'Angleterre, de l'Autriche, de la Belgique, de la Hollande, de l'Amérique, les critiques anglaises du Standard et les plaisanteries tuaesaues de la Gazette de Cologne. Ne laut-il pas des contrastes d'ombre a\ix lumineuses apothéoses ? Les oiseaux de ' nuit haïssent le soleil ; les XI cléricaux ont insulté Victor Hugo, c'est dans l'ordre. Il n est pas mal qu'ils portent devant TA venir la responsabilité de leur ineptie. Il y a des attaques qui grandissent celui qui en est l'objet. Quand, à Bruxelles, en 1871, la maison de Victor Hugo fut assaillie à coup de pierres, je lui écrivais Toutes les pierres qu'on te jette Elèveront ton piédestal. Victor Hugo serait moins grand, il serait moins nôtre, il personnifierait moins son siè- cle, s'il n'avait soulevé les colères de tout ce qui est ennemi du génie français, fait de Li- berté et de Lumière. Donc, il n'était pas inutile d'enregistrer les protestations de la haine. Mais, par ce livre même qui les recueille, on verra comme elles sont perdues dans l'im- mense acclamation du monde, comme elles sont couvertes et étouffées par ces millions de voix qui, à l'Arc de Triomphe, au Pan- théon, dans la rue, dans la presse, ont salué le Génie. Une goutte d'encre, même bénite, ne peut souiller les trois mille couronnes amoncelées sur les marches du Panthéon, et le Maître repose à jamais, impassible et glorieux, dans le temple des grands hommes. Au seuil même de la Postérité qui com- mence pour le poète, ce livre raconte comme on l'aimait, comme on la pleuré, comme on l'admire, et comment l'univers entier pro- clame que Victor Hugo mort est immortel. GUSTAVE RIVET. Paris, 5 juin 1885. Nous croyons utile de donner aux lec- teurs quelques explications sur la manière dont nous avons groupé les documents qui composent ce volume. Nous avons établi trois grandes divi- sions LIVRE I Documents concernant la maladie de Victor Hugo, et incidents qu'ellC'a causés jusqu'à l'agonie du Poète. UVRE n Documents publiés à l'oc- casion de la mort de Victor Hugo — pièces officielles, — comptes rendus des assem- blées, — lettres à la famille, — adresses des gouvernements étrangers, municipa- lités, sociétés et associations diverses, — opinions de la Presse française et étran- gère. LIVRE m Documents relatifs aux obsèques nationales de Victor Hugo, — XIV décrets officiels, — comptes rendus des funérailles, — discours prononcés à l'Arc de Triomphe et au Panthéon, — Opinion de la Presse française et étrangère. Dans chacune de ces trois divisions nous avons adopté, pour les citations extraites des Journaux, l'ordre suivant Presse parisienne et Journaux étran- gers publiés à Paris ; Presse départementale ; Presse étrangère. L'ACTE DE NAISSANCE DE VICTOR HUGO Naissance. — Garçon. Du huitième du mois de ventôse. Tan X de la République. Acte de naissance de Victor-Marie Hugo, né le jour d'iiier, à dix heures et demie du soir, fils de Joseph- Léopold-Sigisbert Hugo, natif de Nancy Meurthe, et de Françoise Trébucnet, native de Nantes Loire- Inférieure, profession de chef de bataillon de la 20* demi-brigade, demeurant à Besançon, mariés, présenté par Joseph Léopold-Sigisbert Hugo. Le sexe de Tentant a été reconnu être mâle. Premier témoin Jacques Delclée, chef de brigade, aide de camp du général Moreau, âgé do quarante ans, domicilié audit Besançon. Second témoin Marie-Anne Dessirier, épouse du citoyen Delclée, âgée de vingt-cinq ans, domiciliée à ladite ville. Sur la réquisition à nous faite par le citoyen Joseph- Léopold-Sigisbert Hugo, père de l'enfant.* Et ont signé Hugo, Delclée, Dessirier, épouse Delclée. Constaté suivant la loi, par moi, Charles-Antoine Séguin, adjoint au maire de cette commune, faisant les fonctions d'officier public de l'état civil. Ch. SÉGUIN, adj. LIVRE PREMIER LA MALADIE LA MALADIE Le lu7idi 18 mai, le RAPPEL jiubliait la, note suivante Victor Hugo a été pris, jeudi soir, d'une indisposition qui d'abord a semblé légère et qui s est aggravée subitement. On nous com- munique la note suivante Victor Hugo, qui souffrait d'une lésion du cœur, a été atteint d'une congestion pulmo- naire. » GERMAIN SÉE. D' EMILE ALLIX. » L et selon le cas il avale le breuvage d'un coup ou refuse absolument de le boire. Puis il s'agite, remue, malgré les prières de ceux qui l'entourent, pour son plus grand mal- heur. Dimanche encore, il voulut manger; son petit-fils, Georges, lui fit servir un bouillon; Victor Hugo le but avec plaisir. Dès onze heures, les amis, les admirateurs du maître se présentaient pour signer le re- gistre placé dans le petit salon d'entrée mais personne ne fut admis auprès du malade que sa famille, M. et Mme Lockroy^ M. Meu- rice et ses petits-enfants. Le colonel Lich- tenstein s'est inscrit le premier, au nom du président de la République ; puis M. Charles Floquet, président de la Chambre, qui, d'ac- cord avec Mme Floquet, dans un sentiment de haute convenance, a remis à une date ulté- rieure le dîner parlementaire et la réception qui devaient avoir lieu le mercredi 20 mai. Viennent ensuite MM. de Freycinet, René Goblet, E. Turquet, G. Rivet, Jourde, Adrien LA MALADIE et Jacques Hébrard, Clemenceau, M. Dreyfus, G. Richard, J. Lemonnyer, Paul Dalioz, E. d*Hervilly, Léon Dierx, Glaise, A. Parodi, SuUy-Prudhomme, Fabre desEssarts, A. Vitu, John Lemoinne, Carvalho, Leconte de Lisle, Théodore de Banville, H. Rochefort, de La- cretelle, SpuUer, E. Laguerrre, Catulle Men- dès, F. Coppée, E. Bazire, Madier de Montjau, les rédactions de presque tous les journaux de Paris, etc., etc. Après leur visite de ce matin, les docteurs Sée et AUix décidèrent de provoquer une consultation et se rendirent chez M. le profes- seur Vulpian pour hii demander son assis- tance. Ainsi que nous le prévoyions, la proposition de mise en accusation du ministère Ferry a été repoussée par la commission d'initiative comme elle le sera sans doute par le Parle- ment, qui ne peut évidemment se condamner lui-même. M. Ferry a été en somme maladroit, incapable, infatué, mais s'il fallait mettre tous les incapables en accusation, ou irions-nous? Ces petites historiettes politiques disparais- sent d ailleurs devant Témotion qu'excite la mort imminente de Victor Hugo. Quelques réserves ju'il y ait à faire sur les dernières œuvres de 1 illustre poète, personne ne peut nier que quelqu'un de très grand va disparaître. * Voilà soixante ans que les livres de Victor Hugo étonnent ou passionnent des généra- tions sans cesse renouvelées de lecteurs. 8 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Lorsque le temps, qui remet tout à sa place, permettra de faire un choix dans le labeur immense, forcément lin peu mêlé, un peu confus du poète, il restera de lui quelques volumes absolument incomparables par la variété des rythmes, l'éclat des images, la souplesse et la sonorité des rimes, le charme grandiose de l'idée et de la rêverie. C'est pourquoi tout homme qui aime les lettres, tout homme qui a vu passer l'éclair de la poésie dans les illusions de sa jeunesse, suit avec une émotion sincère et profonde l'agonie de l'auteur également admirable des Feuilles d'automne, des Châtiments et de la Légende des Siècles, Le rôle politique de Victor Hugo est bien insignifiant à côté de sa gloire littéraire ! Député, sénateur, orateur, il n'appartenait ju'à un parti le poète appartient à la France inclinée devant son lit de mort. — F. M. Le Xemp» 21 mai J'étais à Lyon lorsque la note du Rappel annonçant la maladie de Victor Hugo y est parvenue et j'ai pu voir là que l'émotion res- sentie à l'annonce d'une telle nouvelle ne se bornait pas à pousser vers l'hôtel de l'avenue d'Eylau des amis inquiets et attristés. La secousse a été la même car toute la France on a senti qu'une gloire vivante était menacée et que le sort frappait notre pays à la tête. Pendant le trajet de Lyon à Paris, hier, tous les voyageurs se jetaient, dans les gares, sur les journaux donnant les nouvelles de LA MALADIE 9 Tillustre malade ». Et tous tremblaient de les trouver encadrés de noir, ces journaux qu'ils réclamaient anxieusement. Des Anglais se précipitaient sur les gazettes avec autant de fièvre que nous-mêmes. Et, au fond de l'inquiétude la plus poignante, tous conser- vaient, tous voulaient garder quelque espoir. J. Claretie l^e I^eippel 20 mai L'état de Victor Hugo s'est un peu amé- lioré. La nuit avait été mauvaise. A deux heures du matin, il y avait eu une crise d'oppression suivie d'une syncope qui avait été un moment très inquiétante. A neuf heures les médecins avaient rédigé le bulletin suivant A la suite d'une violente oppression, il s'est manifesté, cette nuit, une syncope pro- longée ; ce matin, l'état des forces et de la respiration est à peu près le même qu'hier soir. » Une heure du matin. — La soirée a con- tinué Tamélioration de la journée. Nous recevons la note qui suit Soirée plus calme, moins d'oppression qu'hier. » Il serait téméraire d'espérer trop vite, mais ce mieux inattendu et la forte constitu- tion de Victor Hugo autorisent à ne pan désespérer. Une heure quarante. — A peu près même état, mais un peu moins de calme. lie Rappel 21 mai La journée d'hier a été moins rassurante que la précédente. Il y a eu, à 11 h. un quart, une consultation à la suite de laquelle les trois médecins ont rédigé le bulletin suivant .1 monsieur Georges Hugo. Vous saurez peut-être un jour, monsieur, ue, même devant Victor Hugo, j'ai réclamé les droits de la critique. Et c'est pourquoi, dans l'affreuse douleur où vous êtes, je tiens h vous dire que tous les cœurs se sont brisés avec le vôtre, Victor Hugo a été ma jeunesse, je me souviens de ce que je lui dois. Il n'y a puis de APRÈS LA MORT 39 discussion possible en un pareil jour, toutes les mains aoivent s'unir, tous les écrivains français doivent se lever pour honorer un maître et pour affirmer l'absolu triomphe du génie littéraire. Veuillez croire, monsieur à ma profonde et douloureuse sympathie. EMILE ZOLA » A monsieur Ed. Lockroy, Le conseil général de l'Hérault ne sié- geant pas en ce moment, son président prend l'initiative de vous prier d'être son interprète auprès de la famille de Victor Hugo. La France perd un grand poète, la patrie un grand ci- toyen. » LISBONNE, Ancien député, président dit Coiiseil général de Vllérault. » A madame Lockroy. A monsieur Lockroy. Le grand malheur qui frappe la France frappe aussi Tltalie. L*espritdu grand penseur veillera d'en haut sur les destinées solidaires les deux peuples. » ' MKNOTTI riARIBALDT ». ÂPRES LA MORT 49 A monsieur Auguste Vacquerie. Lisbonne, 26 mai. .Les soussignés, membres de la presse de Lisbonne, se joignent à leurs confrères de la presse de Paris pour déplorer la mort de Victor Hugo et cour saluer l'avènement de son génie à la gloire de la postérité. Kamalho Ortigao, Latmo Cœlho, Joao de Deun, Gomez Leal, Enrique Lopez de Men- doza, David Carazzi, Luciano Cordeiro, Julio César, Machado Eca Leal, ïayme Batlha, Rein Consiglieri, Pedroso, Fernando Caldeira, Alfonso Vargas, Fernando Leal, FialhO de Almeida, Gomez da Silva, Rafaël Bordallo, Pinheiro, Alberto de Oliveira, Monteiro^ Ra- malho, Cesario Verde, Cecilio Souza {Correio daNouta Redaccods, Antonio Ennes Jour- nal du Commercé, Christovam Ayres Revue des Études libres, Theophilo Braga, Teixeira Bastos, Carrilho Videira Noure/Zes, Emydgio Navarro, Carlos Oobo, d'Avila, Antonio Can- dide, Alberto Braga, José Neuton Pa/na, Auguste Forjas {Economiste, Pereira Car- rilho{ia Démocratie, José Elias, Garcia Pors Ultramarin, Elvinb Brito Diario Popular, Thomaz Bastos [Courrier Portugais, Anto- nio Centeno Progrès , Henriqûe Macedo, Simoes Ferreira Gazette Commerciale, Dan- tas Baracho Commerce du Portugal , Auguste Ribeiro Journal das Creancas, Cyprian Jardin Noticias , Eduardo Cœlho ^Journal illustré], Eduardo Scwalbach La Révolution de Septembre, Cunha Belem Journal des colonies, André Canto, Gaetano Alberto, Urbano do Castro, Gervasio Lobato, ^ VICTOR HUGO DEVANT l'opinion Jayme Victor Moura, Cabrai, Castro Labra, Aueusto Loureiro, Pedro Vidœîra, Auguste Meîlo, Joao Costa. » Au député Lockroy* Paris. Les étudiants de TUniversité de Naples réunis, ont arrêté une commémoration solen- nelle en rhonneur de Victor Hugo. Ilsvous prient de les représenter aux hom- mages que la France, rendra au plus grand •des contemporains, à Thomme qui réunissait les nations à rhumanité. » Très illustre maître et confrère e monsieur Vacquerie, Nous expédions aujourd'hui à MM. A. Naquet, G. Wirouboff et E. Zola, la lettre uivante, à laquelle nous vous prions d'ac- -corder la publicité du Rappel MM. Théophile Braga et Teixeira Bratos, arole s'éleva pendant soixante-cinq ans pour a défense des opprimés et de toutes les liber- tés, pleure sur sa tombe. La ville de Macerata, qui fut toujours au premier rang des villes italiennes dans l'ad- miration pour ce géant de la pensée, me charge d'exprimer sa douleur à la grande na- tion qni est justement fière d'avoir été la mère de cette illustration mondale. M. Gariboldi, compositeur, a été prié de représenter sa ville natale aux funérailles de Victor Hugo. ' d'Egypte, exprime ses sincères condoléances et celles de ses frères d'Orient à Tillûstre fa- mille de l'immortel Victor Hugo. Victor Huga- est le souverain de la colline des scien- ces, le soleil du Parnasse et le phare de la liberté des peuples opprimés. Que valent les couronnes des rois et de la terre, auprès de^ l'auréole de gloire qui orne son front? Les traits imposants de son visage vénérable ha- biteront toujours dans mes yeux et la suave mélodie de ses accents ne cessera jamais de résonner dans mes oreilles. Il a éprouvé l'exil, il m'a consolé, moi proscrit, il a ouvert mon. cœur à l'espérance de voir un jour ma mal- heureuse patrie aussi libre que la sienne. » A monsieur Edouard Lockroy, Monsieur le député, J'ai l'honneur de vous informer que je^ viens de recevoir de Cracovie, un télégramme ainsi conçu J'ai l'honneur de prier M. le professeur, au nom des .étudiants polonais de l'Université de Cracovie, de déposer en notre nom une couronne sur le cercueil de Victor Hugo. — Alfred Albinowski, président du cercle de» étudiants polonais à Cracovie. Je ferai, dès demain, parvenir la couronne des étudiants polonais et je me félicite d'avoir en cette circonstance été choisi pour leur mandataire. Veuillez agréer, etc. L. LÉGER. Professeur de littératures slaves ait Collège de France. » 60 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION A monsieur Auguste Vacquerie. Cher monsieur et ami, Je suis avec vous dans ce grand deuil. c TRIGUEROS DE MARTEL, La colonie française de Constantinople se joignant aux représentants de la France en- tière, empressée aux funérailles de Victor Hugo, rend à Tillustre mort un hommage res- pectueux et exprime à sa famille ses profon- des sympathies. Les déjmtés de la Nation, BRI ATA, — TIIOUZERY ». APRÈS LA MORT 69 Le président de la Société des libéraux de Pise envoie l'expression de la douloureuse émotion que leur cause la mort du grand pa- triote et du défenseur de l'humanité qui souffre. » Le syndicat de la presse portugaise de Lisbonne charge par dépêche M. Dominique Morlas et M. Meulemans, consul général, di- recteur du Moniteur des consulats, de repré- senter les journaux de la colonie aux grandes funérailles de Victor Hugo. MORLAS. » A monsieur Lockroy. La loge des Enfants du progrès, à Ma- drid, prend part à votre douleur et se réunit en séance solennelle en l'honneur de l'immor- tel Victor Hugo. , FRAGUA » A monsieur Vacquerie, • La colonie italienne de Tunis prend une grande part à la perte immense du grand gé- nie Victor Hugo. L'Athénée littéraire et de nombreux Es- pagnols d'Almeria me chargent de vous expri- mer leur sentiment de condoléance pour la mort de Victor Hugo . Le pavillon du consu- lat est en berne depuis vendredi. POLUO. » Rendant hommage à l'immortel chantre de l'humanité, nous envoyons une députation chargée de déposer une couronne aux pieds 70 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION àa grand défunt, en signe de profond respect de notre peuple slave. Société des beaux-arts et belles-lettres de Prague en Bohême, » Paris, le 26 mai 1885. Monsieur, Les Polonais n'ont pas oublié que Victor Hugo, le défenseur constant des nobles cau- ses, a fait entendre en 1864, à la Chambre des pairs, une élquente protestation en faveur de leur nationalité. Ils se rappellent que plus tard, en 1852, Sartageant à Jersey Texil de quelques-uns 'entre eux, il exprima, avec ce chaleureux enthousiasme et cette profonde intuition dont il avait le secret, ses sympathies pour leur cause et ses espérances pour la Pologne. Ils ont présent à Tesprit l'adresse à l'ar mée russe par laquelle le grand poète indi- quait, en 1863, leur véritable devoir aux offi- ciers chargés de la répression. sien, et que c'est, sans aucune comparaison, le plus grand souvenir de ma vie. Je ne saurais donc manquer de me joindre personnellement au cortège de ces funérailles, mais je dois y assister officiellement avec la délégation du conseil de perfectionnement du Conservatoire. Veuillez agréer, cher député et cher collè- gue, Texpression de mes sentiments dévoués et affectueux. Le directeur du Conservatoire national des Arts-et-Métiers. LAUSSEDAT. » A M. Georges Hugo. Mon cher camarade, Vous appartenez à l'Union française de la jeunesse et le coup qui vous a frappé nous a tous atteints, d'abord parce que la mort de Victor Hugo est un deuil pour tous ceux qui s'efforcent de concourir à l'émancipation de l'esprit humain, ensuite, et plus encore, parce qu'il était votre grand-père, parce que, grâce à vous, des liens plus étroits de respectueuse et filiale déférence nous attachaient à lui. C'est par vous, mon cher camarade, que le nom de Hugo, dont vous aurez désormais à supporter le poids, figure dans nos annales, et en vous envoyant aujourd'hui, au nom de l'Union française de la jeunesse tout entière, le témoignage de notre cordiale et affectueuse condoléance, nous vous demandons, liés à vous par la communion du deuil, d'être des nôtres plus encore, de vous retrouver avec nous dans un milieu où se conservera toujours vivace le souvenir de l'immortel poète quo 76 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION nous pleurons, et d'essayer d'être avec nous un homme utile. L'Association des écrivains et artistes es- pagnols de Madrid prend part à l'affliction de la famille de Victor Hugo et au deuil de la France pour le deuil du grand poète. » Le général MeredithRead, de New-York, pleure la perte d'un ami et partage le chagrin universel que cause la disparition de la grande lumière littéraire. » Affiche placardée sur les murs de la ville aUrbino^ par les soins de la municipalité, Victor Hugo, le cœur de la démocratie, le poète de l'humanité, la gloire de la France libre, le défenseur des faibles et des opprimés ^st mort ! I 80 DEVANT L'OPINION Sa grande âme laisse derrière elle un sil- lage de foi et de nobles aspirations. Le deuil de sa patrie est presq[ue semblable à celui causé par la mort de Giuseppe Garibaldi. Victor Hugo a sacrifié sa vie entière pour le droit de toutes les nations et de tous les hommes sans distinction de races, sans distinction de castes. Son génie ne se nour- rissait pas de haine, mais d'amour. Il était une protestation vivante contre le Mal, mais il persistait à aimer ceux qui le faisaient, car il avait formulé la Vérité suprême que faire le mal est plutôt une nécessité relative que le fait d'un instinct pervers de l'humaine nature. a Devant l'incomparable désastre qui frappe hx France et le monde, nous ne pouvons, nous, libres citoyens de l'Italie, rester indifférents. c Victor Hugo a demandé la grâce de la vie pour Guglielmo Oberdank. a La noble parole du poète a vainement re- tenti ; mais le fait restera comme une preuve ineffaçable de sa grande âme, de raffectioii qui le liait à notre Italie, à toutes les douleurs humaines, h tous les martyrs de la religion du devoir. » Citoyens d'Urbino, a Vous ne manquerez pas à la dette de re- connaissance qu'ont les grands peuples envers ce grand mort. a Que vos manifestations de deuil soient di- gnes de lui ! » Urbino, 29 mai 1885. Suivent les signatures. APRÈS LA MORT 81 Ordre du jour du Cercle républicain^ Goffredo AfameK, de Rimini Victor Hugo n'est plus. Telle est la fatale nouvelle qui, avec la rapidité du télégraphe, s'est répandue de Tun à 1 autre bout du monde — et le monde déplore la disparition de sa plus grande lumière. Comme Prométhée au soleil, Lui, il a pris à un çénie souverain Tétincelle qui a fait res- Slendir d'une clarté nouvelle l'aurore de notre ix-neuvième siècle et qui en illumine le dé- clin. Poète et philosophe , apôtre et prophète, soldat et tribun, Victor Hugo entre dans l'é- ternel domaine de l'histoire avec la sublime auréole de Citoyen de l'Humanité ». En recevant ce coup terrible qui, en même temps que la France, les frappe, tous les peu- ples civilisés s'inclinent avec un grand res- pect. Leur seule consolation est de se retrem- per l'âme à cet éternel idéal qu'il a fait entre- voir à l'humanité dans Un monde de lumière et de poésie. Le Comité. » .». PRESSE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE PARI S Le Figaro; Journal des Débats M. Victor Hugo a été une des preuves ; c'est que l'empereur avait ramassé des moissons de gloire comme nul n'en avait jamais recueillies avant lui, pour la douce France. O ma mère ! » Jamais ces trois mots n'ont été dits à la patrie avec plus d'amour profond, avec plus de piété — aux jours clairs et radieux avec plus d'orgueil et de joie, aux heures sombres avec plus de tristesse et de désolation. A quelque étape de cette longue vie qu'on le prenne, Hugo re- porte tout à la France. Comme il exulte et déborde d'enthousiasme au souvenir des marches triomphales à travers le, monde ! Comme on le sent brisé dans tout son être quand aux jours de liberté succèdent les nuits de honte et quand la victoire déserte ! Pourtant, la pitié et l'orgueil ne sont pas, comme on Ta cru, les seuls métaux qui aient servi à. couler un pareil bronze. Sur 1 ensem- ble des destinées historiques de son pays, Victor Hugo a souvent, soit intuition du génie, soit clairvoyance de l'amour, vu très juste et très avant — hier encore, sur le rôle de la France dans le bassin de la Méditer- ranée, sur le continent africain qui appelle notre conquête civilisatrice. — Puis, la foi robuste, la foi invincible dans l'avenir. Jamais il n'a désespéré On nous a mutilés ; mais le temps a peut-être Fait croître l'ongle du lion. Ainsi il s'écriait dans l'ode A la Colonne, en 1827, en pleine Restauration ; ainsi il parlera encore au lendemain de Sedan et de Metz, en pleine année terrible. APIIÈS LA MOUT lll Victor Hugo est né avec le siècle ; il marche avec lui ; sa belle jeunesse ardente le suit dans toutes ses évolutions, qui sont des révo- lutions ; et, sauf pour les injustices, pour les fureurs contre les dieux adorés la veille, le poète est le fidèle miroir de son temps pas- sions, espérances, illusions, rêves, regrets, il reflète tout dans le flot majestueux qui des- cend sa pente. Années des indécisions poli- tiques, années de l'éclosion progressive du génie. Mais voici que le génie approche de sa maturité ; demain le verbe sera moulé dans sa forme définitive ; demain l'image éclatera dans sa plus radieuse lumière et les ailes de l'ouragan lyrique » atteindront leur plus puis- sante envergure. Et toute la vérité se fait alors dans cet esprit. Le génie va s'élever à Tapogée ; le citoyen se donne à la répu- bhque. Grand honneur pour le parti républicain que cette accession d'un tel homme, non point à l'heure où le flambeau vacille et s'éteint, mais à l'heure, bien au contraire, où l'esprit mûr atteint la pleine possession de toutes ses forces. Ce n'est point ici un corps affaibli laissant prendre son âme par le premier venu qui étend la main, c'est 1 âme en possession de toute sa santé qui se donne hbrement elle- même et à jamais. Aussi comme elle en sera récompensée et quel élan nouveau pour s'élancer vers les cimes les plus hautes, en plein ciel, comme le dieu du statuaire qui pour tremplin a le globe ! Grand honneur pour la République, grand bonheurpour Victor Hugo. Par la République, par cela seul qu'il lui a dit Tiens, me voici, prends-moi! » il va monter des Chants du Crépuscule aux 1 12 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Châtiments, de Notre-Dame de Paris aux Misérables. Comme Cybèle, la République double les forces de qui vient h elle et, sans regret, sans regarder en arrière, se livre tout entier. Victor Hugo doit beaucoup à la République; la République ne doit pas moins à Victor Hugo. Et je ne parle pas seulement de l'hon- neur d'avoir compté devant les partis, devant le monde, devant Thistoire, un aussi mer- veilleux esprit parmi les siens. Il y a plus encore, en effet, et, dans notre gratitude, nous ne saurions trop souvent ni trop haut le proclamer. Là bas, sur son îlot oattu des vagues, pendant dix- huit ans — les dix-huit années de notre bas empire, — par son exemple, par ses vers vengeurs et par sa prose d'implacable justicier , par les Châtiments et par Napoléon le Petit^ combien de servi- teurs a-t-il conservés à la République dont la corruption impériale, sans lui, eût fini par venir à bout ? Combien lui en a-t-il amené, de jeunes et héroïques recrues qui, sans lui, n'auraient pas reconnu dans décembre un crime et qui auraient ignoré la vérité? D'un côté, le guet-apens triomphant, le mensonge va'n- queur, le droit foulé aux pieds, la justice avilie, la force grossière et brutale régnant en souveraine ; de Tautre, Victor Hugo à Guernesey — et l'équilibre moral ne fut pas rompu. Cette flamme sur un rocher, ce phare dans la tempête, cela suffit il est certamque la nuitne sera pas éternelle. Césarion a volé la France, vaincu la Russie, pris l'Angleterre pour alliée, diminué TAutriche, libéré l'Italie, ébloui, l'Europe pourquoi ne pas aller à lui? IPourquoi ? parce que au côté de l'Océan on a APRÈS LA MORT llo entendu une voix. Ah ! ce petit volume imprimé sur du papier à chandelles, intro- duit en fraude, lu en cachette derrière les portes fermées à double tour ou tout au fond des bois, qui dira combien il a sauvé déjeunes esprits, combien il en a éclairés, illuminés, acquis h jamais, jusqu'à la mort, à la cause de la liberté ! Chaque vers des Châtiments m engendré un soldat h la République ; chaque page de Napoléon le Petit a dressé conti'e l'empire un ennemi, un champion de la justice. Avoir rendu à la conscience numaine un ser- vice pareil, quelle gloire est supérieure à celle-k? Et il est des gens qui parlent de Vart pour /-aW, qui répètent encore que la politique a enlevé Victore Hugo à la poésie ! A la monarchie Victor Hugo n avait donné que des chefs-d'œuvre. A la HépubUque, il a donné des armées d'hommes, des légions de citoyens. JOSEPH REINAGH. Le Temps Ce génie si complexe, qui réunit assez de parties différentes pour qu'on pût, en le bri- sant, y trouver les éléments de plusieurs gé- nies, a pourtant sa caractéristique propre la puissance et la force. On Ta remarqué juste- ment les mots qui reviennent le plus sou- vent sous la plume de Victor Hugo, ce sont les mots énorme^ immense^ géant, mons- trueux, etc. L'infiniment grand de la matière, de la pensée et de la passion, voilà son do- maine. 11 s'y meut avec le plus parfait dédain 114 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION de la mesure et de la limite. Si, pour attein- dre le colossal, il lui faut passer par Tinvrai- semblable, par l'insensé, hardiment, il s'y fraye sa route. Un homme d'un rare esprit, aui l'admirait plus qu'il ne l'aimait, Amiel, a it de lui, non sans chagrin Hugo fait de la folie un de ses animaux domestiques ; il chevauche de sang-froid le Cauchemar, Pé- fjase, l'Hippogriffe et la Chimère. » Je tiçns e mot pour bien dit, et la critique pour une louange, caria Chimère, l'Hippogriffe, Pé- gase et le Cauchemar sont de vaillantes mon- . tures qui emportent leur cavalier dans les régions de la fantaisie inaccessibles à qui ne les dompta jamais. La folie elle-même a sa réalité, et par conséquent ses beautés, qui valent peut-être celles de la raison ; et, pour qui cherche des sensations nouvelles, un ébranlement de Tâme violent, rien ne vaut ces visions d'un œil éveillé, ce délire si maître de lui, qui se possède et se dirige. Au reste, la poursuite du grand ne jette pas toujours Hugo dans le gigantesque. Aux bons endroits, et il y en a partout, la force éclate sans ou- trance, la puissance s'étale paisiblement. La langue de Racine compte, dit-on, douze cents mots. La langue de Hugo se compose de toutes les langues. H n'est pas de profes- sion, d'art, de métier, de civilisation, qui n'en soient tributaires, pour leurs termes les plus généraux ou les plus techqiques, pour leurs expressions les plus populaires où les plus savantes. Tel vers exigerait, pour être par- faitement entendu, le secours a'un lexique, et il faut plaindre les commentateurs de l'ave- nir. C'est là l'excès et le travers dont on peut sourire, mais qui ne doivent point faire mécon- APRÈS LA MORT 115 naître le don incomparable. Jamais plus puis- sant manieur du verbe humain n'en a distri- bué les formes multiples en combinaisons plus riches et plus imprévues. — Grand écri- vain, ai-je dit, mais moins par Topulence de son vocabulaire que par son respect pour les lois de la grammaire. En un temps où Ton firend plaisir à les violer, où Ton disloque, où 'on torture la phrase jusqu'à lui faire perdre toute figure, Victor Hugo a conservé les scrupules de sa jeunesse. Sa langue est cos- mopolite, sa phrase est bien française. Mais cet écrivain est surtout un peintre ; le secret do ce style, c'est l'image. Fénelon disait jadis de l'orateur Il pense, il sent, et la parole suit. » On pourrait dire de \ ictor Hugo Il voit, et la pensée suit. L'image amène l'idée, et parfois elle la mène. Vous croyez ^ue le poète raisonne ? Point, il regarde ; l'image qui a d'abord frappé son regard se développe, se réfléchit, se brise en fragments qui for- ment autant d'images nouvelles, et ce que le lecteur a pris pour la marche dialectique de l'esprit, n a été que le mécanisme spontané ou le jeu capricieux de l'imagination. On pourrait relever des passages, peut-être même des morceaux entiers, où ce procédé se trahit. Est-ce bien un procédé ?Non c'est la nature même de l'artiste. Victor Hugo est moins un penseur qu'un voyant . Il en a le style et le ton, le geste et l'attitude, l'œil songeur, en quête de visions, visions fantas- tiques que le profane se travaille en vain à saisir, visions grandiose» qui éblouissent, visions radieuses qui transportent, toujours et partout, visions. L'action de cette poésie sur l'âme est sin- 116 . VICTOR HUGa DEVANT L'OPINION gulière. Il s'établit rarement entre le lecteur et le poète ce colloque intime où un Lamar- tine, un Musset vous invite. Si Ton veut être {lacifié, ce n'est pas un volume de Hugo que 'on ouvre la main cherche d'elle-même d'au- tres maîtres, plus sereins et moins magni- fiques. Ce n'est pas lui non plus qui aide à nourrir les chers tourments, à creuser les voluptueuses mélancolies un Byron fait mieux cet office. Pourtant, h de certaines heures, aux heures où Ton retombe sur soi- même sans force et sans confiance, il est le cordial qui ranime. On n'a pas plus tôt com- mencé de lire qu'un afflux de vie se préci- pite. Comment douter de l'esprit de l'homme quand on le voit faisant ainsi jouer tous ses prestiges? Comment ne pas se sentir récréé par tant de lumière et tant de flamme ? 11 se produit alors une exaltation des facultés, une sorte d'ivresse intellectuelle. Pour un ins- tant, on se croit capable de quelque grand effort. Est-ce la séduction toute morale d'une pensée haute et généreuse ? Est-ce la conta- gion presque physique de cette puissance qui se traduit en sonorités violentes? L'un et l'autre, sans doute. Quand l'ivresse se dis- sipe, l'élan subsiste. Hugo est le rédempteur de ces courtes chutes. Pourquoi ? Parce que au lieu de ramener le moi sur lui-même, il l'en détache violemment. C'est par là que sa poésie est saine. Jusque dans ses propres an- goisses, loin de s'abandonner à Tanalyse des mouvements intérieurs, il se répand au de- hors, il se disperse dans le réel ou à travers l'idéal, en pleine terre ou en plein ciel, et, chose rare, il ne se fuit pas pour se chercher encore là où sa fuite l'entraîne, mais pour s'y APRÈS LA MOKT 117 oublier et s'y perdre. Plus que jamais, ouest tenté de voir aujourd'hui dans le subjecti- visme de la sensation le dernier mot de l-art. C'est de Tart, assurément, mais un art inft»- rieur et malsain. Comràe Gœthe et Shakes- peare, Hugo a prouvé que* le vrai génie, le génie bien portant, est essentiellement objec- tif. Il y a quelque chose de plus extraordinaire encore que sa carrière, son iGuvre, son génie la place qu'il a tenue parmi nous dans ce dernier quart de siècle. De profonds chan- gements ont bouleversé l'art, la société, les consciences. Quelles contradictions foncières entre le culte de Victor Ilago pour la gran- deur, et la prédilection des écrivains du jour pour le bas et le vil ; entre son romantisme obstiné et leur réalisme féroce; entre son spiritualisme vaste et compréhensif et leur matérialisme étroit! Il est resté chevale- resque, tandis qu'autour de lui on devenait odieusement utilitaire. Il a gardé sa foi dans la vie, dans l'idée, dans l'amour, tandis que le pessimisme de Schopenhauer gagne chaque jour du terrain. La manie archéologique nous tient courbés, la loupe à la main, sur le passé ; ce siècle, qui a créé l'histoire, mourra de l'a, bus de l'histoire jusqu'à son dernier souffle- Victor Hugo a essayé de plonger dans l'ave- nir. A nos lamentations sur le perpétuel recommencement des choses, il ne répond qu'en affirmant sa confiance dans le progrès, dans la perfectibilité indéfinie de l'iiomme. Peu de points de contact, par conséquent, entre ses successeurs et lui, soit en fait d'art, soit en fait de principes philosophiques. Il plane encore sur les cimes, où les contempo- 7. 118 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION rains de sa jeunesse l'avaient suivi, tandis que notre génération a descendu les pentes de la montagne, et s'agite au plus profond de la vallée. Malgré tout, l'accord s'est établi pour consacrer sa gloire, pour la placer au-des- sus de toute discussion, un accord unanime, irrésistible. Des esprits, d'ailleurs intolérants, n'ont pas songé à lui reprocher sa foi à des principes qu'ils détestent. On lui a même par- donné d'être plus jeune que sa postérité. Sans doute, la déférence gu'on lui témoignait n'en- traînait pas l'adhésion à ses doctrines. Lui qui a eu tant de dévots, il n'a guère eu de dis- ciples. Le moindre écrivain d'à présent passe chef d'école. Où est l'école de Hugo? Mais enfin il a régné, et jamais royauté ne fut assise sur un trône moins exposé aux atten- tats. C'est trop de dire qu'il a été roi il a été presque dieu. Les dix lettres de son nom sont à elles seules une religion tout entière, dogmes et symbole. Cette religion, comme beaucoup d'autres, a eu ses adeptes gui l'ont compromise, ses pontifes aui l'ont ridiculisée. Mais ne suffit-il pas qu'elle ait procuré à d'innombrables esprits les jouissances, qui se font si rares, de l'adoration et du prosternement ? En outre, elle a uni dans un sentiment commun des hommes divisés sur tout le reste. En ce temps où tout devient matière à conflits et à scis- sions, où l'on met à élever des barrières, entre les âmes tout le soin que l'on devrait mettre à renverser celles qu'avait dressées le passé, toutes les colères, tous les partis, toutes les Eglises, désarmaient devant cette gloire. Il y a eu là comme un asile privilégié et hospita lier, où les adversaires de la veille et du len- APRÈS LA MORT 119 demain étaient sûrs de se rencontrer la même fjarole aux lèvres, la même émotion dans 'âme/ Peut-on ne pas bénir la mémoire du poète pour un tel oienfait ? Peut-on songer, sans une tristesse amère, que tout cela va finir? HENRY MICHEL. Gii Blas Oui, l'âme de Victor Hugo est avec ses pareils, avec Homère, avec Pindare, avec Eschyle, avec Dante, avec Shakespeare ; mais aussi elle est, elle sera vue toujours vivante parmi nous; et longtemps après que les pe- tits-fils de nos flls seront couchés sous le gazon, c'est elle, c'est cette âme qui conti- nuera à éclairer les hommes, et à les embra- ser des feux de l'immense amour. Tout ce qui sera fait de grand, de beau, d'héroïque, sera nécessairement fait en son nom. Victor Hugo sera présent, il sera visible parmi nous, toutes les fois que la vieillesse sera honorée^ que la femme sera déifiée, que la misère sera consolée; toutes les fois que retentira un noble chant de lyre, faisant s'ouvrir mysté- rieusement les portes du ciel. Mais, hélas ! ne nous y trompons pas, n'es- sayons pas de nous leurrer d'un vam espoir ; c'est elle, la Lyre, c'est la Poésie, c'est la Muse qui de ce coup est atteinte, et mortelle- ment frappée. Oui, ce grand fleuve lyrique, dont il avait déchaîné sur la France les ondes frémissantes, sera séché et tari uniquement parce que Victor Hugo n'est plus là, le lais- 120 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION sant tomber de son urne géante. Mais de son œuvre énorme, éternelle, effrayante et char- mante, couverte de neiges et d'abîmes et de fleurs, pareille à une montagne, jailliront des sources nouvelles, où les jeunes poètes vi- vants et les poètes à venir puiseront la force et la joie. Victor Hugo est le père des Odes, et il est le père des poèmes futurs, et c'est en enten- dant son nom prononcé que THistoire, avec- un grand cri de délivrance, remontera sur la scène nettoyée et lavée, et que le Drame se réveillera, faisant retentir le clairon des ba- tailles et brandissant dans sa main le glaive tragique. TH. DE BANVILLE. Gil'Blas Le grand poète qui vient de descendre au tombeau comme un soleil qui disparaît der- rière rOcéan a eu, vivant, tant de gloires qu'on peut dire qu'il lui en a manqué une; ou, du moins, qu il en est une qu'on ne lui a fas accordée autant qu'il la méritait. Victor lugo, en étant le poète que les femmes ont le plus admiré, n'a pas été toujours celui que nous avons le plus aimé. Lamartine et A. de Musset ont été surtout nos poètes, l'un ayant volontiers plané dans "les hautes régions de l'amour idéal, l'autre étant descendu dans les abîmes de la passion et nous y ayant entraî- nées. Anges ou démons, voilà, paraît-il, co qu'il plaît surtout d'être ; et nous ne sommes APRÈS LA MORT 121 contentes qu*à demi de ceux qui nous traitent simplement comme des êtres humains. C*est pourtant notre lot le plus sûr et le plus char- mant; et nul poète ne nous Fa accordé comme Victor Hugo. Jusau'au dernier jour de sa vie, il a gardé pour les femmes un amour qui se tradui- sait par une galanterie touchante. Jeunes ou vieilles, petites-filles ou aïeules, les femmes étaient toujours saluées par le poète avec une grâce particulière, et, ;i toutes, il baisait la main comme un marquis d'ancien régime. Mais c'est surtout dans ses écrits que nous devons chercher ce qu'il a pensé de nous. Or, dans l'œuvre entier de Victor Hugo, il n'y a pas un mot contre nous, pas même une de ces malices auxquelles nous sommes si habi- tuées que .nous les entendons sans ennui et les prenons parfois pour des compliments. Il a chanté la femme de tous les âges et de toutes les conditions, dégageant sans cesse d'elle l'idéal qui y est, l'éternel féminin que le poète trouve, avec ses grandeurs et ses grâces, chez la reine comme chez la courti- sane. COLOMBINE. Le Figaro Le dix-neuvième siècle sera le siècle de Victor Hugo, comme le dix-huitième fut celui de Voltaire et le dix-septième celui de Mo- lière, de Racine et de Corneille. Devant cette éclipse du plus grand génie littéraire de ce temps, tous les cœurs s unis- 122 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION sent dans la même pensée de tristesse et de deuil, et tous les esprits dans un universel hommage. Mort, il apparaît plus grand encore ses erreurs, ses faiblesses s'effacent dans l'irra- diation de cette Lumière qui, après avoir éclairé les deux tiers de ce siècle, rayonnera sur sa fin et jusque sur les siècles futurs. Le Figaro C'en est fait, Victor Hugo entré vivant dans la postérité », entre aujourd'hui glo- rieux dans la mort. Devant cette grande tombe, les panégy- riques sont superflus et les jugements con- tradictoires une sorte d'impiété. Rappelons seulement à grands traits cette haute figure. Environné de l'admiration publique, con- solé de ses épreuves passées et de ses dou- leurs domestiques par une popularité pro- digieuse et sans exemple dans notre pays, Victor Hugo n'apparaissait plus que comme le symbole radieux du génie de la France. Nulle royauté littéraire n'égala jamais la sienne. Voltaire régnait à d'autres titres. On a dit de Voltaire qu'il était le second dans tous les genres. Victor Hugo, au contraire, est et demeurera le premier dans plusieurs. Ni dans ce siècle, ni dans nul des siècles qui l'ont précédé, la France n'a possédé un poète de cette hauteur, de cette abondance et de cette envergure. Il est poirr nous ce que Dante, Pétrarque, le Tasse et TArioste réu- APRÈS LA MORT 123 nis furent pour Tltalie; c'est le chêne im- mense dont les robustes frondaisons couvrent depuis soixante ans de leur ombre les florai- sons sans cesse renaissantes de la pensée française. J'ai dit qu'il vivra, et sa meilleure force pour durer à travers les âges futurs, c'est que son génie, quoiqu'on aient dit par irréflexion, par injustice ou par une connaissance impar- laite des choses, est d'essence absolument aborigène et nationale. On a dit qu'il avait renversé les règles et ramené dans nos coutumes poétiques, verna- culsL nostra, l'antique barbarie, jadis vaincue par Malherbe et Boileau. Quelle erreur ! Vic- tor Hugo n'a pas renversé les barrières ; il les a franchies d'un bond, et s'est retrouvé der- rière Boileau et derrière Malherbe, en contact direct avec le libre génie de nos grands poètes des seizième et dix^septième siècles, avec Ronsard, avec Rémi Belleau, avec Regnard, avec Desportes, avec Tristan L'Hermite, avec Beys, et aussi avec Rotrou, avec Pierre Cor- neille, et d'autres poètee encore, pléiade si nombreuse que son dénombrement fatiguerait nos mémoires débiles. Cependant, il n'a voulu reprendre aux an- cêtres que l'indépendance de leur pensée, que l'ampleur de leurs périodes et de leurs atti- tudes ; il a tenu pour acquises les sages cor- rections de forme indiquées par les légis- lateurs du Parnasse » ; loin de faire front à Malherbe et à Boileau pour les combattre, il se les est mis à dos pour s'appuyer sur eux. Le respect de la forme, il le pratiquait pour lui-même avec une si sévère correction au'il l'a imposée comme une loi désormais inéluc- 124 VICTOR HUGO DEVANT LOPINION table à ses enfants et aux- enfants de ses petits- enfants. Un mot encore ; tout est-il donc fini, Victor Hugo est-il enseveli tout entier dans son cer- cueil ? Tout est-il donc si peu que ce soit là qu'on tienne? Victor Hugo ne le pensait pas. Quelles que fussent les causes secrètes de son éloigne- ment, plus ou moins invincible, mais évident, pour les dogmes du culte dans lequel il avait été élevé, Victor Hugo demeurait un croyant et un croyant sincère. Il ne s'en cachait pas, il s'en faisait gloire. Je me permis un jour de lui produire, sous forme de question^ la for- mule résumée de ses idées, telles qu'il venait de les exposer avec une chaleureuse éloquence dans Tun de ses derniers volumes de vers. — Ceux qui se flattent de connaître Dieu sous une figure déterminée çt de l'enfermer dans un dogme sont des téméraires Lceux qui le nient sont des imbéciles. » — Très exact! » me répondit-il. Voilà ma profession de foi; et ajoutez-y que ce Dieu que ie ne connais pas, je l'adore de 'toutes les forces de mon intelligence et de ma raison. » Les funérailles de Victor Hugo seront ce qu'il les aura ordonnées ; en tout cas, le deuil fublic les fera nationales. Avec elles sonnera e glas d'un siècle qui finit, et qui finit mal. AUGUSTE VITU. Le Figaro DERNIER HOMMAGE Dors, Maître, dans la paix de ta gloire ! Repose, Gcrveau prodigieux, d*où, pendant soixante ans, APRÈS LA MORT 125 Jaillit l'éruption des concerts éclatants. Va! La mort vénérable est ton apothéose Ton esprit immortel chante à travers les temps ! Pour planer à jamais dans la Vie infinie, Il brise comme un Dieu les tombeaux clos et sourds. Il emplit l'avenir des voix de ton génie, Et la terre entendra ce torrent d'harmonie Rouler de siècle en siècle en grandissant toujours ! LECONTE DE LISLE Paris Demandons encore à Paul de Saint-Victor de nous dire son sentiment sur ce point tout particulier, sur la forme, matière en laquelle sa compétence est indiscutable C'est, écrit-il, la plus belle langue dramatique qu'on ait jamais parlée au théâtre? Rien n'égale la vigueur, la soudaineté, la souplesse, le luxe exquis, la solennité pénétrante de ce vers, qui détache l'image, qui grave la pensée, qui monte, d'un coup d'aile, au plus haut de la passion et de la grandeur, pour planer dans la rêverie ou redescendre au caprice grotesque et au détail familier. Et pas une faiblesse dans les spirales de son vol ; pas une fatigue dans cet essor perpétuel ! C'est tantôt le tranchant solide d'une épée, tantôt la floraison d'une luxuriante arabesque. C'est l'éclat de l'arme et la splendeur du joyau, la flamme qui brûle et la fusée qui éblouit; chaque passion jette son cri, chaque fantaisie sa roulade, chaque souffrance son gémissement, dans cette sym- phonie magnifique qui remplit l'âme et ravit 1 esprit. On sort de là comme d'un concert où 126 VICTOR HUGO DEVANT LOPINION toutes les fibres de Têtre auraient été tour- mentées et caressées tour à tour. » Cependant un jour, en 1867, l'œuvre dra- matique est reprise au théâtre, et Hemani apparaît non vieilli, mais au contraire plus jeune, plus rayonnant. Est-ce le public qui a changé de goût? Est-ce le drame qui s'est embelli, comme s'embellissent, grâce à la patine du temps, les peintures et les sculptures des maîtres. Les deux hypothèsee sont exactes. Le goût s'est élargi, est devenu moins exclusif les œuvres se sont accomplies » et ont pris leur place légitime dans l'admiration de tous. Dès lors, ce ne fut plus pour Victor Hugo qu'une longue succession de bravos et d'ova- tions. Les critiques ennemis désarmèrent, les tièdes furent enthousiastes, les maîtres vin- rent faire cortège au Maître et s'incliner de- vant lui. Je ne crois pas qu'il y ait, dans l'histoire littéraire, exemple d'un aussi prompt et aussi complet revirement de l'opinion dominante. J'aurais cru que le mouvement de retour vers la poésie au théâtre s'en fût trouvé plus accentué, plus généralisé ; des circotistances spéciales et diverses qu'il n'y a pas lieu d'énu- mérer et de déterminer à cette heure ont ar- rêté l'impulsion première; mais ce triomphe de Victor Hugo sur la scène n'en est pas moins le plus heureux et le plus important des faits à observer depuis vingt ans dans l'art dramatique. J'espère que les consé- 2uences salutaires s'en dégageront bientôt, îhaque génération est impatiente de jouir et APaÈS LA MORT 127 slrrite de la lenteur avec laquelle se produi- sent les phénomènes dans Tordre moral ; mais quand on domine cette impatience naturelle, . sinon raisonnable, on songe que si l'individu peut attendre, Thumanité a tout l'avenir à elle, Favenir durant lequel s'opérera le déve- loppement continu et successif de l'art. Donc, l'inscription définitive au répertoire courant du Théâtre-Français de Hernani et de Ruy Bios, l'addition obligatoire et pro- chaine d'autres chefs-d'œuvre féconderont les esprits et seront pour les générations sui- vantes ce que les productions du dix-septième siècle et du dix-huitième siècle ont été pour les novateurs du dix-neuvième siècle une source puissante d'inspiration. LAPOMMERAYE. Paris ; Les peuples étrangers s'inclinaient devant l'art français, d'autant plus bas et d'autant plus sincèrement, que nul d'entre eux n'avait à nous montrer chez lui de gloire comparable à celle-là. Et nous, nous ses compatriotes, nous qu'il a façonnés à notre insu, ce puissant mode- leur, en renouvelant notre langue, en modi- fiant ce qu'on pourrait appeler notre outillage intellectuel, en imprimant à notre littérature tout entière une tournure inattendue, en nous enseignant la fidélité au droit, à la justice, à la liberté, en nous conseillant d'être bons, en nous montrant à être pitoyables , — nous comprenons aussi que la France vient de per- dre sa plus illustre parure, et celui de ses ci- 128 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION toyens qu'elle pouvait montrer le plus orgueil- leusement au monde entier. CH. LAURENT. Le Cri du Peuple Victor Hugo vient de rendre le dernier sou- Rir, après une longue et douloureuse agonie. fous envoyons notre suprême salut à la mé- moire de celui qui, né dans le camp ennemi, vint vers nous par étapes successives et se fit le défenseur des pauvres et Tami des déshé- rités. La Croix Victor Hugo est mort à une heure trente- cinq minutes. Il fut le plus grand poète de notre siècle. Il était fou depuis plus de trente ans. Que sa folie lui serve d'excuse devant Dieu. Plaignons ceux qui vont lui décerner l'apo- théose et prions pour lui. La Bataille LES MISÉRABLES L'auteur des Misérables aura sa place dans le cœur du peuple. 11 écrivit ce livre dans l'exil. Il ne l'eût pas rêvé avant la défaite. APRÈS LA MORT 129 L'exil a été bon pour Victor Hugo. Il y a connu un peu de Tame du peuple. L'orgueil- leux poète des olympes bourgeois, précipité dans la boue du champ de bataille, coudoya un peu les vrais vaincus de la vie. Et le sol- dat obscur aux reins cassés lui parut enfin plus misérable que l'empereur déchu mais trônant encore dans lès auréoles de l'histoire. Le pair de France, le député si dur aux in- surgés de- juin, eut alors la vision des insur- rections obligatoires. Il la subit, comme une vérité pétiible il est vrai, mais c'est beaucoup déjà. Combien se raidissent contre toute idée du juste. Les misérables de Victor Hugo ne ressem- blent guère aux malheureux de la plèbe tels que nous les savons aujourd'hui, tels qu'Eugène Sue les avait déjà puissamment esquissés. Même ils apparaissaient quelque- fois comme des ombres confuses et fausses -, mais le génie du poète a deviné souvent ce que son âme ne sentait pas. Tel cri, tel ca- ractère des Misérables est socialiste, parce qu'il suffit de toucher au peuple pour devenir révolutionnaire. Les intentions ne sont rien pour nous mais le fait. Victor Hugo a donné le verbe courant à bien des douleurs bégayantes. Beaucoup de ses écrits nous servent de balles. Le .peuple saluera celui qui a rempli de son contmgent notre cartouchière. lissagaray. La Gazette de France Laissons à ceux qui s'imaginent être deve- nus les uniques propriétaires de la gloire de 130 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Victor Hugo, les faciles dithyrambes et Thy- perbole aveugle. Au lendemain de cette mort il me convient de ne retenir qu'un fait, qu'une vérité c'est qu'en Victor Hugo vient de mou- rir un grand poète chrétien, c'est que Victor Hugo n'a été grand que par ce qu il y a de sentiment chrétien dans son œuvre, même dans les dernières ; c'est que par conséquent, malgré tout, malgré les blessures cruelles infligées par lui à nos croyances, — les sien- nes de jadis, — malgré les blasphèmes de son f^énie devenu de plus en plus inconsôient avec es années, Victor Hugo doit être revendiqué par la Foi, par la religion. Il n'a existé que par elles, et à partir de ce jour ce n'est que par elles qu'il revivj'a. Le poète qui écrivait à près de quarante ans, par conséquent en pleme maturité d'es- prit, en pleine possession de la vie, de l'expé- rience de lui-même, que ce qui l'épouvantait c'était d'entendre 1 écho de la voix de Jésus allant s'affaiblissant », ce poète-là, les libres- penseurs auront beau faire ils ne l'accapa- reront jamais. Ils se sont chargés, au surplus, de montrai* combien, malgré leur apparente dévotion pour Victor Hugo et leurs nruyants et creux eu- thousiastes, ils tenaient en méfiance ce génie chrétien quand même, chrétien toujours. Ils se sont soigneusement gardés de faire jamais de Victor Hugo un tribun effectif, de le choi- sir pour chef, de lui donner jamais un rôle politique quelconque à jouer. Ils en firent un sénateur pour la forme et ce fut tout. Et encore, lorsqu'on élut le Sénat, Pa- APRES LA MORT 131 ris, ce Paris gui demain va s'écraser aux obsèques de Victor Hugo, ce Paris politique t socialiste, ce Paris n'accorda pas à ce génie l'honneur de faire sortir le premier son nom de l'urne. Il lui préféra feu M. Hérold, un avocat. Voilà quinze ans que la République dure. Quelle place a-t-elle donné, dans son gouver- nement, à ce poète qui toute sa vie rêva la floire politique? Pas la moindre, pourquoi! *arce qu'elle savait bien qu'au fond le chré- tien était toujours vivace chez Victor Hugo et que si jamais il avait une influence directe, pratique, sur la foule, cette influence se ma- nifesterait par quelque acte en contradiction avec les principes atnées du régime nouveau. C'est pourquoi on a embaumé Victor Hugo tout vivant dans l'admiration. C'était moins compromettant que de lui confier les desti- nées du pays. La noble et fière démarche de Son Emi- nence le cardinal-archevêque de Paris au lit de mort du poète n'a pas eu d'autre significa- tion. L'illustre pasteur de la métropole fran- çaise ne s'est pas souvenu de l'ennemi de l'Eglise il ne s est rappelé que le génie au- quel le croyant avait du, autrefois, d'écrire tant de chefs-d'œuvre, lesquels ont fécondé bien des âmes, restées pieuses et croyantes, elles, parce Qu'elles étaient simples. La popu- lation catholique de Paris, et elle est nom- breuse, ferait célébrer demain un service reli- gieux à la mémoire de Victor Hugo, que cette manifestation serait toute naturelle. 132 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Et c'est pourquoi, lorsqu'aura passé le tor- rent de la dernière manifestation politique sur ce cercueil, je crois que le Victor Hugo de la postérité sera notre Victor Hugo, celui dont 1 œuvre apprenait à prier, à pardonner, à croire et à aimer. DANCOURT. Le Petit Caporal HUGO LE PETIT Victor Hugo, dont s'emparent aujourd'hui les républicains comme d'un trophée, a pro- fessé successivement toutes les opinions. En véritable caméléon, au vent de ses passions, puis du moment, il a fait le tour de Tarc-en- ciel politique. Par deux fois il fut bonapartiste », ce qui ne nous flatte d'ailleurs pas autrement, — royaliste blanc, royaliste bleu, et enfin répu- blicain idéologue. Nous les eussions quand mêmes pardon- nées à ce vieillard, si elles n'avaient fait beau- coup de mal à la France elle-même, en faus- sant le sens moral d'une bonne partie de la génération nouvelle. On déclame aujourd'hui les vers d'Hugo comme jadis nos pères chan- taient ceux de Déranger, et nous ne dissimu- lons pas que cette sorte de guerre Contre l'empire nous a été très funeste. MAURICE MARX APRÈS LA MORT 133 La France libre Victor Hugo a mené notre siècle d'éton- nement en étonnement ; son talent a eu autant de puissance que de souplesse, sa forme a été aussi brillante que sa pensée a été large et humaine ; il a été à la fois un coloriste sans rival et un penseur ému et entraînant. C est Técrivain objectif par excellence. Il a eu les rugissements d'un formidable lutteur, et les tendresses exquises d'un enfant. Victor Hugo a été mieux qu'un écrivain de génie, il a été un grand citoyen. Il est demeuré le défenseur intrépide des proscrits auxquels sa maison est toujours restée ouverte. Il s'est montré l'orateur obs- tiné et éloquent de l'amnistie. Enfin, il a profondément aimé le peuple, et voilà pourquoi nous garderons nous-même avec affection son cher et illustre souvenir. Victor Hugo a exprimé la volonté formelle d'être conduit au cimetière dans le corbillard des pauvres. Cest là une pensée digne du poète des Pauvres gens et de la Pitié suprême. On parle d'exposer le corps du poète, Îendant quelques jours, sous l'Arc de 'riomphe ; nous demandons que la volonté du mort soit respectée, et qu'en rendant hom- niage à Victor Hugo, on sache conserver aux diverses cérémonies le caractère simple et populaire qu'il a prescrit lui-même. A. MAUJAN. 134 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Monde Phénomène étrange ! D'autres écrivains, moins gratifiés des dons de Dieu, ont incarné leur époque. Voltaire a infligé son nom au XVIII siècle. Mais jamais la postérité n'aura l'idée d'appeler notre siècle le siècle de Victor Hugo. Victor Hugo n'est point un initiateur, c'est un Epigone. Comme l'a si bien dit un jour M. Désiré Nisard L'auteur de Ruy- Blas a toujours été à la suite d'un mouve- ment, jamais à la tête. » Poète de génie, un des plus grands poètes que l'humanité ait connus, Victor Hugo n'a point exercé l'influence à laquelle sa supériorité intellec- tuelle lui donnait droit. Il emboîte le pas, il ne précède personne. Mais pourquoi Victor Hugo divorça-t41 de si bonne heure avec les opinions paternelles? C'est qu'alors Chateaubriand et Lamennais vengeaient la Bible des sarcasmes de Vol- taire, et qu'à la voix de ces deux maîtres, la société remplissait les vieux temples. Tou- jours disciple, jamais initiateur, Victor Hugo suit le courant. Plus tard, ce courant dévie et Victor Hugo de même. Il continue de se ti*aîner à la remorque des hérauts du jour et souffle dans leurs trompettes. Sa pensée n'est qu'un écho ; tour à tour royaliste, bonapar- tiste, orléaniste, membre du comité de la rue de Poitiers, républicain modéré, républi- cain radical, il se laisse docilement entraîner dans le sillage populaire. Victor Hugo ne se APRÈS LA MORT 135 montre embarrassé qu'un seul jour, le 18 mars. Devait-il aller à Paris ? devait-il rester à Versailles ? Si la Commune lui avait semblé viable, il n'aurait peut-être pas refusé de l'ac- clamer. Mais les plus perspicaces partisans de l'insurrection entrevoyaient dès cette épo- que sa fin prochaine et sanglante. M. Victor Hugo croit devoir alors s'inspirer de l'exem- ple des hommes politiques » de son parti. Non moins avisé que MM. Gambetta, Kanc, Lockroy, Floquet, etc., il quitte l'Assemblée nationale et file prestement vers l'étranger. C'est à lui qu'appartient la double gloire d'avoir donné le signal de la révolution litté- raire et commencé la restauration morale du xix" siècle. Lamartine s'est emparé des âmes rêveuses et tendres. Musset a dit les désenchantements des esprits désespérés. Quelle école définitive Victor Hugo a-t-il fondée ? Le romantisme dont il était le chef est mort, et le réahsme gouverne en despote. Le siècle tourne plus que jamais le dos à la poésie des Feuilles d'automne^ de la Légende des siècles et d'Hernani. Aux héros de Victor Hugo ont succédé les héros de M. Zola. Peut-être les maîtres du naturalisme consen- tiront-ils à répandre quelques pleurs sur la tombe du poète ; mais entre eux ils le bafouent. C'est à Victor Hugo surtout qu'on pourrait y;plic[uer les deux vers que le poète des Châtiments adresse à Napoléon Te voilà dans leurs rangs; on t'a. Ton te harnache, 'Is t'appellent tout haut grand homme, entre eux ganache t OSCAR HAVARD 136 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Temps 11 faudra étudier un jour, et de près, techni- quement, l'influence que Victor Hugo a exer- cée sur la poésie par la richesse de sa rime, et sur l'art d écrire en général par l'éclat et la nouveauté de son vocabulaire. On aura à examiner si cette mfluence n'a été que bien- faisante ; ce qui est certain, c'est que l'écri- vain a révélé à notre langue des facultés qu'elle ne se connaissait pas, c'est qu'il a agrandi, transformé notre littérature comme si des siècles avaient passé par là. 11 y a eu, dans l'œuvre de Victor Hugo, une part de virtuosité, de gageure, de défi. Il a mené^ et il s'y est complu, deux ou trois générations d'étonnement en étonnement. Mais gardons-nous de croire que sa puissance consiste uniauement dans aes ressources d'imprévu. Victor Hugo a eu la qualité mai- tresse de l'artiste, l'imagination, et il l'a eue forte, souple, inépuisable ; il a par elle tout vu et tout compris, tout senti ou deviné ; s'il est allé de préférence aux choses démesurées, il n'a point ignoré les nuances. J'ajoute qu'avec l'imagination, il a eu l'esprit, beau- coup d'esprit, d'un genre très particulier il est vrai, plus fort que fin, une sorte de gaieté herculéenne, une veine d'amusante extrava- gance. Mais je me trompe, car on se trompe toujours avec lui, et il échappe à toutes les définitions ce géant a fait des chansons, et dans ces chansons il en est de gracieuses et de délicates. Le merveilleux, c'est qu'un écrivain si épri APRKS LA MORT 137 de la forme et de la couleur des choses, vivant d*une vie si intense dans le dehors, le plus objectif assurément de nos poètes, en ait été, à Toccasion, le plus ému et le plus pro- fond. Il sait toucher et faire rêver. H a des mots qui donnent une expression à 1 ineffable, où l'on sent passer je n^ nais quoi d infini. El». SCHERER. La Lanterne Non seulement, il fut grand par cette puis- sance d'évocation qui fait la Légende des dècles ; il fut grand par le génie qui lui a fait épuiser toutes les formules poétiques, mais il fut grand comme caractère. Comme Dante, il dut payer de 1 exil sa gloire et son amour de la patrie. Cet exil dura vingt ans. Dès le premier jour il dit Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là. Il resta fidèle h l'engagement qu'il avait devant le monde tt surtout devant lui-même. Il demeura debout sur le rocher de Guernesey , faisant entendre à Napoléon III la malédic- tion de l'avenir, faisant hurler à ses oreilles les colères et les gémissements de tous les spectres de la nuit du 2 décembre. Il ne remit le pied sur la terre de France que le jour où Napoléon la quitta. S. 138 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Français Malheureusement ce deuil dont on aurait pu faire un deuil national, on veut en faire le triomphe d'un parti et d'une secte. Ces funé- railles, auxquelles on aurait pu associer toute la France, on en veut faire une apothéose bien moins pour le grand poète que pour ses dernières opmions politiques et religieuses. Et alors, devant le défi jeté à tant de souve- nirs, le faisceau des admirations est aussitôt rompu. Il y a deux parts dans la vie de Victor Hugo. C'est la seconde qu'on veut seule glo- rifier, et, devant cette provocation, Thistoire reprend ses droits. Ce que furent les enthousiasmes de sa foi religieuse et de sa foi monarchique, les plus leaux chants de Victor Hugo en sont un admirable témoignage. Comment il parlait quelouefois aux rois, on peut le demander aux annales de la Patrie. Sire, Dieu a besoin de vous, » disait Victor Hugo au roi Louis- Philippe, dont le ferme bon sens dut quelque peu s étonner d'une parole que les courtisans d'autrefois auraient eu peut-être quelque peine à trouver. Comment on accueillit la Républi- que du 24 février, qui était venu l'arracher brutalement à son siège de pair de France, les mémoires du temps sont là pour le raconter. Comment il servit la candidature du prince Napoléon à la présidence de la République, le journal qu'il avait fondé l'atteste. De quelles caresses et de quels sourires il enveloppa, au lendemain du triomphe, le nouvel note du palais de l'Elysée, tous les demeurants de cette époque- s'en souviennent et le disent APRÈS LA MORT 13^ Puis il vint un jour où Victor Hugo se plut à étonner le monde par une évolution qui le je- tait en pleine démagogie et au fond de laquelle il ne fallait chercher, disait-on, comme mobile, que des ambitions déçues. Lorsgue, brisant violemment avec tous les souvenirs et toutes les fidélités de son passé, il vint apporter à rassemblée législative son nouveau credo politique, Victor Hugo fut salué par des acclamations enthousiastes ; la démagogie Tavait conquis, elle devait le tar- der jusqu*à la fin. En présence de ces applau- dissements qui ne se lassaient point, Monta- lembert, montant aussitôt à la tribune, eut un de ces mots qui étaient familiers à son éloquence Le discours que vous venez d'entendre a déjà reçu son châtiment. » Et, comme cette parole vengeresse avait déchaîné une tempête, Montalembert de se reprendre et de dire, plus impitoyable encore Le dis- cours de M. Victor Hugo a déjà reçu la récom- pense qu'il méritait. » Récompense et châtiment, ni Tun ni Tautre n'ont manqué un seul jour à Victor Hugo pendant les longues années qu'il a passées au service de la démagogie. La récompense, il la trouvait dans ces adorations venues d'en bas dont Tencens Fenivrait, dans ce culte dont on avait fait une idolâtrie qui bravait tout, sou- vent même le ridicule. Le châtiment, il a dû lé trouver dans les abaissements auxquels il s'était condamné lui-même, et dont il est impossible que cette nature si fière et si haute n'ait pas bien des fois cruellement souf- fert. • • a • . • • • • . •..*•» BEPEYRE. 140 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Voltaire Il fut par excellence le Chef, le chef de guerre tout d'abord^ puis le Maître triom- phant, souverain, planant dans sa gloire au- dessus des fronts inclinés. Tout avait fini par céderf à Tascendant de son génie, et ceux-là mêmes qui n'en pou- vaient pénétrer le sens, parfois obscur, se sentaient entraînés par l'irrésistible courant de l'admiration universelle. Ce qu'il nommait trop simplement sa tenta- tive littéraire, c'est la révolution dont il fut l'âme et le bras, et qui fit surgir, sur les ruines d'une littérature foudroyée, tout un monde nouveau, peuplé d'êtres exubérants,* passion- nés, orageux. Sa a tentative politique » se relie étroite- ment h l'autre. Elle procède du même esprit émancipateur. On le voit, à partir de sa vingtième année, rompre un à un les liens qui le rattachent à l'ancien monde. Aucune influence de famille ni de milieux ne pourra le retenir, non plus que les flatteries et les faveurs royales. Sa tentative sociale » fut toute de miséri- corde et de bonté. La pitié fut l'intime conseillère du poète ', dans les dernières années, sa voix dominait toutes les autres. APRÈS LA MORT 141 Nulle vie ne fut plus noble, ni mieux rem- plie. Victor Hugo pensait que la mort ne détruit pas ceux qu'elle a touchés, qu'elle les rend seulement invisibles, et qu'ils restent tou- jours présents... Rien n'est plus exact, s'il voulait dire que son souvenir ne s'effacera jamais. Il est permis de contester de l'immortalité des âmes, mais on no peut douter de celle du génie. Magen. La France Hugo fut surtout un semeur, un vulgarisa- teur aidées. Il est peu de choses nobles et grandes qu'il n'ait touchées, et qu'il n'ait en- core ennoblies et agrandies en les touchant. Partout, il laissait l'empreinte de son génie puissant, empreinte que le temps creusera de plus en plus, au lieu de l'effacer. Poète incomparable, s'il ajoutait volontiers à sa lyre une corde d'airain, à l'usage des oppresseurs, il savait, mieux que personne, se faire paternel avec les faibles, doux avec les humbles, consolateur avec les affligés. La même main qui stigmatisait au front avec tant d'indomptable énergie, César et les triom- thateurs criminels, pansait charitablement es plaies, essuyait doucement les larmes des • opprimés et des vaincus de la vie. Celui qui lança les Ctiâtiments, comme un Jupiter sa foudre, fut aussi le chantre des Pauvres gens. HENRI SECOND 142 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Peuple Victor Hugo est mort ! Nous n'avons qu'à répéter aujourd'hui ce que nous écrivions lorsque la nouvelle de sa nn imminente nous est parvenue. Devant ce grand mort, et dans réblouissëment de son immortalité radieuse, toutes les misères de la politique disparais- sent pour nous. Demain les partis vont se précipiter sur Fœuvre colossale de Victor Hugo. Royalistes, républicains, bonapartistes vont s'acharner sur l'héritage merveilleux, sur l'œuvre incom- larable. Chacun d'eux y pourra trouver sa part, sa part magnifique. Et pourquoi pas ? En quoi la f gloire du poète pourrait-elle être atteinte par a diversité des mspirations, alors aue pein- tres, musiciens, sculpteurs sont à l'abri de cette misérable critique ? Gérard a peint Napoléon à Austerlitz et la rentrée d'Henri IV à Paris. Gros a peint Napoléon au milieu des pesti- férés de Jaflfa et le départ de Louis XVIlI des Tuileries le 19 mars. Ingres a peint Napoléon et Charles X. Victor Hugo a chanté Napoléon, Charles X, Louis XVIII, la République. Et c'est parce que ton œuvre tout entière constitue un des plus précieux joyaux du pa- trimoine des gloires nationales, que le cœur étreint d'une mdicible et patriotique émotion, - nous te saluons sur ton ht de mort, ô poète^ toi le frère d'Homère et de Virgile, de Gœthe et de Shakespeare, toi le plus grand de* poètes français ! V APRÈS LA MORT 143 La Défense Il est peut-être mort, à l'heure où j'écris ces lignes. Et Ton nous apprend déjà qu'IL meurt civilement ». Dans les affres de l'agonie, le vieux poète, pelotonné dans ses draps », ayant Tair d'un spectre », se serait même écrié cette nuit — Je vois de la lumière noire !... » Quoi ! cela serait donc vra,i ? Le grand poète, qui poussa l'usage de l'an- tithèse jusqu'au plus déplorable abus, dans la langue, — et surtout dans sa vie, — va mourir ainsi, cherchant une image monstrueuse, et ne trouvant qu'un accouplement contre na- ture de mots qui jurent ! Cette riche imagination, qui sut évoquer tant de merveilles, créer tant de chefs-d'œu- vres, et comme arracher tant d'éblouissantes parcelles de la Beauté Suprême, va s'éteindre ainsi dans l'incohérence, dans d'affreuses té- nèbres ! Glorieux poète ! vous devez entrevoir à cette heure, si noire » que vous paraisse la as Ijesoin, hélas ! — du marteau des cych^pes. 1 le tordait, il le pétrissait de ses seules mains. Il lui donnait, toutes les formes sans effort. Il le pliait, il le repliait à son gré pour s'en faire son clairon et sa foudre. C'était avec ce clairon qu'il interpellait la foudre di- APRÈS LA MORT 173 vine et l'interrogeait de tonnerre à tonnerre. Douceur charmante de Thomme de combat. Pour être le chef d'école qu'il a été, Victor Hugo avait le double don nécessaire, le çénie et le charme. La séduction la plus gracieuse dans la souveraine énergie du talent et de la volonté. EDOUARD THIERRY. JLe Messager d'Occident C'est avec une profonde douleur que la • France entière a appris la mort de son grand poète, le plus grana de notre époque ! Le deuil de la France a retenti au dehors et tous les jours les journaux sont encombrés de télégrammes, échos de la peine universelle des esprits et des cœurs haut placés. Les Parlements, les municipalités, les ministres d'Etat, la jeunesse des écoles, les souverains saluent respectueusement l'âme sublime du chantre français qui vient de mourir. A ces tristesses de la France, à ces regrets des étrangers, nous venons aussi mêler le tribut de nos larmes. Tbe Morning News Si la grandeur se mesure d'après l'intérêt que le genre humain porte universellement à le. 174 ' VICTOR HUGO DEVANT L^OPINION un homme, Victor Hugo est ans contredit te plus grand hpmme du moade. Dans la vie politique, il y a peut-être qnelgu'un dont la puissance, le succès, et Tindiv^dualité s'im- posent avec la même force & l'attention des hommes. Mais Victor Hugo n'était pas suivi d'une armée et ne brandissait pas une épée. Il était la souveraineté des cœurs, et il avait atteint sa grande place par les pures qualités de son intelligence, la noblesse de ses propos, la douceur de sa nature. Le grand et illustre poète appartenait à tous les pays, et le monde entier le pleure aujourd'hui. Tbe Continental Gazette Dans un tel moment les errements et les exagérations politiques, tout ce qui peut avoir jeté une ombre sur la merveilieugfe figure de Victor Hugo est oublié le monde se rappelle seulement son pouvoir transcendant pour peindre ces pensées et ces mouvements hauts et nobles, que dans les familiarités mêmes de la vie quotidienne reflétait le caractère res- plendissant du poète, et son effort continuel pour rendre la nature humaine meilleure qae ce qu'elle est. Tbe American Register La mort de Victor Hugo, tout en arriyait dans la plénitude de son âge et de sa rénoA* APRÈS LA MORT ' 175* mée, provoquera un sentiment de regret uni- versel. Son caractère, nonobstant quelques faibles- ses éveillées par cette espèce d'admiration théâtrale dont ses compatriotes Tavaient en- touré, était cependant un grand caractère son cœur était sans nul doute bien noble, mais sa tête était assez souvent en défaut. Quant à ses œuvres de poète il ne peut pas y avoir deux opinions. Aucun poète peut être, dans toute Thistoire n'a parcouru une carrière aussi extraordi- naire que la sienne. La vie de Victor Hugo est le grand roman du dix-neuvième siècle. Paris-'Rome Un grand malheur a frappé le monde. Victor- Hugo est mort. Nous n'avons pas besoin de dire avec quels sentiments toute l'Italie partage Témotion de la France en ces jours où elle est frappée dans une de ses illustrations les plus grancfes. Toute Tœuvre de Victor Hugo est remplie te ces sentiments de liberté et de solidarité tes peuples qui sont l'avenir des deux na- tions. C'est pour cela que le malheur qui a frappé ^jourd'nui la France, frappe aussi au cœur* l Italie. Que cette communion de la douleur resserre les liens de fraternité cordiale entre lea deux pays destinés à marcher ensemble sur la voie du progrès. / DEPARTEMENTS La Gironde On ne peut s'empêcher, à Theure où cette destinée vient d'aborder au terme inévitable, d'en assimiler le développement à la puis- sante et harmonieuse évolution des forces naturelles. Cette vie n'a-t-elle pas eu, l'un après l'autre, sans heurt, sans secousse, sans défaillance, son aurore, son matin, son éblouis- sant midi, son grandiose crépuscule, et au moment où elle s'achève, ne compare-t-on pas, malgré soi, Victor Hugo qui meurt à quelque soleil qui se couche ? Si son nom est le plus vénéré, le plus aimé, le plus acclamé de tous ceux dont la nation française ait depuis cinquante ans salué la vie, fêté les anniversaires et pleuré la mort, c'est que nous avons vu en cet homme encore autre chose qu'un sublime faiseur de vers jet de prose, c'est que placée, comme il Ta dit ui même, au centre de tout comme un écho sonore », son âme de penseur et de poète a recueilli et répété en les amplifiant tous les chants et tous les cris, tous les désirs et APRÈS LA MORT 177 toutes les aspirations de la démocratie, c'est à-dire de Thumanité moderne. C'est pour avoir personnifié en quelque sorte l'idée de progrès, pour avoir eu la foi dans l'avenir et dans l'idéal, pour avoir appelé, frédit, annoncé l'avènement de la justice, de a liberté, de la fraternité, réalisées par le développement d'une Républiaue devenue peu à peu et de proche en procne universelle ; c'est pour avoir été comme un prophète de l'idée humanitaire, républicaine, et, pour tout dire en un mot, de l'iaée française ; c'est pour avoir signalé, d'une ^ix si haute et aune conviction si profonde, comme une vigie plus clairvoyante veillant sur un sommet plus élevé, le lever lointain du droit humam » sur l'horizon de l'histoire; c'est pour s'être fait, en maintes occasions mémoranles l'inter- prète de la volonté collective, le verbe de la conscience nationale, que Victor Hugo est devenu l'écrivain, le poète, le grand homme, et, comme aurait dit Oarlyle, le héros » si cher à la France. Le Phare de la Loire Plutarque rapporte que, sous le règne de Tibère, un certain pilote, nommé Thamas, qui naviguait dans la Méditerranée, entendit ces mots retentir au milieu de la nuit Le grand Pan est mort ! puis de tous côtés s'élevèrent dès plaintes et des gémissements comme si la nature entière se fut désolée et mise en deuil. 178 VICTOR HBaO DEVANT L'GPINION Le grand Pan c'était le Monde romain qui s'écroulait. Cette légende reprise par Rabelais et de nos jours par Henri Heine, dans ses Dieux en exil, nous revient d'autant plus naturelle-^ ment en mémoire, que lors de la mort du grand Goethe, par toute l'Allemagne on entendit la même lamentation. Le grand Pan est mort ! Avec Goethe s^éteignait le dernier survivant du xviii* siècle. Victor Hugo qui résume toutes les gloires, tous les progrès, tout§ la civilisation du xix" siècle, semble disparaître, à son tour, comme un dernier soleil dans le couchant enflammé. Comme le dit si justement aujourd'hui même un autre poète, Catulle Mendès, les plus hautes paroles de ce siècle, n'est-ce pas lui qui les â proférées ? N'a-t il pas été, dans toute l'immense envergure de la pensée humaine, l'exemple du bien et l'exemple du beau ? Et les poètes les plus grands, comme les plus humbles, qu'adviendra-t-il d'eux quand il ne sera plus là pour imposer aux plus rebelles la toute puissante dictature de son génie ? » Que nous reste-t-il à perdre encore après lui? La France aura raison de pleurer et de s'incliner sur la tombe qui vient de s'ouvrir. Elle va y déposer le plus illustre de ses enfants ! G. S. Le Courrier de Lyon Victor Huffo, c'est le nom que vous lirez em, tête de tous les journaux, que vous entendrez APRES LA MORT 179 ortir de toutes les lèvres, qui occupe tous les esprits, que l'électricité et la vapeujr, moins rapides que la renommée, transportent aux confins de Tunivers civilisé et transmet- tent à tous les échos. Nous ne pensons pas que jamais plus uni- verselle gloire ait été saluée par de plus universels regrets et de plus universelles louanges. A peine quelques notes criardes, quelques dissonances aigres détonnent - elles dans rhyinne général qui s'élève autour du cer- cueil de celui qui fut le grand génie poétique du siècle et de TEurope. Si Victor Hugo appartient à la France, en effet, par sa naissance, ses affections, sa vie et sa mort, par l'admirable langue qu'il forgea et qu'il assouplit à un rythme nouveau, les autres nations peuvent revendiquer , elles aussi, une part des inspirations, et des con- ceptions sublimes de cette vaste intelligence que ne borna aucune frontière. Xi'Union Bretonne Nantes Il était chargé de gloire ; mais, surfait sur Slusieurs points, il s'offrait avec une sorte 'orgueil encombrant et tumultueux à la cri- tique la plus sévère. Toutefois, devant Téter- nelle majesté de la mort succédant brusque- ment à la majesté souvent éphémère du génie lui-même, nous ne voulons nous souvenir que du poète incomparable, sans songer à l'homme politique si mobile, si vulnérable et si incom- plet. 180 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Et cependant c'est à Thomme politique, égaré dans des insanités étranges et presque coupables, que Ton va faire des funérailles ta- {>ageuses; c est lui qu'on va louanger jusqu'à a plus folle hyperbole ; c'est sur lui qu'on va répandre des neurs malsaines et à Favance flétries. Victor Hugo fut à la fois supérieur parmi Télite des littérateurs de ce siècle et médiocre parmi les plus imparfaits des hommes politi- ques ; et c est justement dans sa médiocrité qu'on cherchera son plus vif relief; c'est par son infirmité qu'on s'efforcera de le hausser jusqu'à ternir sa gloire, ne pouvant l'effacer. Il marquera comme un poète pour ainsi dire sans rival ; mais on ne peut trouver en lui, quoi qu'on fasse, la solide étoffe d'un véri- table grand homme. ERNEST MERSON. Le Journal du Havre Toute la presse — et nous pourrions dire toute l'Europe — rend, ce matin, -un pieux hommage à rillustre poète qui vient d'entrer dans l'éternité. Nous n'essayerons, ici, ni de retracer la vie du grand patriote, ni d'analyser son œuvre colossale. Depuis longtemps, Victor Hugo est entré dans l'histoire, et si quelques voix se sont élevées, dans ces dernières années, pour cri- tiquer l'homme politique, ces voix sont muettes, aujourd'hui, et la mort de l'auteur de tant de chefs-d'œuvre est un deuil national, plus en- core, un deuil universel. APRÈS LA MORT 181 Le premier résultat de cette mort a été de provoquer une trêve entre les différents par- tis, et les journaux de ce matin consacrent tous leur premier article, — quelques-uns leur première page, — à ce douloureux évé- nement. Avec la mort de Victor Hugo commence son apothéose. Le Messager du Midi Si nous savons ce que la mort, .ce que le sentiment patriotique commandent, et si nous faisons taire des ressentiments bien légitimes pour ne voir en Victor Hugo que le chantre des gloires de la France, nous avons certes le droit de trouver que les amis du grand homme dépassent la mesure et risquent de ridiculiseï* celui qu'ils avaient fait leur esclave et qu'ils prétendent, aujourd'hui,, adorer à l'égal de Dieu. Le Courrier de la Gironde Victor Hugo est une illustration nationale. Sa gloire, comme l'a dit M. le président du Sénat, n'appartient à aucun parti, à aucune opinion. Eue est à tous. La France entière va marcher derrière ce cercueil. Pourquoi, sui- vant l'heureuse expression d'un de nos jeunos 11 182 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION poètes bordelais, Dieu ne marche-t-il pas de- vant ? Le Petit Lyonnais La nouvelle de la mort de Victor Hugo va causer dans le pays une émotion profonde qui trouvera dans le monde entier un douloureux écho. C'est, en effet, la ]jlus haute personnifica- tion de ce temps qui disparait. On dira le siècle de Victor Hugo, comme on a dit du précédent' le siècle de Voltaire. L'Avenir de FAude Devant cette tombe où va descendre le poète le plus puissant et le plus fécond que la France ait produit, que tous les fronts sln- dînent et que tous les genoux fléchissent ! Regardons les cieux pour y chercher la trace de ce rayon d'immortalité qui se dégage chi front des poètes, même lorsque ce front s'est couvert, comme à plaisir, ae toutes les poussières de ce monde, bien avant d'être doscendu dans la poussière du tombeau ! Le Mémorial d'Amiens • • Victor Hugo n'a été ni un matérialiste, ni APRÈS LA MORT 183 un adversaire irréconciliable du catholi- cisme . Nous n*en sommes que plus à Taise pour rendre ici un sincère nommage à sa mé- moire. Mais, s*il n'était même pas permis de par- donner au pamphlétaire ses moments de haine il resterait encore dans la vie du patriote, dans les œuvres du poète assez de grandes choses et de chants sublimes pour mériter Tadmiration de la France tout entière. C'est pour cette France qu'il a dit Gloire à ceux qui sont morts pour eUe. A notre tour, disons Gloire à celui qui est mort en l'aimant et qui l'a honorée par son génie ! Et c'est surtout à la grande famille des Lettres, à laquelle nous avons l'honneur d'ap- partenir, que revient le droit et le devoir ae célébrer la mémoire du poète national qui a illustré un siècle . Voilà pourquoi, sans distinction d'opinions, nous nous sentons tous une émotion au cœur. Voilà pourquoi toutes les têtes s'inclinent avec respect et pourquoi ma plume modeste ose écrire cels grands mots Honneur et gloire à jamais à la mémoire de Victor Hugo, notre maître à tous ! L'Espérance du Peuple Victor Hugo est mort aujourd'hui. Sa maladie a donné lieu à un spectacle vraiment humiliant pour la nation française. 184 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Tous les journaux républicains, les plus nom- breux, hélas! des journaux conservateurs même, déraisonnent à faire pitié ! Ils encen- sent Victor Hugo comme un dieu On sent, dit l'un, crue si Victor Huffo meurt, ce siècle aura perdu son soleil ! » Un autre écrit Vic- tor Hugo est né avec le siècle, et s'il dispa- raissait, il semble qu'il emporterait le siècle avec lui ! » Un troisième ne veut pas admettre que ce poète puisse mourir. Un quatrième cite avec des transports d'admiration ce mot du malade Allons, il est temps de désencom- brer mon siècle ! » Dans toute la France républicaine, et même un peu dans l'autre, résonne l'écho de ces flagorneries monstrueuses ; elles sont d'au- tant plus ridicules que depuis longtemps, Vic- tor Hugo était en q[uelque sorte tombé en enfance. Le poète qui a tant chanté l'ombre n'était lui-même au'une ombre ; cette intelli- gence, jadis si belle, était enveloppée d'une nuit épaisse ; un seul rayon la traversait en- core ; par instant brillait la flamme de l'or- gueil et son éclat douloureux ne servait gu'à rendre plus lamentable le chaos où gisaient tant de ruines . Enorme était son génie, plus énorme encore son orgueil, c'est ce qui l'a perdu. Victor Hugo s'est révolté contre Dieu, coupable d'être plus grand que lui ; il l'invoquait pour la forme, farce qu'il le fallait bien ; Dieu résume toutes es grandeurs, toutes les gloires, toute les splendeurs de l'infini, et l'aigle, ne pouvant ramper, est forcé de voler au ciel. — Mais le cœur n'y était pas. Dans ses invocations les plus lyriques, le cri sortait des lèvres avec force pour monter en haut, mais il ne jaillis- APRÈS LA MORT 185 sait pas du cœur, avec Télan de la foi et Tonc- tion de Tamour. H. A. MARTIN La Dépêche de Toulouse La terre va recouvrir le corps de celui qui fut Victor Hu^o, mais Victor Hugo n*est pas mort. La civilisation grecque a disparu, les dieux du paganisme se sont évanouis ; l'Iliade et l'Odyssée sont encore debout. Les sociétés modernes se transformeront, les dogmes de la catholicité s'écrouleront ; Tœuvre de Victor Hugo, toujours jeune et vivante, resplendira à travers la fuite des siècles. On a dit de lui qu'il était entré, vivant dans l'immortalité ; rien de plus exact, et, comme Voltaire, il aura assisté vivant à son apothéose lé siècle pré- cédent porte le nom de Voltaire, Victor Hugo donnera son nom au siècle que domine son génie, et il est assuré de cette immortalité — en est-il d'autre que cette survivance des clioses de l'esprit — qui s'attache aux créa- teurs et aux puissants artisans de la pensée. Non, Victor Hugo n'est pas mort ; non, le chantre surhumain de la Légende des Siècles^ le poète étincelant des Orientales, le patriote vengeur des Châtiments et de Y Année terri- ble, le vfhilo^oi^he plein de pitié des Misérables^ le styliste impeccable ae Notre-Dame de Paris et des Travailleurs de la Mer^ le grand- père adoré das petits enfants n'a pas disparu. Sans doute, son enveloppe périssable est détruite, et, dans quelques jours, elle ne tiendra pas plus de place que celle du plus 186 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION humble... quot libras in duce summo?.... mais ses œuvres illumineront d'un éclat ra- dieux le temps présent et les siècles h venir. Victor Hugo n'est pas mort, son immorta- lité continue. Le Nouvelliste de Bordeaux ; Victor Hugo est mort ! C'est un grand poète qui s'éteint ; c'est une gloire nationale qui disparaît. Il n'est pas un Français qui puisse rester indifférent à ce deuil cruel. Mais plus profonde et plus* amère sera la douleur de la France chrétienne qui avait salué avec tant d'enthousiasme le poète ado- lescent et qui, demain, n'aura point de place derrière le cercueil du vieillard. Silence devant sa tombe ! Que d'autres, exploitant les défaillances de son génie, se fassent une réclame sacrilège de sa dépouille. .Nous n'oublierons pas, nous chrétiens, qu'il n'a jamais été plus di\ine- ment inspiré que lorsqu'il a chanté Dieu et l'âme immortelle ! A eux, l'homme de parti à nous le poète! Que Dieu ait pitié de lui ! Lyon Républicain La douloureuse nouvelle que tout faisait malheureusement pressentir, depuis trois jours, est arrivée. Victor Hugo est mort. C'est un deuil national ; c'est même un deuil J APRÈS LA MORT 187 universel, car cet incomparable génie avait autant d'admirateurs passionnés et respec- tueux qu'il y a d'esprits d'élite dans le monde entier. C'est à cette source inépuisable de toutes les grandes pensées, de tous les no- bles sentiments et de toutes les inspirations généreuses que s'est retrempée, regénérée et Fécondée, depuis un demi-siècIe, notre litté- rature et celle de tous les peuples. Le Journal de Roanne Quant à l'homme politique...., la postérité s'en souciera-t-elle ? Et se souviendra-t-on. dans cinquante ans, que l'auteur de la Prière pour tous fût variable en religion comme en politique ? Celui que la France pleurera, ce n'est pas. je suppose, le collègue de M. Labordère. Non, c'est l'incomparable poète, c'est le merveil- leux écrivain, c'est l'homme ^ussi bon, aussi généreux que fort, qu'aucune infortune rie laissa insensible, et qui aima sa patrie jusqu'à l'adoration ! Les lettres françaises sont frap- pées du deuil le plus grand qui puisse les atteindre leur plus illustre représentant, leur orgueil, le génie qui a dominé tout ce siècle, disparaît. Une lumière, déjà vacillante, mais puissante encore, s'éteint tout à coup. Peut-on éprouver d'autre sentiment qu'un deuil patriotique, quand meurt un si grand Français? 188 VICTOR HUGO DBVANT L'OPINION Le Radical de Marseille La France entière, depuis hier, est plongée dans le deuil le plus profond. Victor Hugo, notre grand poète national Victor Hugo, qui défendit si bien le faible contre le fort, celui qui écrivit les belles pages indignées de Napoléon-le-Petit », vient de mourir, entouré des siens, et pleuré de tous ceux qui connurent son cœur et sa belle âme. A côté du grand patriote, qui paya de Texil sa révolte contre 1 Empire, à côté du grand écrivain, du fécond, du charmant et du puis- sant poète, Victor Hugo incarnait tout ce dix-neuvième siècle dont il fut la lumière. Le Normand Lisieux • ••*••••..•••* La Libre-Pensée, la Franc-Maçonnerie, la République vont s'emparer de la dépouille mortelle du grand écrivain, de l'illustre poète e en faire l'objet de démonstrations bruyan- tes. Pendant ce temps, la France religieuse et chrétienne, la vraie France, en proie à la douleur, priera pour celui qui a méconnu à ses derniers instants la main qui l'avait si largement comblé des dons les plus beaux de l'intelligence et du génie. Le Progrès de la Somme Si la patrie en larmes se prépare à faire APRKS LA MORT ' 189 aux dépouilles de celui qui vient de s'éteindre des funérailles comme on n'en vit jamais, c'est que Victor Hugo fut quelque chose de plus qu'un puissant écrivain. Derrière l'homme de lettres, il y avait un grand cœur, toujours prêt à embrasser les causes justes, à élever la voix — fût-il seul — en faveur des malheureux ; il y avait aussi un grand caractère, celui de l'homme qui sacrifie tout à ses convictions ; qui ne se met jamais du côté de l'oppresseur, mais qu'une généro- sité instinctive pousse toujours vers les oppri- més qui souffrent. C'est grâce à cette alliance des plus nobles qualités du cœur avec les dons les plus éblouissants de la plus splendide imagination que Victor Hugo est devenu l'idole du peuple ; c'est grâce à l'action encore plus gu'au génie littéraire qu'il s'est élev^, de son vivant, aune royauté intellectuelle que nul ne songeait plus à contester, et qu'à la nouvelle de sa mort une acclamation unanime le déclare digne des honneurs du Panthéon. Le Progrès National Victor Hugo est mort; il est mort sans au'un prêtre vint consoler et sanctifier sa ernière heure, et les obsèques de cet homme dont le génie a rayonné sur la première moitié de ce siècle, aura les funérailles du premier communard venu. Funérailles nationales, dit-on! Oh. quj non pas, car il a trop outragé et vilipendé tout ce que nous respectons et aimons, ii a trop blas- n. 190 • VICTOR HUÔO DEVANT L'OPIKION phémé, il à trop bavé sur les saintes choses pour que nous puissions nous associer sans arrière-pensée à ce deuil auquel nous convie un gouvernement que nous méprisons et que Victor Hugo n'a pas dédaigné de servir. Il avait le génie, il avait la gloire, il avait le respect et l'admiration de tous ceux qui sont capables de respecter et d'admirer le génie, mais son orgueil insatiable a trouvé que ce n'était pas assez, il fallait à son ambi- tion l'approbation de la canaille, et le poète est volontairement descendu des régions sereines de la poésie pour se jeter — lutteur obscure et incapable — dans cette misérable arène politique où luttent, dans la fange et la boue, des ambitions déchaînées. Le Journal de Bordeaux Une grande existence vient de s'éteiiidre. Victor Hugo est mort. Il y avait en lui deux hommes le iOète national, le grand poète, et l'homme politique, ambitieux démesuré, turbulent et pamphlé- taire. Poète, il n'a pas été égalé. Le monde entier nous l'envie. Vastes pensées, forme harmo- nieuse, éblouissante toujours, parfois sublime. Du génie partout. Le Journal de Roubaix Victor Hugo est mort I Voici que tout est fini et qu'une fois de plus APRÈS LA MORT 101 le néant de tout ce qpi est humain s'affirme devant le corps sans vie de ce souverain lit- téraire, qui a tenu tant de place dans Fart, créé tant de chefs-d'œirvre, remué tant d'in- telligences, entendu son nom voltiger sur les lèvres de tant de millions d'hommes. Les amis , les sectaires qui gardaient k grand poète, qui ont écarté de son lit de mort les consolations de la religion, nous montre- ront bientôt ce que valait La foule, à laquelle Victor Hugo a tout sa- crifié, l'abandonnera bien vite ; il n'existe déjà presque plus, de conformité d'idées entre le poète et son parti, et l'on a déjà interdit dans les écoles les volumes dans lesquels l'auteur des Feuilles d'automne parlait de Dieu. C'est nous qui recueillerons cette figure immortelle lorsque ceux qui s'en sont servis comme d'une réclame et d'un drapeau auront cherché d'autres idoles. C'est nous qui nous souviendrons que Victor Hugo a été, pendant les meilleures années de sa vie, le représen- tant des nobles traditions de l'Humanité, le chantre des gloires de la France. Le Patriote des Pyrénées-Orien- tales Perpignan Victor Hugo laissera une place considérable dans l'histoire de la littérature française comme créateur d'une école littéraire fu- neste dont les Goncourt et les Zola sont les produits. Doué de dons merveilleux et d'un orgueil 192 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION plus merveilleux encore, Victor Hugo n'a ja- mais eu Tesprit bien équilibré. , Tour à tour, légitimiste, bonapartiste, répu- blicain, il n'a été en réalité qu'un poète, mais surtout un poète lyrique; son nom restera dans la poésie contemporaine à côté, mais point au-dessus de Lamartine. Le Progrès de la Gharente-In* férieure Saintes Au moment où la tombe s'ouvre sur le spectre de cet homme car, à nos yeux, l'écri- vain de génie est mort depuis longtemps, nous voulons rendre hommage à celui qui célébra, dans des vers immortels, les épopées napo- léoniennes. L'Empire, en effet, n'eut pas de chantre plus inspiré, d'admirateur plus fervent que le grand poète qui s'éteint aujourd'hui pour la seconde fois. Nous ne voulons mêler à notre admiration ni acrimonie, ni amertume. Et pour le renom de Victor Hugo, nous soutenons qu'il est mort, il y a bien des an- nées, et qu'il ne restait, depuis longtemps, de l'ancien grand homme que M. Vacquerie!! F. D-L. Le Petit Bouennais La France vient de perdre son plus grand homme, celui dont la gloire balance la gloire des plus grands noms de l'antiquité. L*immor- APRÈS LA MORT 193 talité, dont il a connu, de son vivant, les dou- ceurs, lui est définitivement acquise, et Victor Hugo, désormais, est au rang d'Homère, d'Eschyle, de Shakespeare, de Molière et de Corneille. Le grand poète national est mort, et Ton peut d'autant mieux lui donner ce beau titre que tous les partis le pleureront et lui tresseront des couronnes. Victor Hugo n'est pas l'homme d'une école ou d'une coterie, mais le grand poète de la France entière. Sa mort cause une émotion plus profonde que celle d'un souverain, et demain, le pays lui fera de plus superbes funérailles que jamais rois -ou empereurs n'en ont Mies. Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire Le plus grand poète des temps modernes, celui que l'univers s'était habitué à appeler le Maître » et devant qui nulle rivalité n'avait osé élever génie contre génie, gloire contre gloire, est descendu, hier, dans le néant du tombeau, après avoir empli de l'éclat de son nom et du bruit de sa renommée, le dix-neu- vième siècle presque tout entier. Victor Hugo fut, jusqu'à soixante ans, un croyant convaincu. Les plus magnifiques de ses vers ont été inspirés par le sentiment re- ligieux et la foi catholique. Il s'en est allé de ce monde, prosaïquement, comme un vulgaire libre-penseur, qui n'aurait nul souci des des- tinées de l'âme immortelle. Petite fin d'une grande existenee. ÏM VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Courrier Républicain de l'Aveyron Rodez Poète, Victor Hugo a transfiguré le vers français par une révolution féconde; fait vibrer toutes les cordes de la lyre ; rajeuni les thèmes éternels de la passion humaine ; personnifié en images éblouissantes de grâce et de force les abstractions de la philosophie et de la science; créé un monde dans le monde. Citoyen, il a fait, comme Chateaubriand, Lamartine, Lamennais, son ascension vers la lumière en se dégageant des préjugés monar- chiques et cléricaux auxquels semblaient le river sa naissance et ses premier» écrits ; il s'est montré, à la tribune et dans le livre, Tavocat de toutes les libertés et de toutes les clémences ; il a été, sur la terre d*exil, la vertu qui ne fléchit pas devant le crime qui triompne. Les républicains admiraient en lui le fla- gellateur du césarisme, l'apôtre des revendi cations démocratiques, le prophète de la fra ternité des peuples. Mais ce ne sont pas seu- lement les républicains, ce sont tous les êtres pensants qui doivent s'unir dans le deuil de cette immense personnalité. Victor Hugo ne fut pas Thomme d'un parti il fut Thomme do rhumanité. JOSEPH FABBE. La Guienne Bordeaux Pour une fois le présidenf du Sénat s'est fait l'interprète du sentiment national en APRÈS LA MORT 195 disant hier, au sujet de la mort de Victor Hugo Sa gloire n'appartient à aucun parti, à aucune camion. C'est Tapanage et Phéri- tage de tous. » . Oui, quelques efforts que fasse un parti, disons-mieux, une secte qui se fait une triste habitude de Texploitation des cadavres, on a pu, profitant de rancunes séniles et d'un orgueil sans bornes, soigneusement encensé, njous confisquer les dernières années du grand poète et Ton pourra demain faire servir sa dépouille à de scandaleuses manifestations d'impiété ; ce que l'on ne pourra jamais nous {^rendre, c'est sa gloire, qui est une gloire rançaise, c'est son œuvre dont la meilleure S art, la plus pure et la plus belle, est celle ans laquelle il se glorifie lui-même de demeurer fidèle ... Au sang qu'ont versé dans aa veine Son père, vieux soldat, sa mère Vendéenne ! Pauvre sublime poète! Malgré ses erreurs, malgré ses palinodies, malgré tout et malgré tous, sa mort nous met en deuil parce qu'elle est un deuil réel pour tous ceux qui admirent le génie et qui aiment la France, dont il devait accroître le trésor de gloire. Ij6 Petit Marseillais On a dit de Victor Hugo qu'il était entré vivant dans l'immortalité, qu il avait pu voir de ses yeux sa propre apothéose. C'est vrai. Sa gloire a reçu, lui vivant, cette consécra- tion suprême, qui ne luit d'ordinaire que pour les morts. L Europe entière l'a reconnu 196 VICTOH HUGO DEVANT L OPINION comme un de ces eénies universels dont il avait, dans son William Shakespeare^ groupé tous les noms, en oubliant le sien- naturelle- ment, mais en le faisant entrevoir. La Revue Bourguignonne Dans les innombrables chefs-d'œuvre que Técrivain sans rival a semés sur son passage, on retrouve la fécondité et la diversité, ces signes les plus essentiels du génie. • ••*••.••••••••• .•••• Mais malgré son prodigieux génie, Victor Hugo n'a exercé que très peu d'influence sur les idées de son temps. La politique, qui a fait tant de victimes parmi les illustrations contemporaines, lui a été fatale. Le Courrier du Pas-de-Calais Il y a jdeux hommes parfaitement distincts et parfaitement dissemblables en Victor Hugo. Nous saluons, nous, le grand et généreux écrivain, celui dont de légitimes admirateurs perpétueront le grand souvenir, mais nous nous détournons de l'Ombre, qu'on veut éle- ver sur les autels d'un culte nouveau, dans la résurrection d'un paganisme q^ui n'a même pas, comme celui des anciens, 1 excuse d'une poétique mythologie. . Victor Hugo n a été qu'un homme. Un APRÈS LA MORT 197 homme justement illustre, mais un homme comme tant d'autres , poursuivant le secret des grandes vérités politiques et morales, et succombant à la peme, sans Tavoir décou- vert. Le Progrès de l'Est . La mort de notre grand poète national est un deuil pour tous les membres de la famille française. Elle provoque à la . frontière une impression particulièrement douloureuse. La Lorraine saluait dans l'auteur de L'an- née terrible un patriote incomparable. Elle lui devait les rares heures de joie qu'elle avait goûtées sous l'empire, en lisant Les Châtiments. Elle était fière de sa gloire. Elle lui savait gré d'avoir donné à la langue française un prestige renouvelé qui étendait hors de nos frontières le rayonnement de nos idées. Nancy le pleure comme Metz et Strasbourg le pleureront, mais en faisant serment de le relire. L'Ai^jou Même nous voyions toujours en lui, nous autres catholiques et royalistes, le chantre inspiré des fêtes et des deuils de la Monar- chie, alors que les républicains célébraient en Hugo le Juvénal des Châtiments ou l'auteur des Misérables, Et, aujourd'hui encore, devant ce cercueil 198 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION •que n'accompagneront pas au ^champ du repos les prières de FEglise, nous*ne voulons pas désespérer du salut éternel de cette âme que Dieu se plut à enrichir des dons les plus merveilleux. L'Echo Rochelais Nous eussions voulu, devant cette mort, ne nous occuper que du poète magnifique, Génie entré vivant dans Timmortalité oui a jeté quelques rayons d'or sur les boues ae ce XIX* siècle. Les politiciens qui ont exploité plus encore Je nom que Tesprit de Victor Hugo, ne nous le permettent pas. Ils laissent de côté les Odes, les Feuilles d'au- tomne, le créateur dramatique, puissant entre tous, d'Hemani, de Rtiy-BlaSy de Marion Delorme^ de Marie Tudor^ à'Esmeralda ^ pour mettre en scène le bonze politique qui ne s'est guère affirmé que par des maximes solennelles, solennellement démenties par ses propres écrits. Summa injuria. Nous avons plus de respect de la mort et voulons oublier devant cette tombe qui s'ouvre les contradictions, les défaillances, les inconséquences de lliomme politique, pour ne nous rappeler que le poète magique. La Petite Gironde La France, les lettres et, on peut le dire, APRÈS LA MORT 199 rhumanité tout entière viennent de faire une perte irréparable Victor Hugo est mort aujourd'hui, après une maladie de quelques jours à peine, alors que sa verte vieillesse semblait lui promettre encore de longues années de vie neureuse et honorée. Son. génie littéraire incomparable rayonnait sur le monde entier ; il était pour sa patrie un légitime sujet d'orgueil. Son Cœur était à la hauteur de son génie. Nul plus que Victor Hugo ne fut épris des nobles causes ; nul ne mit au service d'idées, parfois utopiques, mais toujours généreuses, une foi plus ardente, un talent plus puissant. Républicain, Victor Hugo Tétait avec pas- sion depuis la maturité de son âge, et lorsque son esprit se fut dégagé des liens de sa pre- mière éducation, ce fut pour toujours ; nul converti ne resta plus fidèle à la cause démo- cratique, nul ne la servit avec plus d'éclat et de ténacité, nul plus que lui n'aima la Patrie et la République dont il ne séparait plus les noms. Tous les républicains, tous ceux aui hono- rent les lettres, tous les patriotes pleureront donc comme une calamité publique la mort de Victor Huffo, qui est dans toute la force du terme un deuil national. Tous adresseront comme nous à la famille qu'il aimait tant,. et qui entourait sa vieillesse de tant de respect et de piété filiale, l'ex- pression de leur douleur et l'assurance de la part bien vive qu'ils prennent au coup qui la frappe. La Rédaction. 200 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINIOX Le Ralliement Montauban Que les francs - maçons se saississent demain du cadavre de ce grand homme pour faire, autour de cette dépouille sacrée d'un chrétien, odieusement parade de leur impiété. Le Victor Hugo de nos grands jours ne leur appartient pas. Il est à nous le Victor Hugo de génie, l'au- teur des Odes et Ballades^ des Feuilles d'àu- tomne, des Chants du crépuscule^ etc. Avec nous il a adoré Dieu, avec nous il a honoré et aimé la royauté, avec nous il a détesté la révolution et ses bourreaux. A vous républicains, Francs- maçons et impies, le Victor Hugo de la décadence. Fauteur des Travailleurs de la mer et de l'Homme qui rit ! Et maintenant, gardons, malgré toutes les apparences, Tespoir que Dieu, dont la miséri- corde est infinie, aura au dernier moment triomphé dans le cœur de cet homme que le démon de l'orgueil avait séparé de lui. Le Courrier de TEure Son éclat eût été sans égal si, à côté du poète des Rayons et des Ombres, il n'y avait eu le politicien dévoué à une secte intolérante et haineuse, et dévoué uniquement pour pouvoir donner satisfaction à ses rancunes. Car l'auteur de TOde à la Colonne et de la Prière pour tous ne fût pas devenu le solen- APRÈS LA MORT 201 nel gâteux que nous avons eu la tristesse de voir en ces dernières années, si, en 1849, celui qui devait bientôt être l'Empereur avait voulu lui confier le portefeuille de l'instruction pu- blique. Mais il ne nous nlaît pas d'insister autre- ment à ce sujet, oî graves qu'aient été les fautes de Victor Hugo, quelgues critiques qu'on puisse porter contre celui qui, dans son âge mur, a brisé d'un cœur si léger les dieux qu'avait adorés sa jeunesse. Victor Hugo n'en reste pas moins une des gloires littéraires les plus belles de la France. L'Autunois Les journaux républicains sont en deuil ; cela se conçoit. Victor Hugo, qui avait suc- cessivement encensé tous les régimes, devait naturellement, au déclin de sa vie, verser dans rornière républicaine. Ses dernières œuvres littéraires trahissent un déplorable affaiblissement du cerveau. Depuis longtemps le poète était mort, l'homme seul avait survécu. Le Petit Bprdelais Hugo a été. il est Homère, Eschyle, Juvé- nal, Dante ; il est l'incarnation la plus com- plète de la poésie. Il a connu toutes les joies, d a connu toutes les douleurs. Il a été le défenseur du faible, à l'égal de Voltaire. Il a eu ses Calas. 202 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION Le Conservateur du GersAuch Celui qui fut un illustre poète, le chaiitre inspiré de la Vérité religieuse et du Droit monarchique, est mort hier, vers deux heures de Taprès-midi, comn;ie un païen, après avmr souillé, dans la seconde partie de sa viCr l'auréole glorieuse que lui avaient value les premiers accents de sa lyre. Le Nouvelliste de Rouen Victor Hugo est mort. Quoique prévue depuis huit jours, cette nouvelle causera non seulement en France, mais ' dans le monde entier, une vive et légitime émotion. Le poète des Odes et Ballades et de la Légendes des siècles était, en effet, le plus brillant et le plus glorieux représentant des lettres fran- çaises au XIX* siècle. Sa royauté littéraire, longtemps contestée, était maintenant tacite- ment reconnue, et, ceux-là mêmes dont ils ne craignit pas de froisser les convictions et de blesser les consciences, en ces derniers ouvra- ges, se condamnaient par déférence à un silence attristé. Comme homme politique, en effet, si V. Hugo appartient à un parti, comme poète, la France entière â le droit de le revendiquer comme nn des siens. Le Journal du Loiret Homme d'imagination, Victor Hugo lefu^» APRÈS LA MORT 203 certainement au suprême degré. Chez lui la faculté d^imaginer, c'est-à-dire de voir et de traduire l'idéal n*a point de limites. On peut dire de lui qu'il était tout imagination. Au poète dont le nom marquera un siècle, à Té- crivain, au littérateur qui illustrera le pays qui Ta vu naître, le Créateur a dévolu des tré- sors inépuisables d'imagination ; il a chargé sa palette des couleurs les plus variées ; mais il lui refusa cette faculté indispensable à l'homme ordinaire pour marcher dans la vie le jugement. N'est-on point tenté de voir, dans ce contraste, comme un effet de la loi natu- relle des compensations ? Le Courrier de la Vienne Poi- tiers aient à dias ra- e nom- breuses défaillances. Pourquoi* faut-il que les catholiques aiante, Shakespeare, Caûioôns, Cervantes, Rabelais, Ronsard et Corneille lui tendent leurs bras fraternels et lui montrent la rive fortunée où, souriants et rajeunis, les pas- teurs de l'humanité revivent de l'ineffable al- légresse du devoir accompli, dans l'étemel mirage des ans. 240 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION L'Avenir du Gantai Le chantre surhumain de la Légende des Siècles^ le poète étincelant des Orientâtes, le patriote vengeur des Châtiments et de Y Année terrible^ le grand-père adoré des petits en- fants n'a pas disparu. Sans doute, son enve- loppe périssable est détruite, elle ne tiendra pas plus de place que celle du plus humble.... mais ses œuvres illumineront d'un éclat radieux le temps présent et les siècles à venir. L'Avenir du Morbihan Van- nes . D'un bout de notre pays à l'autre, un peu- ple se prosterne en deuil. La meilleure partie de notre âme semble envolée Hugo n'est plus. Et ce Français radieux qui disparait, ci- toyen du monde — car il était l'apôtre de l'humanité — rend attentives toutes ls nations, mêlant à nos larmes le tribut de leurs regrets. Gœthe mourant apparut à sa génération comme la fin du XVIIP siècle. Résumant davantage toutes les grandeurs, tous les progrès, toute la civilisation du da- neuvième siècle, Hugo, son dernier sommet? s'abîme dans l'immortalité. APRÈS LA MORT 24! Le Finistère ' Toutes les nations civilisées ont, en ce ma- rnent, les regards fixés sur la France, qui s'apprête à rendre au plus merveilleux de ses Soètes des honneurs funèbres dignes d'elle et e lui. Nos lecteurs n'attendent pas que nous ten- tions une étude même succincte de cette colos- sale physionomie. Nous nous bornerons à faire remarquer que si Victor Hugo appartient à tous par ses côtés artistiques, nous pouvons cependant le revendiquer comme une des gloires républicaines de la France. Le Réformateur du Lot L'émotion que produit en France la mort de Victor Hugo est aussi grande, qu'était grand son génie. Souverains et valets, découvrez-vous, scep- tiques et fanatiques saluez, votre maître à tous est mort. Peuples pleurez, votre défenseur n'est plus! La Démocratie Franc-Comtoise Besançon Le poète national n'est plus. La maladie a 14 242 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION triomphé de cette robuste et admirable orga- nisation, qui était la gloire de la- France et l'admiration du monde civilisé. C'est un deuil national. Victor Hugo est né à Besançoii. Nous demandons que la Grande-Rue, où -ce génie s'alluma, change son nom banal en -celui de RUE VICTOR-HUGO A. VÉZIAN. Le Petit Vap La vie de Victor Hugo est un de ces lones •et sublimes drames, dont la justice immuable fournit le dénoûment, par le châtiment du traître et le triomphe du juste. .Ici, le traître fut l'homme de Décembre ; le juste, ce fut le proscrit. Celui-là était empereur, maniait le trésor de la France, poussait en avant, d'un geste, des armées ; le proscrit n'avait d'autre arme qu'une plume et le droit. En cette lutte, qui fut vainqueur? L'empereur assassin ou le foète proscrit ? Quelques jours encore et 'histoire enregistrera, pour l'honneur de la moralité humame, le dénoûment définitif, de ce drame énorme ; car, tandis que le César découronné pourrira dans l'exil, sous le mé- pris et la boue, le poète, rayonnant de gloire, montera au Panthéon, porté par tout un peuple, pleui'é par-l'univers entier et ces rois de 1 Europe, que Bonaparte appelait audacieu- APRÈS LA MORT 243- sèment mon frère », enverront leurs ambas- sadeurs plier respectueusement le genou, devant le cercueil du poète proscrit. Le Journal de Seine-et-Marne En poésie^ il fut un rénovateur; en politi- que, il fut un incorruptible. Ce sera pour le second empire une nonte étemelle d'avoir banni de France l'auteur des Odes et Ballades, m était 1» gloire des lettres françaises. Mais u moins le grand poète eut le bonheur de voir la chute de ce régime qui prenait l'exil pour une force de gouvernement. L'empire est passé qu'en reste-t-il ? L'œuvre de Victor Hugo, au contraire, est et restera. Tunis-Journal Victor Hugo fut l'apôtre de la pitié, de la liberté et de m justice. i Le Petit Algérien Il est aussi superflu de caractériser, dans Victor Hugo, l'homme politique qu'il serait impossible à cette heure de le juger. On m'appelle apostat, mol qui me crus apôtre. dit-il dans ses Contemplations. 244 VICTOR HUGO DBVANT l'OPINION La postérité ratifiera ce mot, car si Victor Hugo a erré parfois, s'il a rêvé et s'est perdu dans un vague que la politique ne peut ad- mettre, la bonté et la générosité remplissaient son cœur. En littérature, il est pour la France et pour Tétranger le chef incontesté de l'école roman- tique. Il a exhumé et mis à lamode le moven- âge qui est passé, depuis, de la ioésie aans les arts, dans les idées et les habitudes de la vie. A des traditions littéraires qui ne conser- vaient des modèles classiques que des formes, il a substitué la vie et le mouvement. Sa ré- volte contre les règles et les conventions a eu des excès inévitables, surtout chez les dis- ciples. On a confondu dans le même dédain les conditions essentielles de Tart avec les S recédés arbitraires d'une époque ; la haine 'une beauté convenue a conduit à la néga- tion du beau, puis à la réhabilitation, dans Tordre physique et moral, du laid, du mons- trueux ; Fart s'est matérialisé et démoralisé, tout ensemble. Du moins les esprits avaient reçu une vive et féconde impulsion, et si la plupart des œuvres que Victor Hugo a sus- citées ou produites, aoivent passer, Ta révolu- tion qu'il a consommée marquera parmi nos époques littéraires. ALSACE-LORRAINE La Gazette de Lorraine La vie politique cède aujourd'hui le pas, en France, au deuil immense causé par la mort d'un des plus illustres du pays. Avec Victor Hugo disparaît une personnaïité puissante qui a imprimé son caractère à toute Thistoire de France du dix-neuvième siècle. En littérature, il est pour la France et pour l'étranger le chef incontesté de Tart romanti- que. Il a exhumé et mis à la mode le moyen âge qui est passé, depuis, de la poésie dans les arts, dans les idées et les habitudes de la vie. A des traditions littéraires qui ne conser- vaient des modèles classiques que les formes, il a substitué la vie et le mouvement. Sa révolte contre les règles et les conventions a eu, il est vrai, des excès inévitables, surtout chez les disciples. Mais les esprits avaient reçu une vive et féconde impulsion, et la révolution que Victor Hugo a consommée marquera en France parmi les époques litté- raires. La France fait, depuis 1880, une apothéose vivante à Victor Hugo. Il a été donné à l'il- lustre écrivain de connaître, dès avant le tré- pas, rimmortahté qui succède à la vie. Le u. 246 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION poète du siècle ne finit pas avec le siècle ; il traversera les temps lointains. Comme les poètes de Tantiquité, il garderait des lecteurs, quand bien même la littérature et la civili- sation dont il a été un des plus brillants repré- sentants auraient disparu. Inclinons-nous devant cette grande lumière, devant ce héros de Tesprit qui vient de s'étein- dre! Le Lorrain Nous eussions voulu ne nous occuper que du poète magnifique Génie entré vivant dans l'immortalité », quia ieté quelques rayons d'or sur les boues de ce dix-neuvième siècle ! Les politiciens qui ont exploité plus encore le nom que l'esprit de Victor Hugo, ne i>ous le {ermettent pas. Ils laissent de côté les Odes, es Feuilles d'automne, le créateur dramati- que, puissant entre tous, d'Hernani, de Ruy- Blas^ de Marion Delorme, de Marie Tudor^ à'Esmeralda, pour mettre en scène le bonze Solitique qui ne s'est guère affirmé que par es maximes solennellement démenties par ses propres écrits. Summa injuria. Nous avons plus de respect de la mort et voulons oublier devant cette tombe qui s'en-* tr'ouvre les contradictions, les défaillances, les inconséquences de l'homme politique pour ne nous rappeler que le poète magique. Et il a fallu cette magie du poète pour que l'on pût ne point appHquer à Fhomme pohti- que ces mots empruntés à l'une de ses œuvres Ceci a tué cela I i EDOUARD GRIMBLOT. APRÈS LA MORT 24T Le Journal d'Alsace Victor Hugo est mort. Le grand maître- de la langue française, le poète dont la muSe a célébré toutes les gloires comme elle a. cherché h consoler toutes les misères, celui qui était entré tout vivant dans l'immortalité, celui que Thistoire a d^à placé à côté d'Es- chyle, de Corneille, de Schiller et de Shakes- Seare, celui qui de son génie a illuminé la 'rance pendant plus d'un demi-siècle, n'est plus depuis hier. Paris a pris le deuil aussitôt que la fatale nouvelle s'est répandue et tout le peuple français s'apprête h faire des funé- railles royales à ce roi de la plume et de la pensée. » Ce poète, à la fois lyrique, satirique et dra- matique, a été le plus créateur ae tous les écrivains de son pavs et de son temps, de cet homme phénoménal qui a fait passer par son cerveau toutes les idées de son siècle et les a fixées pour la postérité en leur donnant une forme incomparable et étonnante. Victor Hugo réunissait en lui Rabelais, Ronsard, Corneille, Voltaire, en y joignant quelque chose des prophètes, d'Eschyle,- de- Juvénal, du Dante, de Shakespeare et de Gœthe. 11 était grand, non seulement pour la France, mais pour le monde, il n'est pas immortel pour la France seulement, il est immortel pour tous les peuples. Le temps élaguera, n est vrai, l'œuvre immense et luxu- riante du gigantesque poète ; mais le legs de . Îjénie que cet homme extraordinaire fait au . ointaiû avenir, n'en demeurera pas moins- énorme. ETRANGER BELGIQUE L'Indépendance Belge L'histoire de Victor Hugo pourrait être Thistoire de la France au dix-neuvième siècle. Du 26 février 1802 au 22 mai 1885, tous les grands événements se rattachent aux origines, à rinfluence, aux œuvres du plus grand poète de notre temps. Ce sera la tâche des historiens et des com- mentateurs futurs de noter dans cette poésie le trop de richesses, la poursuite du gigantes- que, les violences subtiles, les développe- ments prolongés, les volumes qui n'ont rien ajouté à la gloire de l'écrivain. Une monta- gne est à prendre ou à laisser, » a-t-il dit de Shakespeare. Mais la postérité n'a pas tout accepté d'aucun des génies les plus incon- testés. Ce qu'elle prendra de Victor Hugo APRÈS LA MORT 249 suffira à lui faire le plus grand nom de poète lyrique, des littératures de tous les temps. La France fait, depuis 1880, une apothéose vivante à Victor Hugo. Il a pu connaître, encore plein de jours, l'immortalité qui suc- cède à la vie. Le poète d'un siècle ne finit {>as avec ce siècle, et Victor Hugo traversera es temps lointains. Comme les poètes de l'antiquité, il garderait des lecteurs, quand mémo la littérature et la civilisation, dont il est, auraient disparu. GUSTAVE FBÉDÉRIX. U Étoile Belge Il n'est plus, le poète altier qui dominait de sa hauteur vertigineuse le Parnasse français et nous dirons même toute la poésie de ce siècle. Ainsi telle flèche merveilleuse d'une cathédrale gothique dépasse les beffrois et les campaniles de la Cité, et son bourdon majes- tueux couvre toutes les voix d'airain des clochers d'alentour. Victor Hugo, l'illustre chef du romantisme, le continuateur direct des Shakespeare et des Gœthe, vient de s'éteindre à l'âge de quatre- vingt-trois ans. Il en a marqué presque tous les lustres par une œuvre géniale plantée sur les cimes de la gloire comme une namme plus brillante que l'épée des conquérants. Malgré le succès obtenu par plusieurs de ses pièces de théâtre, nous croyons qu'elles forment la partie secondaire de l'œuvre de 25Ô VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Hugo. A vrai dire, ce n'est pas là du théâtre. C'est de Tode mise en dialogue. De l'ode magnifique soit, dont certaines tirades ont l'envolée d'un lyrisme génial, mais qui perd et qui languit à la scène. Victor Hugo s'est trompé lorsqu'il a cru qu'il suffisait pour ali- menter l'action scènique, d'une violente anti- thèse de passions ou de conditions. La Légende des Siècles, avec les Châti- ments^ les Quatre Vents de VEspmt^ fornaent l'œuvre capitale de Hugo. Comme l'a très bien dit le poète Albert Girard, dans une étude consacrée aux dernières et définitives productions du Maitre, dans ces livres le poète n'est plus le rhétoricien romantique de 1830 il n'écrit plus pour enlever à la pointe du vers, les prmcipales redoutes classiques; il ne peint plus dans le seul but de rendre à la langue de 1820 son ancienne splendeur. La fiériode militante et de transition est passée. 1 n'est plus le chef d'école mais son propre chef. C'est tout un siècle littéraire qu'on enterre, révolu, avec ce colosse. Dans la pléïade des poètes français de ce siècle il y a eu des génies plus subtils, plus artistes et plus impeccanles, comme Beaudelaîre ; plus sympathiques et plus gracieux, comme Musset et Lamartine ;pluj majestueux comme Leconte deLisleetAlired de Vigny ; il n'y en a pas de plus com- plet,' de 'plus abondant, ae Inieilx équilibré^ réunissant des dons plus divers, ay;ant embrassé avec une égale autorité des sujets aussi nombreux et aussi variés. APRÈS LA MORT 251 Victor Hugo est le foyer où se sont con- denses tous les rayons poétiques de ce siècle. SUISSE Liberté de Frîbourg Devant le lit de mort de ce poète qui fut grand par les doue de l'esprit, plus, nélas! 3ue par les qualités de Famé et du cœur, evant ce lit que la religion n'a point visité, devant ces restes que la croix ne protège point de ses consolations, de ses espérances et de ses réparations, le chrétien s'épouvante en songeant aux lacunes, aux défaillances et aux chutes de cette longue existence, enivrée de succès et chargée de responsabilités. Courrier de Genève Tout Paris s'occupe en ce moment de la mort de Victor Hugo ; les Chambres ont levé séance en signe de deuil ; la province a aussi ,ses petits ceutces d'émotion plus, ou jnoiijs factice. On voudrait même associer l'univers entier, au moins le monde civilisé », au deuil de la France. Ce n'est certes pas le défunt qui trouverait de l'exagération en cela, car, de son vivant, il acceptait toutes les apo- théoses ; il sera difficile de trouver dans tout ce monde civilisé », auquel certains jour- 252 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION naux de Paris font appel, assez d'admiration [Our égaler celle que Victor Hugo avait de ui-même. Un homme s'amoindrit toujours par l'or- gueil. Il y a quelque chose de répugnant dans cette avidité d'hommages que Victor Hugo a montrée un peu toute sa vie, mais surtout dans les dernières années. Qu'il y eût en lui le génie d'un grand poète, personne ne le niera, mais qu'il ait profané ce génie, on ne le niera pas davantage ; et, ce qui aggrave cette pro- fanation, c'est qu'elle a été dictée par la pas- sion d'une popularité malsaine, par un bas esnrit d'égoïsme. . Nous laissons à qui la voudra la liberté de louer le mérite littéraire des immenses pro- ductions de cet homme, qui a essayé et renou- velé tous les genres de la poésie. Nous res- pecterons le talent crue Dieu a mis en lui, mais nous déplorons 1 abus au'il en a fait, et, en présence a'un tel abus, le monde civilisé n'a pas le droit de s'associer aux hommages Îu'on lui demande, car ce serait outrager ieu que d'exalter les contempteurs de ses dons. Journal de Genève , • C'est un deuil universel ; un deuil littéraire; mais surtout un deuil national, car f^^m ceux qui pleurent aujourd'hui le poète, o^* peut croire que beaucoup, peut-être le p"^ grand nombre, ne l'avaient jamais lu ils ^** contentaient de savoir que c'était une des gloires de la France moderne, et cela I^*^^ APRÈS LA MORT 253 suffisait; ils y croyaient comme à Jeanne a'Arc. Il est difficile, et le moment serait mal choisi pour le faire, de rechercher les causes de cette étonnante popularité. Il y en a qui sautent aux veux, car la nature lui avait prodigué ses dons les plus rares une imagi- nation puissante, l'art de bien voir, celui de bien dire, le talent de faire valoir la pensée et même de la grossir un peu par l'arrange- ment des mots ; elle lui avait donné le génie de la description, celui de Tantithèse, de la métaphore, de l'hvperbole et en général de toutes les ngures de la rhétorique. S'il n'était pas, comme on l'a un peu trop répété en France, le plus grand poète de notre siècle, d'un siècle qui a connu Gœthe et Byron, Schiller et Leopardi, sans même parler de Lamartine et d'Alfred de Musset, il comptait certainement parmi les premiers ; smon parmi les plus profonds et les plus vrais , du moins parmi les plus éloquents. Mais ces dons, si merveilleux qu'ils soient, n'expliquent pas encore le rang presque sur- humain auq^uel Ta placé l'enthousiasme de ses compatriotes et contemporains. Il a fallu pour cela que les chances de la vie lui fus- sent exceptionnellement favorables ; qu'il soit né et gu'il soit mort à l'heure qu'il fallait pour sa gloire. Personne n'a décrit comme lui, personne ne nous a jamais fait voir, comme s'il était là sous nos yeux, un paysage, une ville, une scène de bataille, une cathédrale gothique avec son ornementation compliquée. Il était moins heureux dans la peinture du cœur 15 254 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION humain, peut-être parce qu'il y apportait, â-vee la préoccupation de l'effet à produire, une prédilection pour l'exceptionnel, le bizarre, le monstrueux et le raffiné ; il aimait les pas^ siens rares et compliquées, les contrastes, les antithèses ; aussi ses caractères les plus célèbres ont-ils de la peine à se tenir debout; ils étonnent plus qu'ils ne touchent avec leurs cris et leurs gestes de convulsionnaires, leur langue qui, dans les moments de crise, semble celle du rêve, presque du délire ; il y a toujours en eux quelque chose du Han d'Islande ou du Quasimodo. En cela, comme en beaucoup d'autres choses, il ne ressemble que de bien loin à son maître Shakespeare, auquel on l'a trop sou- vent comparé. Il lui a emprunté les allures, la forme extérieure du drame, les brusques changements de lieu, le mélange du bouffon et du pathétique, mais il ne lui a pas dérobé son secret de faire vivre des hommes sur la scène et de nous faire vivre, nous aussi, de leurs douleurs et de leurs joies, palpiter de leurs passions. La tirade, le lieu commun déclamatoire tient dans ses pièces de théâtre une place exagérée, qui leur donne déjà un air vieillot et qui les empêchera peut-être d'aller à la postérité. Par un singulier contraste, cet esprit qui avait le goût du violent, du heurté, de la force brui?ale déchaînée, a su aussi mieux que per- sonne ' comprendre ce qui se passe dans le cœur et l'esprit des enfants. Tout ce qu'il à écrit à ce sujet, depuis les Feuillantines jus- qu'à Uârt d'être grand^père^ en passant par la Gosette des Misérables, tout cela est char- mant et absolument exquis. Jamais ces APRÈS LA MORT 255 petites âmes qui, après tout, sont aussi compliquées que les grandes, n*ont été devi- nées de la sorte. Pour rendre dans le langage qui leur est propre et dans toute leur fraîcheur naïve ces pensées écloses d'hier, il fallait que cet artiste eût, lui aussi, une âme enfantme et tendre. Et -nous croyons que c'était la vérité. Lors- au'on dépouillait le dieu des oripeaux dont 1 avaient couvert ses admirateurs mal inspirés, on trouvait un homme simple, doux et bon. • • • ••••• ••'••••••••• Aujourd'hui ce n'est pas au poète des en- fants, c'est au poète des nommes, au patriote qui a combattu avec sa plume, plus redou- table qu'une épée, le despotisme de l'empire, ou citoyen qui, dans les plus mauvais jours, a gardé fidèlement au fond de son cœur le culte de la France, la foi ardente dans ses destinées, c'est à lui que s'adressent les témoignages de profonde douleur de tout un peuple. Ces sentiments sont respectables dans leur exagération même, et si nous ne pouvons nous y associer sans réserve, il nous sera cepenaant permis d'exprimer ici nos sincères regrets pour la perte que les lettres fran- çaises viennent de faire, notre admiration pour cette belle vie qui vient de s'éteindre, après avoir été tout entière remplie par le travail, tout entière consacrée au culte de ridéal. 255 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION ESPAGNE El Imparcial Victor Hugo a trouvé dans sa poésie des accents inconnus à tous les poètes qui Font précédé. Il a été amoureux, terrible et can- dide, -classique, romantique, suave* comme -le* baiser de la mère et cruel comme le châtiment duiuge. Quelle forme et quelles immenses riches- ses de pensées ! Quelle divine philosophie il découvre dans Taurore de ses inspirations l Merveilleux génie ! contrastes surprenants d'étrangeté! variété infinie de tons !... Victor Hugo est rationaliste ; mais dans sa critique des religions positivistes, il apporte un esprit respectueux qui le fait estimer même de ses ennemis les plus acharnés. Une lutte constante contre la tyrannie, mi combat en faveur des faibles, le culte de la famille^ de la Société et du devoir, voilà ce dont a été remplie la vie de Victor Hugo. Travail de héros et d'artiste, de philosophe et de citoven ! Le XIa siècle qui lui doit tant, lui fait les obsèques conformes à Timmortalité qu'il a obtenu et à la douleur universelle qu'il mérite. L'Espagne tient à honneur de partager ce deuil et demande une modeste place pour ses couronnes. APRÈS LA MORT 257 Xid Epoca Le pliis grand poète- du XIX* siècle vieî>t de mourir. Aucune personnalité n'a régné plus que lui sur l'opinion publiaue. Depuis que Napoléon P' est mort, aucun nomme n'a produit plus de sensation dans le monde entier. L Espagne doit avoir une place privi- légiée dans ce deuil universel. La France était la patrie de Hugo, mais c'est en Espagne qu'il trouva ses premières inspirations, qui firent de lui pendant un demi-siècle, le roi des poètes européens. El Globo Victor Hugo était la personnification et Tidéalisation du XIX' siècle. ITALIE Le Moniteur de Rome Le poète, avant de mourir, a refusé les con- solations de la religion. Cette apostasie su- prême termine hélas! misérablement une vie, qui aurait pu être grande et féconde, mais qui, surtout dan-s sa dernière moitié, a été mar- quée par des défaillances sans nombre et dont le vice radical a été un immense orgueil. 258 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION L'Italie de Rome Celui qui s'en va a été incontestablement un des plus grands esprits de ce temps. Victor Hugo était àla France ce que Dante a été à l'Italie, Shaskespeare à l'Angleterre. Et l'on peut, dès maintenant, assigner sa place auprès de ces grands génies, à ce poète su- blime qui fut, pour nous servir d'un de ces vers ...Aussi grand qu\m front peut l'être sous le ciel. • Ce génie, qui apparut après une longue pé- riode d'abaissement littéraire, a été en France, dans le domaine de l'esprit, une émanation fulgurante de la grande révolution. Il en a eu les audaces, les initiatives, l'indomptable énergie, et son apparition a marqué le réveil de l^sprit littéraire français assoupi pendant les luttes sanglantes du commencement du siècle. . Aucun homme n'aura, dans les temps mo- dernes exercé une influence aussi décisive sur les tendances littéraires de son époque, au- cun n'aura aussi complètement façonné les générations en leur imprimant le sceau de son génie. Et quelle puissance de conception, quel gé- nie tout à la fois, doux, radieux! Il a eu tous les dons celui d'émouvoir, de te'rrifier, d'éle- ver les âmes à la hauteur de la sienne. Il y a tels de ses vers qu'on ne peut lire sans éprouver, le frisson sacré qui transforme APRKS LA MQRT 259 l'être le plus matériel, Tesprit le plus scepti- que. Aucune gymnastique morale n'est égale à celle que 1 on retire de la lecture de ses œuvres. En de certains jours où Tesprit est affaissé, inquiet, malade, lire ou se réciter certains Passages des Chants du Crépuscule, des 'euiltes d'automne c'est procurer à l'esprit la sensation bienfaisante qu exerce, sur un corps fatigué et énervé, l'action réparatrice d'une douche d'eau froide venant vivifier et raffer- mir l'organisme. L'émotion profonde que produira en France la disparition de ce grand poète, s'étendra h toute l'Europe et traversera les mers. Et ce sera un spectacle consolant de voir que l*esprit l'emporte parfois surlamatière, et qu'il n'y a pas place dans le monde que pour le culte de la force. UOpinione de Rome L'action de Victor Hugo sur le mouvement littéraire de son temps a été immense. Après avoir été le chef de 1 école romantique et en avoir combattu les importantes batailles, il a survécu à cette même école, et aux disputes qu'elle avait éveillées. Beaucoup de ses livres resteront, surtout ceux dans lesquels le poète s'est élevé au-dessus des luttes de parti, qui empêchent souvent la sérénité du jugement. Victor Hugo a été un ardent défenseur de toutes les causes libérales et de la concorde ^ntre les peuples. 260 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION La Oazzetta di Torino Ecrivain et poète, il détermina en France une révolution profonde dans les lettres; il détruisit la poésie de convention, rendit à la langue une élégance et une efficacité qu'elle avait perdues. Victor Hugo reste à Thistoire comme un grand poète, un grand écrivain, un grand pen- seur de réformes sociales. La Nation de Florence Tout Je monde connaît quel homme le siècle a perdu avec la mort de Victor Hugo ^uel caractère de poète, d'écrivain, de citoyen s est éteint en lui ; mais nous, nous devons pleurer aussi Tami fidèle, enthousiaste, inébranlable de ritalie. Le plus grand des Français fut peut-être Tami le plus passionné des Italiens. La Lombardia de Milan LE VENDREDI-SAINT La patrie, ses enfants, ses livres se fondent en lui dans une harmonie admirable de tra- vail, d'inspiration, de bonté, harmonie qui dure toute sa vie, qui retentit dans tous ses ou- vrages, et donne une nouvelle élévation à son style, une ampleur dans ses conceptions qui- eftraye, et jusque dans ses images, cette ma- APRKS LA MORT 261 griiâceiice et cette largeur qui ne trouve de ressemblance que dans les saints prophètes . C'est lui, vraiment lui, qui avait un enthou- siasme jeune et- une recommandation solen nelle pour tous les opprimés, que ce fussent des peuples, des races entières, des individus seuls et condamnés, pour toutes les entre- prises fortes et bienveillantes; c'est lui vrai- ment qui a accompli sa mission d'écrivain, comme les apôtres accomplissaient leur de- voir de prêcher pour consoler, pour rendre meilleur, pour délivrer les gens. Et depuis Dante, il fut le poète qui a mérité le plus hautement le noble titre de civil, il fut le plus fort guerrier pour l'humanité, qui, en revanche, et par gratitude spontanée, lui ac- corda la plus grande dictature intellectuelle dont l'histoire se souvienne . C'est pour cette raison que le monde civil appelle vendredi sainHe jour dans lequel le grand poète lui a été enlevé . Il Piccolo de Naples Lundi, la nouvelle se répandit h Paris que Victor Hugo était gravement malade. En ce moment le télégraphe nous annonce que Vic- tor Hugo est mort Il est mort Il va voir! Il va voir face à face le Sphinx, et si on ne voit pas de là, c'est-à-dire si le au-delà n'existe que aans notre fantaisie il finit de voir au moment où il croyait que tout voile devait se déchirer. Mais croyait-il dans cet au-delà. En enten- 1 r 262 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION dant sonner sa dernière heure, pensait-il ; Je vais voir ? Ou pensait-il seulement atteindre le but de l'inutile voyage . ROQGO DE ZERBI. PORTUGAL El Jornal do Comercio Dans un siècle qui a admiré Byron, Schiller, Goethe, Manzoni, Lamartine, il n*est pas facile de prononcer un jugement comparatif. Ce que la critique la plus sincère peut établir dès à présent, c est que, chez Byron, Schiller et Lamartine, la spontanéité et l'inspiration sont plus visibles, tandis que, chez Hugo> l'énergie de volonté, la profondeur et la vigueur de 1 esprit sont plus accentuées. ElCorreo Le monde civilisé tout entier partage la douleur de la France, car Victor Hugo était le plus grand poète de l'époque moderne. El Correo da Manhâ Lisbonne • M. Ramalho Ortigao, qui présidait la réu- nion convoquée par nous en vue de r^^^JP hommage à Victor Hugo, a adressé à M- Vacquerie la lettre suivante, où les lecteurs i APRÈS LA MORT 263 admireront une fois de plus, le style brillant -du célèbre écrivain Monsieur et honoré confrère, • Ayant eu l'honneur d*être élu président Ae la commission de la presse de Lisbonne réunie d'après une convocation du journal Correo da Manha pour rendre les derniers hommages à Victor Hugo, je crois devoir ajouter ces quelques mots au télégramme qui vient de nous être expédié verai pas ce mot; il est humiliant pour celui qui l'a prononcé. Applaudissements à gauche. BE. Heirès. — Ce n'est pas à vous qu'il est adressé. . • H. Anatole de la For^e. — J'ai l'hon- neur de déposer sur le bureau de la Chambre la proposition suivante Le Panthéon est rendu à sa destination 302 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION première et légale. Le corps de Victor Hugo sera transporté au Panthéon. » Je crois que le pays tout entier s'associera à cette proposition. Applaudissements. — Bruit. Je demande Turgence. Il est procédé au scrutin sur la demande d'urgence. À la majorité de 229 voix contre 114, sur 343 votants, Turgence est déclarée. H. le prësiflent. — Les auteurs delà pro- position demandent la discussion immémaie et ils ont déposé une demande de scrutin sur cette demande. Voix à gauche. — L'avis du gouverne- ment ! H. AIlaiit-Tarir^, ministre de l'intérieur. -^ Je demanderai à la Chambre de ne pa» ordonner la discussion immédiate. Il n'y a pas seulement pour le gouverne- ment une étude préalable à faire; il a aussi à 5ren4re l'avis de la famille. Interruptions sur ivers bancs à gauche. Je suis autorisé à parler ainsi. Très Mewl très bien ! — Bruit. m. le président. — La demande de scrutin sur le vote de la discussion immédiate est maintenue. m. jrolibels. — Au moment où se posait la {uestion de savoir si la discussion aurait lieu immédiatement, j'avais demandé la parole dans Tunique espoir de faire monter à la tri- bune un membre du gouvernement. M. le ministre de T'iniérieur s'est expliqué sur la discussion immédiate et rajournemeat ju'il a demandé me donnerait entière satisfac- tion ; mais puisque d'uoi côté die la Chambre LES FUNÉBAILLES 303 on insiste pour la discussion immédiate, je demande à faire une simple observation. Je suis bien à Taise pour la présenter, car j'ai voté pour les obsèques nationales ; je me suis mis. au-dessus de toutes les questions accessoires ; j'ai pensé qu'une gloire comme celle de Victor Hugo devait être l'objet d'une cérémonie ayant un caractère véritablement national. Très bien! très bien ! à droite! On me permettra de dire que quoique Vic- tor Hugo ait dit et écrit contre un régime que j'ai servi avec dévouement, je suis convaincu que si l'empire existait encore, il aurait fait à Victor Hugo des obsèques nationales. Inter- ruptions à gauche. Vos interruptions ne me prouvent qu'une chose ; c'est qu'en ce moment vous ne vous mettez pas, comme j'ai voulu le faire, au des- sus des questions accessoires dont je par- lais. Je répète que l'empire aurait fait à Victor- Hugo des obsèques nationales, comme il* en a fait à Béranger. Nouvelles interruptions. Votfs pouvez le nier, vous pouvez même protester, mais je ne crois pas manquer de modestie en disant que je représente mieux que vous la pensée du gouvernement impé- rial. Bruit. Pour ceux qui, comme moi, ont ^roté les obsèques nationales, il y a une étrange sur- prise et même une amère déception à voir, après l'acceptation du projet dû gouverne- ment, soulever une question de nature à nous diviser. Mouvements divers. Il ne s'agit plus seulement d'obsèques na- tionales ; il s agit maintenant de savoir si le 304 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION Panthéon sera enlevé au culte de l'Eglise ca tholique. Très bien ! très bien ! Vous ne pouvez sans examen préalable, sans préparation dans un moment d'entraî- nement légitime même, si vous le voulez, sta- tuer sur cette . proposition. Nouvelles inter- ruptions sur divers bancs à gauche. ai. Roque de Fillol. — La précédente Chambre l'avait votée. ai. JToIiboif». — Ne nous gâtez' pas ces fu- nérailles nationales par une question de parti contre laquelle la France tout entière pro- teste. Applaudissements à droite. — Bruit sur d'autres bancs. ai. Anatole de la Forye* — J'ai entendu avec regret la restriction formulée par M. le ministre de l'intérieur ; il a invoqué l'opinion delà famille; la famille est représentée par deux enfants mineurs. La famille de Victor Hugo, c'est la France entière, et c' au nom du .pays tovt entier... Réclamations à droite. — Applaudissements à gauche. que je demande la^aiscussion immé- diate. Ses représentants légitimes sont ici, c'est à eux de prononcer. Je persiste à demander la discussion immédiate. Applaudissements sur divers bancs à gauche. — Bruit à droite. BE* le prëdldent* — Il s'agit uniquement en ce mom'eht de savoir si la Chambre discutera immédiatement ou non la proposition. ai. de aiuii. — J'apporte ici une courte parole de protestation. M. Anatole de la Forge, pour justifier sa demande de discussion immédiate, a dit que sa proposition lui paraissait inspirée par le sen- timent de la France tout entière. LES FUNÉRAILLES 305 Assurément, ainsi qu'on l'a dit toutàTheure la France tout entière pouvait se réunir dans un hommage au grand génie qui vient de dis- paraître ; mais puisqu'on a voulu en faire, non seulement une question politique, mais une provocation religieuse Très bien! très bien ! à droite. — Bruit à gauche. en soule- vant une discussion qui touche aux graves intérêts de la religion et au domaine des con- sciences, nous sommes obligés, — nous qui comptons bien pour quelque chose dans la France entière. Applaudissements à droite. — de venir déclarer que si nous pouvions nous associer à l'hommage rendu au génie, nous refusons de nous associer à une provocation religieuse. Très bien ! très bien ! à droite. — Bruit à gauche. • N^ous protestons au nom de la conscience de^ catholiques contre la proposition de M. Anatole de la Forge. Tout à Pheure nous nous sommes abstenus dans le vote sur les obsèques nationales. H. de Baudry-d^Assom. — Pas tous ! H. de Mun. — Excepté trois de nos collè- gues, nous nous sommes abstenus dans le ' vote par le sentiment que je viens de dire ; mais ce ne sont plus 'maintenant des obsè- ques nationales que vous voulez ; vous les transformez en des obsèques de parti. Vous voulez en exclure les catholiques qui ne peuvent s'associer à votre provocation. Applaudissements à droite. n est procédé aii scrutin sur la demande de discussion immédiate. A' la majorité de 257 voix contre 147, sur 404 votants, la discussion immédiaten'est pas ordonnée. 306 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le vœu du conseil munfcipaJ, le projet de loi de M, de la. Forge et l'opposition de h Cha/mbre à la discussion immédiate de ce projet de loi étaient différemment apprécih par la presse La Liberté Le conseil municipal de la ville de Paris n'est pas resté étranger à l'émotion générale; mais, à la manifestation d'un louable senti- ment, il n'a ias manqué d'ajouter une de ces absurdités qui caractérisent ses délibérations habituelles. A la demande d'un de ses mem- bres, le conseil a émis le vœu que le Pan- théon fût rendu à sa destination primitive, et que le corps de Victor Hugo y fût inhumé ». éi cet édile eût consulté le savant épigra- phiste municipal qui rient, par un travail fameux sur les rues de Pans, de se faire un renom dans la littérature paradoxale, il aurait appris que la destination primitive du Panthéon est précisément celle qui lui a été rendue en 1852 ; car le Panthéon n'a pas été construit avec les démolitions de la Bas; tille pour recevoir les mânes de Marat, ainsi que les quarteniers parisiens semblent le croire. La République radicale ; VICTOR HUGO AU PANTHÉON Il y a un temple à Paris, qui porte à son fronton Aux grands hommes^ la Patrie reconnaissante, » LES FUNÉRAILLES 307 Ce temple contient les tombeaux de Jean Jacques, de Mirabeau et de Voltaire. La place de Victor Hugo y est marquée. Ce temple, il est vrai, a été volé à la nation par TEglise catholique, et la Répu- blique cléricale n*a pas protesté. Le moment est venu pour la Patrie de reprendre son bien, de désaffecter l'église Sainte- Geneviève, et de rendre le Panthéon au culte des grands hommes. Si Victor Hugo ne repose pas sous le dôme de^ce temple, l'inscription que nous avons rappelée plus haut n'est qu'une odieuse iro- nie, et on doit l'effacer. Si Victor Hugo ne repose pas au Panthéon, c'est l'abdication de la France aux pieds de la Rome du Vatican. Pour notre grand homme, nous. réclamons le temple des grands hommes. A. LAISANT. Paris Le rédacteur en chef du Figaro, un esprit discret et mesuré, cependant, a cru devoir poser tout de suite la question de savoir s'il ne conviendrait pas de désaffecter le monu- ment de Gambetta, dont les assises viennent d'être placées dans la cour du Carrousel, pour y mettre la statue du grand poète à la place de l'image du grand patriote de la défense nationale et du grand citoyen, qui est le prin- cipal fondateur de la République. il y a place dans le monde pour plus d'un grand homme... de même qu'il y a place dans le Carrousel pour plus d'une statue 308 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Aussi bien, celle de Gambetta ne sera pas seulement l'image d*un homme, mais la con- sécration d'un régime et l'apothéose d'un prin- ,cipe, — le principe de la démocratie triom- phante. ' Pour l'arracher ûe la place qu'on a obtenue pour elle, il faudra une révolution, et si ce malheur arrivait à la France, qu'elle retom- bât sous le joug d'un empereur ou d'un roi, le poète des Châtiments ne serait pas plus en sûreté sur son piédestal que le créateur des armées de la défense nationale. . La République est debout Achevons la statue de Gambetta ! . Dressons celle de Victor Hugo ! - . GH. LAUBENT. VEcho de Paris Je sais un point dans Paris qui convient à l'impérissable monument que les deux mondes vont édifier à la gloire de Victqr Hugo. Un E oint qui regarde la ville immeni^e jusqu'aux orizons Ipintains. • • Montmartre. Là, du haut de la colline altière, la statue colossale de Victor Hugo contemplerait Paris. Le front dans les nuages, le poète verrait la ville formidable. A ses pieds coule- rait, dans ses joies, dans ses douleurs, dans ses espérances, le flot humain. A ses pieds se renouvellerait, chaque jour, la multitude pen- sante. Comme dans la vie, le prophète res- Slendissant domina l'humanité, Victor Hueo, ans la mort, dominerait le§.. siècles et les générations. LES FUNÉRAILLES 309 Un jour d'opprobre a vu bâtir à Mont- martre une église catholique. Loi d'utilité publique. Qu'on exproprie les propriétaires de cette église menaçante, qu'on en restitue les matériaux et que, sur lia haute colline, s'élève iusqu'au ciel la statue du plus grand des hommes ! ABEL PEYROUTON. La Lanterne Si la population, ne comprenant rien h ses timidités, à ses hésitations, dans un mouve- ment spontané, tournait les roues du corbil- lard vers le Panthéon, le gouvernement ose- rait-il employer la force pour s'y opposer? Oserait-il faire sabrer la foule sur le cercueil de Victor Hugo? Et au lieu de. prendre légalement, simple- ment possession du Panthéon, en laisserait-il prendre poSi3ession par une multitude surex- citée? Ce serait un fait aussi grave que re- grettable ! Le Soleil BATAILLE SUR UN CADAVRE La Chambre des députés nous a donné hier le triste spectacle d'une bataille livrée sur le cadavre de Victor Hugo. Le feu a été ouvert par le discours de M. Floquet qui, au lieu d'imiter l'exemple donné la veille par M. Le Rover, a voulu faire de la gloire de Victor Hugo l'apanage exclusif du parti républicain. La gloire de Victor Hugo est une gloire 310 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION nationale. Elle a pris de plus en plus ce ca- ractère pendant les dernières années de la vie du grana poète. L'apaisement s'était fait au- tour de son nom autrefois si discuté. L'homme de combat était oublié ; on ne connaissait plus que l'homme de génie. Ses contemporains avaient devancé pour lui le jugement de l'ave- nir. Il était entré vivant dans l'immortalité. On pouvait donc réunir autour de son cer- cueil, sans exagération, la France tout en- tière. L'unanimité de la presse indiquait l'una- nimité de l'opinion. On allait avoir une grande manifestation nationale. Cette manifestation se faisait d'elle- même, toute seule, sans que personne eût un eflfort à faire pour la provoquer. Elle avait un caractère de spontanéité qui lui donnait une inappréciable valeur. On aime mieux avoir une manifestation de parti. Là où il fallait chercher l'union et où l'on pouvait si facilement la trouver, on veut à tout prix créer une division. C'est créer une division, en effet, que d'as- socier les funérailles de Victor Hugo à la désaffectation d'une église car c'est vouloir que ces funérailles aient un caractère blessant pour les catholiques. Le Panthéon est-il, par hasard, le seul en- droit où les cendres de Victor Hugo puissent reposer avec honneur et dormir en paix? L'histoire est là pour répondre. Quatre fois déjà le monument a changé de destination. Si la proposition de M. Anatole de la Forge est adoptée, ce sera le cinquième changement en moins d'un siècle. Qui oserait affirmer que ce sera le dernier? LES FUNÉRAILLES 311 Le Panthéon est un monument de combat. Y ensevelir Victor Hugo, ce ne serait pas lui faire des funérailles nationales, mais des funérailles de combat. EDOUARD HERVÉ. Ije Radical Si Victor Huço avait voulu un enterrement religieux, je suis sûr que les amis de M. de Mun ne se seraient point opposés à ce que ses restes fussent cond\iits dans les caveaux du Panthéon. Or, ni eux ni nous ne pouvons rien changer à cette situation de grands hommes mourants qui ne sont point catholiques. Il nous faut donc un édifice neutre. M. de Mun et ses amis auraient raison de se plain- dre, si nous voulions faire passer de force un enterrement civil devant leurs autels. C'est pour demeurer respectueux de leurs convic- tions, que nous les prions de les porter ail- leurs. Et, si Ton nous demande pourquoi nous choisissons ce moment pour réclamer ces pierres, nous répondrons que jamais elles ne pourront enfermer sous leur dôme un plus illustre habitant. HENRY MARET Lia Nation Quand on gratte le centre, le clérical repa- rait. Quand on gratte l'opportuniste, le réaction- naire ne tarde pas à se montrer. 312 VICTOR HUGO DKYANT L'OPINION Gn l'a bien vu, hier, à la Chambre. .. Notre ami Anatole de la Forge — se faisant Técho de toute la démocratie française — de- mande que le Panthéon, usurpé par FEglise après . le Deux Décembre , soit rendu aux grands hommes et qu'on y transporte Victor Hugo. Aussitôt les grenouilles, du marais, celles qii'il terrassait de son éloquence à la* Législa- tive, de 1849 à 1851, se sont réveillées. Elles ont fait passer leur pusillanimité dans l'esprit du ministre de l'intérieur. Et le gouvernement de la Républicruè n'a pas osé faire pour Victor Hugo, ce que Louis- Philippe avait osé après juillet 1830. Il faudra que le gouvernement laisse faire, que la Chambre s'incline, que le Sénat obéisse. Ou s'ils résistaient, c'est le peuple de Paris qui; prenant par la guide les chevaux du corbillard et poussant aux roues, mènerait le cadavre du Maître à là nécropole de la mon- tagne Sainte-Geneviève. ^ Lundi donc, Victor Hugo, sera au Panthéon. Et les tombes de Voltaire et de Rousseau se- ront définitivement arrachées des mains des prêtres. CAMII^LE DREYFUS Le Monde • Nous citons plus loin quelques-unes des appréciations des journaux républicains sur Victor Hugo, et nous faisons connaître les principaux projets mis en avant dans le but ou sous le prétexte de glorifier sa mémoire. Il y LES FUNÉRAILLES 313 a là des exagérations qui nous paraissent pro- fondément affligeantes. Nous en souffrons pour Tillustre poète lui-même ; triste moyen de rhonorer que d'imiter précisément, par ce manque absolu de mesure et d'équilibre, les défauts qui trop souvent nous gâtent son œuvre ! Nous en souffrons pour notre pays la France est-elle donc en train, elle aussi, de perdre le sentiment des proportions ? et faut-il que ses deuils, transformés en exhibi- tions, affectent des allures théâtrales. OSCAR IIAVARD Le Petit Caporal ; La dépouille mortelle du poète est à peine refroidie, que déjà ses thuriféraires songent à lui décerner les honneurs divins. La proposition de M. de La Forge est un acte de véritable emballement qui confine presque à la démence. Opposer Victor Hugo à Dieu, le jour même de la publication du testament où le grand poète a reconnu la vraie Divinité, voilà une idée qui ne pouvait entrer que dans un cerveau d'halluciné, comme celui aeM. de La Forge. BLANC. Le Français Victor Hugo n'est-il pas menacé de pis encore par ceux auxquels il s'est livré dans 18 iS^H VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION la dernière partie de sa vie? Ce matin, une feuille radicale fort répandue, la Lanterne^ émet le veu que la dépouille mortelle du poète soit portée au Panthéon ; or, comme il ne peut plus y avoir place sous la même coupole pour le Cnrist et pour M. Hugo, ÏSi. Lanterne demande naturellement qu'on jette le Christ à la porte. Sainte-Geneviève, la plus pure figure, avec Jeanne d'Arc, du patriotisme populaire, serait ignominieusement expulsée pour faire place à Tancien chantre de la •royauté et de l'empire, devenu dans ses vieux jours le favori de la démagogie athée. La croix serait arrachée pour livrer passage à celui qui avait écrit naguère, au bas d'un crucifix, ces beau^ vers Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure. 'Vous qui sôufTrez. venez à Lui, car il guérit Vous qui tremblez venez à Lui, car il sourit. Vous qui passez, venez à Lui, car il demeure. Parmi toutes les sombres visions qui tra- versaient parfois l'imagination du poète, il n'a •dû jamais s'en présenter une aussi horrible ; son cadavre servant de bélier sacrilège pour briser l'autel du Dieu qu'il avait adoré, et cela it l'heure même où son âme — qui ne serait Îlus protégée » alors par M. Lockroyet [. Pelletan — comparaîtrait devant le juge 'suprême et serait exposée aux redoutables représailles de la justice divine. Espérons q[ue l'apostasie de l'ancien auteur de la Prière pour tous ne lui vaudra pas ce dernier châ- timent. PAUL TIIUREAU-DANGIN. P.'S. — Ces lignes étaient écrites quand ïKus avons appris la mort du' poète. Cette LES FUNKRAILLK^. ^}6' mort ne change rien aux réflexions que noua, venons d'exprimer ; elle y ajoute seulement quelque chose de plus triste et de plus dou- loureux. Le Rappel r UN CHICANEUR DETOMBEAL — Et cette œuvre .unique, cette action souveraine et civilisatrice , ce grand génie toujours prêt à tous les grands devoirs, ce n'est rien pour M . Paul Devès. Le deuil public n'est plus seulement h Paris, plus seulement en Europe ; il s'étend sur le monde entier par- tout où l'on sait ce que c'est qu'un livre. Et, pour cette tombe, M. Devès trouve que le Panthéon est trop grand ! L'aurait-il rêvé pour lui tout seul ? Soit ; mais h la condition qu'on grave autour de sa tombe, les noms de tous les malheureux que ses votes ont envoyés mourir dans de folles et ruineuses- aventures. A. GAULIER Le Télégraphe Devant cette manifestation de ce deuil d'in- telligences, nous trouvons que la politique intervient trop et prend trop de place. Lesr littérateurs n'entrent pas assez au chevet de ce littérateur, seuls les politiciens ont accès, s'inscrivent, dominent et font tapage. Tout à l'heure, si l'on n'y prend garde, et si personne n'élève la voix et ne proteste, grâce à leurs 316 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION manœuvres, Victor Hugo ne sera plus qu'un immense sénateur, lui qui fût un immense poète, et qui a élevé à la gloire des lettres françaises un monument comparable aux plus grands, une œuvre colossale par laquelle il s'est égalé aux premiers poètes de toutes les civilisations. Qu'un deuil national se prépare. On voit bien le rang qu'y tiendront les ambassadeurs, quel cordon porteront les ministres, où s'as- sembleront les sénateurs, à quel endroit se réuniront les députés ; on sait d'avance ce qui se brûlera de luminaire et combien de mètres de tentures seront déployés ; mais ce qu'on ne devine pas, ce que personne ne peut dire, c'est quelle place y occuperont les écrivains. D'eux, il ne sera nas question ; il n'en est jamais question, du reste. On les oublie, peut-être serait-il plus juste de dire qu'on les méprise, si bien que la eavalerie a toujours le pas sur eux dans l'organisation du dénié. Que les puissants de la République et les régleurs de cérémonies funèbres apprennent, du passé, à quelle préséance les écrivains ont le droit légitime de prétendre, dans tout cor- tège d'un mort littéraire. En un jour de deuil comme celui que 1^ France entière craint en ces heures d'an- goisse, le jour des funérailles de Pierre de Ronsard, lequel, comme Victor Hugo, avait été salué du titre de prince des poètes, et qualifié lui aussi de poète national, la cour des Valois se rangea, et le roi de France, humi- liant dignement la majesté de la monarchie devant la majesté des lettres qu'il jugeait plus haute, devant lui fit passer les premiers, le LES FUNÉRAILLES 317 chœur entier, comme dit Montaigne, le chœur entier des. écrivains et des poètes. GU-Blas VICTOR HUGO AUX INVALIDES Nous recevons d*un médecin bien connu, et qui fut Tun des amis du Maître, une lettre très intéressante. Nous en extrayons les passages suivants a S'il est une place à choisir pour Victor Hugo, ce n'est pas, actuellement du moins, le Panthéon, d*où tant de vicissitudes ont tour à tour banni les grands hommes qu'on y a placés. Au poète-patriote, il convient de ré- server un autre séjour. a C'est aux Invalides, à côté des grands guerriers qu'il a célébrés et immortalisés dans ses odes ou dans les merveilleux chapitres de Waterloo, que sa place est toute marquée. a De même que les Anglais, sans s'occuper des question d'opinion, enterrent leurs grands morts à Westminster, de même nous autres Français pouvons-nous faire une exception justifiée et glorieuse en couchant côte à côte ceux qui ont combattu les grands combats, et celui qui les a chantés et rendus à jamais cé- lèbres. Si les Grecs retrouvaient la dépouille d'Homère et celle d'Achille, il leur convien- drait de les joindre dans la même couche fu- nèbre. » U Eclair eur du Littoral, à Nice ; Tout s'épuise, même la douleur. L'heure est venue de sécher les larmes l'apothéose commence. 18. 318 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Ce ne sont pas de banales funérailles qu'il faut au Maître, c'est un témoignage éclatant de toute une grande nation. Dès la première heure, nous Tavons. dit Victor Hugo doit être porté triomphalement au Panthéon qui, à cette occasion unique, doit, selon Tesprit dans lequel il fut créé, redeve- nir le temple civil consacré aux grands hom- mes p^a^r la patrie reconnaissante. Le Journal du Midi L'apothéose commence, apothéose grotes- ue et sacrilège qui ridiculise Thomme au lieu de le grandir. L'Arc de Triomphe ! le Panthéon ! Comme si le poète eut incarné toutes les gloires! Comme si l'auteur des Châtiments et de Tor- quemada dût prendre place dans l'histoire entre Mirabeau et Napoléon. Il faut donc que l'immense orgueil qui ado- miné sa vie trop longue, plane encore sur sa mort et que la pose prétentieuse qui a défiguré son talent et amoindri son caractère, grimace une dernière fois sur son cercueil ! Au moins si tout le monde pouvait s'asso- cier à ces funérailles dites nationales ! Si Ton nous permettait d'oubher, devant la tombe, le barde farouche de la démagogie, pour ne son- ger qu'à Taède inspiré qui, dans la pureté de sa jeunesse, a chanté nos rois, notre patrie et notre Dieu ! Il y aurait dans cette unanimité d'un peuple quelque chose de grand et de respectable et sans justifier l'exagération des hommage», nous trouverions de quoi les excuser. LES FUNÉRAILLES 319^ Mais non ! L'impiété s'est emparée de ce ca- davre la secte anti-religieuse et le parti ré- volutionnaire, hideux vampires, en ont fait leur proie. Bulletin des Lois . Loi relative aux funérailles de Victor Hugo,, Le Sénat et la Chambre des députés oxA^ adopté, Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit Article premier. — Des funérailles natio- nales seront faites à Victor Hugo. Art. "2. — Un crédit extraordmaire de vingt. mille francs 20,000 fr. est ouvert, à cet effet, au budget du ministère de Tintérieur, exer- cice 1885, chapitre 62 Funérailles de Vie*- ter Hugo. » Il sera pourvu à cette dépense au moye» des ressources générales du budget ordinaire de Texercice 1885. La présente loi, délibérée et adoptée par V Sénat et par la Chambre des députés, sera^ exécutée comnre loi de l'Etat. Fait à Paris, le 24 mai 1885. JULES GRÉVY. Par le Président de la République, Le Présideut du conseil, garde des sceaux^ ministre des cultes, HENRI BRÏSSON. Le ministi^e des finances^ SARDI CARNOT. Le ministre de Viniérieurj H. ALLAIN-TARGÉ. 320 VICTOR HUGO DEVANT LOPINION Journal ofûciel RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Monsieur le Président, Le Panthéon, commencé sous le règne de Louis XV, et terminé seulement sous la Res- tauration, a subi, même avant son achève- ment définitif, des affectations diverses. Par le décret-loi des 4-10 avril 1791, T As- semblée nationale décida que le nouvel édi- fice serait destiné à recevoir les cendres des grands hommes à dater de Tépoque de la liberté française » ; elle décerna immédiate- ment cet honneur à Mirabeau. En 1806, le décret du 20 février décida que Téfflise Sainte-Geneviève serait affectée au culte et confia au chapitre de Notre-Dame, augmenté à cet effet de six chapelains, le soin de desservir cette église. Il en remit la garde à un archiprêtre choisi parmi les chanoines. Il ordonnait la célébration de services solen- nels à certains anniversaires, ijotamment à la date de la bataille d*Austerlitz. Toutefois, ce décret, qui ne devait entrer en vigueur qu a- près Tachèvement complet de la construction, ne fut pas exécuté. L^ordonnânce du 12 décembre 1821 rendit Téglise au culte public, et la mit à la disposi- tion de Tarchevêque de Paris pour être provi- soirement desservie par des prêtres que ce prélat était chargé de désigner. La même ordonnance portait qu'il serait ultérieurement statué sur le service régulier et perpétuel qui LES FUNÉRAILLES 321 devrait être fait dans ladite église, et, sur la nature de ce service. Cependant aucune déci- sion n'intervint à cet égard et l'église ne fut érigée ni en cure, ni en succursale de la cure voisine. Elle n'avait donc encore reçu aucun titré légal lors de la révolution de 1830. L'ordonnance du 26 août 1830 statua en ces termes . Louis-Philippe, a Vu les lois des 4-10 avril 1791 ; a Vu le décret du 20 février 1806 et l'ordon- nance du 12 décembre 1821 ; Notre conseil entendu, a Considérant, que, pour atteindre ce but, les lois, qui avaient affecté le Panthéon à une semblable destination, doivent être remises en vigueur, a Décrète as le droit de se glorifier du bien qui s'est ait par elle ? On n'accusera pas la presse d'ingratitude vis-à-vis du grand nomme dont nous célébrons auiourd'hui l'apothéose ; l'immense publicité qu elle a donnée aux v œuvres du maître a fait fénétrer sa pensée jusque dans les hameaux es plus reculés. Elle a mis sa gloire à l'abri des contestations qui se sont élevées, dans d'autres pays, autour d'illustres génies. La presse tout entière s'est inclinée avec respect devant les restes du poète national. Les dissentiments se sont imposé silence de- vant ce glorieux cercueil, et c'est, pour celui qui parle au nom de la presse parisienne, une 378 VICTOR HUGO DEVANT L OPINION satisfaction profonde de savoir qu il est l'in- terprète de tous ses confrères, quand il exprime son admiration et sa gratitude pour celui qui fut Victor Hugo. Discours de M. Tulle Massarani AU NOM DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES ITALIEN^ Messieurs, . Après les voix si éloquentes que vous venez d'entendre, c'est à peine si j'ose, moi étranger, parler près de cette tombe. Si je l'ose, cest aue ma voix, quelque faible qu'elle soit, est 1 écho de l'âme de tout un peuple s'associant à l'hommage que vous rendez au génie dis- paru. Là où est le deuil de la France, la pen- sée humaine est en deuil. Et ce deuil de la pensée, ces angoisses de l'esprit assoiffé de vérité, de poésie et d'amour, et sevré tout à coup de la coupe d'or où il puisait à larges traits sa triple vie, quel peuple le ressentirait jusqu'au fond de l'âme si ce n'est le peuple italien, qui pendant des siècles de souffrance et de lutte n'a résisté que par l'esprit, ne s'est senti vivre que par la pensée ? Aussi, messieurs, ayant l'honnneur de por- ter ici la parole au nom des écrivains, des artistes et des amis de renseignement popu- laire dans mon pays, puis-je sans hésitation vous affirmer que je parle au nom de mon pays même. C'est rltalie entière, en effet, qui, en ces jours, pleure à la fois sur deux tombes ur celle d'un de ses penseurs les plus émi- LBS FUNiRAILLE8 ^7^ nents et sur celle de votre grand poète. Car ce poète, ce Maître, comme vous rappelez à juste titre, a rendu à la poésie son auréole des anciens temps, lorsque le poète n'était pas sentement le chantre des héros, mais aussi biea le prophète et Tapôtre. Il a été de ceux aiEtxquels les siècles parlent, et qui écoutent le lendemain germer et croître sous terre ; il s*est pris corps à corps avec les iniquités et les haines du passé, et les a terrassées ; il a deviné au miheu du bruissement des foules les vérités de l'avenir, et, de ses bras d'athlète, il les a élevés sur le pavois. Il avait avec cela toutes les charités et toutes les tendresses ; et les petits enfants et les misérables ont pu venir à lui avant les puissants et les heureux. Jusaue sur les degrés de ce temple magnifique, où la France l'asso- cie à toutes ses gloires, je ne saurais oublier qu'il a voulu venir à sou dernier repos porté par le corbillard des pauvres, afin que la poésie du cœur rayonnât encore une fois à travers les fentes de sa bière ; et je pense à Sophocle, dont le tombeau se passa de même, d'après le vœu du poète, de palmes et de lau- riers, et né connut que la rose et le lierre. Aussi, Maître, ne t'ai-je offert qu'un rameau de lierre et deux roses ; mais ces feuilles et ces fleurs ont poussé en terre de France, et, sur le seuil de l'immortalité qui s'ouvre pour toi, elles mettent les couleurs de l'Italie. La main dans la main, tous les peuples qui se relèvent viennent s*incliner. Maître, devant ce tombeau. 380 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION Discours de M. Le Mat C'est au l'Institut national de Wa- shington que j'ai l'insigne honneur d'expri- mer ici. la douloureuse émotion ressentie d'un bout à l'autre des Etats-Unis à la nouvelle de la mort de Victor Hugo, l'homme considérable dont la perte a rempli l'âme du monde civilisé de si unanimes regrets. Discours de M. Emmanuel Edouard AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE D'hAÏTI Elle peut être fière, elle peut s'enorgueillir, la nation qui nous donne le majestueux spec- tacle que nous avons aujourd'hui sous les yeux. Ils ont menti ceux qui, il y a quelques années, à propos de la France, après, une crise terrible subie par ce pays, ont prononcé le mot de décadence la France est nien de- bout. Presque tous les peuples civilisés, libre- ment, spontanément, ont envoyé ici des délé- Sués; Athènes, Romen'ontjamaisété le théâtre 'une si imposante solennité. Paris dépasse Athènes et Rome. Il n'est pas téméraire, je pense, d'affirmer qu'une pareille cérémonie, inouïe, proportion- née au génie de l'homme qui vient de mourir, ne se reproduira pas. Je représente ici la délégation de la Repu- LBS FUNÉRAILLES . 381 blique d'Haïti; La République d^ Haïti a le droit de parler au nom de la race noire la race noire, par mon organe, remercie Victor Hugo de ravoir beaucoup aimée et consolée, de l'avoir raffermie et consolée. La race noire salue Victor Hugo et la nation , française. Discours de M. Louis Ulbach AU NOM DE l'association LITTÉRAIRE INTERNATIONALE Messieurs, Si je n'écoutais que la douleur d'une ami- tié de çlus de quarante ans, et si je n'obéis- sais qu à l'admiration de toute ma vie, je me tairais devant le silence formidable de ce cer- cueil. Mais, j'ai reçu de l'Association littéraire et artistique internationale dont Victor Hugo était le président d'honneur, un mandat qu il ne m'est pas permis de récuser. Nos amis de la France et de l'étranger, ceux qui, dans nos courses à travers l'Europe, à chacun de nos congrès, à Londres, à Lisbonne, à Vienne, à Rome, à Amsterdam, à Bruxelles, acclamaient Victor Hugo avec tant de sympathie, en nous donnant tant d'orgueil, ont aujourd'hui l'or- gueil de faire retentir leur sympathie dans notre profonde tristesse. Nous sommes les soldats d'une idée que Victor Hugo nous a léguée, la défense de la propriété littéraire et de la propriété artistique. Partout où nous sommes allés Hvrer ce bon combat, son nom nous a ouvert l'hospitalité la plus cordiale, son 382 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION génie nous a donné les armes tes plus sûreâ^ et sa gloire a illuminé nos succès. Je viens donc, au nom de ceux ^qn 3 a lus*- pires, commandés, soutenus, l'àcclamef à mon tour, quand je voudrais uniquement le pleurer. Victor Hugo est l'écrivain français le plus admiré hors de France ; non pas parce que nous Tadmirons, car les étrangers, parfois, nous reprochent de ne pas Fadmirer assez, tant ils sont saisis par la forte expansion de son génie. A peine a-t-on besoin de le tra- duire. Le relief de sa pensée fait sa trouée dans la langue étrangère et le geste de sa pa- role aide à le deviner avant qu'on l'ait, pé- nétré. Sa gloire prodigieuse, messieurs, nou est donc doublement chère. Elle rayonne sur nous, avec le souvenir de nos joies, de nos douleurs les plus intimes, de nos ambitions les plus vastes, et en même temps elle res- plendit au dehors comme une irradiation de la France, généreuse et fraternelle. Le patriotisme de Victor Hugo qui ne sa- crifie rien des droits stricts de la patrie, s'aug- mente d'un sentiment de justice internatio- nale supérieur aux préjugés de la diplomatie, aux ignorances populaires. Il est un foyer hospitalier où toutes les patries s'échauflFent, pour aimer et servir davantage la paix, Tu- nion, la liberté. Soyons fiers, à travers notre douleur,, de voir ce mort sublime se dégager de nos étreintes, pour recevoir de toutes les nations tournées vers lui une immortalité qui s'ajoute à notre reconnaissance nationale. On n'a trouvé, dans Paris, qu'une porte LES FUNÉRAILLES 383 as»ez haute pour y faire passer son ombre, celle qu'il a mesurée lui-même à sa taille dans ses strophes de granit, celles où son doigt inscrit le nom de son père ab- sent, celle où son nom rayonnera désormais, sans avoir besoin d'y être inscrit. Mais ce qu'on ne trouvera pas, c est un horizon qui borne sa renommée. Déjà, devant ces témoi- gnages venus de tous les points du çlobe, n semble ^ue ce poète évanoui dans rinfini, déborde . 1 Europe, comme il a débordé la France, et qu'à l'heure où nous rouvrons le Panthéon français, le monde lui élève un panthéon international. Gardons nos larmes pour le recueillement de demain ; mais aujourd'hui ne résistons pas à cet entraînement d'un enthousiasme univer- sel. C'est notre honneur d'y céder. Il y a, en effet, messieurs, dans cette so- lennité comme un relèvement définitif de la patrie, qui se sent grande du génie de son plus grand homme, et aussi de la foi que ces funérailles rallumeront dans les cœurs. Conservons le souvenir de cette iournée, comme celui d'un pacte nouveau conclu avec l'amour du pays, avec sa gloire, sa puissance dans le monde, avec le rayonnement de ses idées, et restons digues de ce transport una- nime qui a fait s'agenouiller toute la France et se dresser toute l'Europe, sur ce seuil où notre poète national renaît dans sa vie im- mortelle. Ce sera le dernier chef-d'œuvre de Victor Hugo. C'eût été son ambition suprême, après avoir tant écrit, tant lutté pour la fraternité humaine et pour la gloire de la France, de faire servir sa mort à une fédération sincère 384 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION entre les peuples et une explosion radieuse du patriotisme français. Discours de M. Delcambre AU NOM DE l'association DES ÉTUDIANTS DE PARIS Après les contemporains de Victor Hugo, nous venons — nous la postérité — affirmer la même admiration et le même amour. Nous venons, avec toutes les générations du siècle, pleurer celui qui fut et restera notre Maître à tous. Nous n'avons pas vu grandir son génie, mais nous l'avons vu triompher et nous avons applaudi au triomphe. Pour tous les jeunes hommes, il a été 1 initiateur et le bon guide. Ceux qui vivaient loin de lui trouvaient dans ses œuvres la parole révéla- trice, ceux qui l'approchaient comprenaient combien notre époque eut raison de l'appeler le Père. Tant de génie et de bonté méritent un long amour et une éternelle reconnaissance ; c'est pourquoi nous apportons à Victor Hugo, très grand et très bon, des larmes avec des fleurs, prémices d'un culte qui ne périra pas. Discours de M. AU NOM DELA FRANC-MACONNERIE ITALIENNE C'est au nom de la loge Michel-Ange, de Florence, au nom de la maçonnerie italienne, que je viens adresser un dernier adieu au LES FUNÉRAILLES 385 génie de la France, au poète de toutes les Satries, de toutes les libertés, au défenseur es faibles et des opprimés de toutes les nationalités, à l'apôtre éloquent de toutes les nobles causes, au chantre du droit, de la vérité et de la justice, dont la gloire rayon- nera sur le monde entier. L'Italie tout entière porte le deuil de Vic- tor Hugo qu'elle admn^ait et vénérait. Le grand malheur qui a fri^ppé la France et Thu- manité a prouvé une fois de plus que le cœur des peuples latins bat à l'unisson. Ils ont en commun les joies comme les douleurs les sentiments, les idées, les espérances et les aspirations. L'Italie, dans cette circonstance doulou- reuse, a désavoué ce qui l'avait représentée, ce qu'elle n'est pas et qu'elle ne sera jamais. 'Elle a montré les sentiments véritables qui l'animent à l'égard de la France. L'esprit de la patrie de Dante restera tou- jours uni à l'esprit de la patrie de Victor Hugo. Sur ce cercueil entouré de l'admiration universelle, jurons de resserrer de plus en plus les liens de fraternité qui unissent la France à l'Italie, afin de hâter la formation du fais- ceau latin qui était l'idéal sublime du grand poète humanitaire. Ce sera là le plus beau monument que nous puissions élever à la mémoire glorieuse de l'auteur immortel des Léçeides des Siècles. Que le peuple français et le peuple italien, sur la tombe de leurs génies — Victor Hugo et Garibaldi — se retrempent à leur mission de paix, de civilisation et de liberté. 22 386 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION Le Rappel a Ce ne sont pas des funérailles, c'est une apothéose », a dit M. Floquet au nom de la Cnambre. Ce n'est pas à des funérailles que nous assistons, c'est à un sacre », a dit M. Emile Augier, au nom de l'Académie fran- çaise. Et le digne représentant de l'Acadé- mie et le digne représentant de la Chambre n'auraient pas cru avoir dit assez si, au lieu de parler à l'Arc de Triomphe, ils avaient parlé au Panthéon, c'est-à-aire. après avoir assisté . au spectacle incomparable et inou- bliable qu'aucun vivant ne reverra jamais. Le cortège était déjà une chose admirable. Il était au Panthéon qu'il était encore au Eont de Neuilly. Il a duré de midi à six eures. Outre les dix chars de fleurs, chaque groupe était précédé de sa couronne, que souvent quatre hommes ne suffisaient pas à porter. Une avait exigé un char pour elle seule. Les marches du Panthéon en étaient couvertes du haut en bas, qu'il en arrivait toujours. Et ce cortège, c'était le gouverne- ment, c'était le Sénat, c'était la Chambre, c'é- tait l'Académie, c'était le conseil municipal, c'était le conseil général, c'était les auteurs dramatiques, c'était les gens de lettres, c'était les poètes, c'était les artistes français, c'était les artistes dramatiques, c'était la Société des gens de lettres italiens, c'était l'Institut na- tional de Washington, c'était l'Association littéraire internationale, c'était les chambres syndicales, corporations et sociétés ouvrières de Paris et des départements, c'était les sociétés étrangères, etc., c'était, en un mot, LES FUNÉRAILLES 387 non seulement Paris, mais la France ; non seulement la France, mais le monde. Eh bien, si grandiose que fût ce cortège, ce n'est pas lui qui a été la grandeur de cette grande journée. Ce qui en a été la grandeur inouïe, c'est la foule. ^ Les Champs-Elysées étaient déjà prodi- fieux. On se pressait à s'étouffer sur les eux chaussées et dans les rues qui y abou- tissent. La rue Balzac était une avalanche humaine. Mais ce qui était inimaginable, c'é- tait la place de la Concorde. Les Champs- Elysées étaient le fleuve, elle était la mer. Et du pont de la Concorde, il fallait voir les berges ! On est entré dans le boulevard Sauit- Ger- main, et l'on s'est dit que jusque-là on n'a- vait pas vu la vraie foule. Sur les trottoirs, dans les rues adjacentes, dans les arbres, aux fenêtres des maisons, sur les toits, sur les cheminées, partout des entassements incroyables. Et des cris de Vive Victor Hugo ! que ne parvenaient pas à faire taire ceux pour qui le meilleur témoi- gnage d'admiration devant un cercueil était le silence. A mesure qu'on avançait, la foule ne redou- blait pas, puisque cela eût été impossible, mais les explosions de regret et de recon- naissance redoublaient. Et c'est au milieu d'acclamations enthousiastes que Victor Hugo est entré dans ce Panthéon qu'avait fermé aux grands hommes Napoléon-le-Petit, et que devait rouvrir celui que le président du Sénat a si justement appelé Victor Hugo le Grand. Une chose à noter, c'est qu'avec cette 388 VICTOR HUGO DEVANT L OPINION foule innombrable il n'y a pas eu lé moindre désordre. Nulle part, elle ne s'est écartée uii seul instant de la ligne qui lui était assignée ; nulle part elle n'a débordé ; le respect Ta infi- niment mieux arrêtée que n aurait fait une barrière matérielle. Elle a été admirable de tenue et de réserve. C'est à elle qu'il faut reporter Téloge de rimmense journée dont ceux qui l'ont vue se souviendront jusqu'à leur dernière heure, et qui a dépassé les plus ardentes espérances. On ne dira plus que la France est ingrate envers ses génies. Si haut que soit le souve- rain poète de la Légende des Siècles^ la mani- festation est montée à son niveau. La journée du l^' juin 1885 est la gloire de Victor Hugo et l'honneur de la France. Il ny avait que lui pour la mériter et qu'elle pour la faire. Ce n'est pas seulement l'honneur de la France, c'est aussi son relèvement. Toutes les nations se sont associées à l'hommage rendu à notre poète national. Toutes ont reconnu que le grand homme du siècle était un Français. Victor Hugo, qui a rendu tant de services à la France pendant sa vie, lui en rend encore un après sa mort. AUGUSTE VACQUERÏE. L'Événement Il est au Pan théon ! Paris vient de l'y con- duire avec une solennité, un éclat, une fer- veur d'enthousiasme qu'il n'a jamais témoignés à un homme. A ce souverain de génie la ville LES FLNÉRAILLES 389 souveraine a rendu des honneurs souverains. Ce n'étaient pas des funérailles, c'était une apothéose ! La gloire était acquise, l'immor- talîté rayonnait, la postérité est. commencée. Quel règne que cette vie de Hugo! Quel mort que cette résurrection ! Il "^ est là, dans ce cercueil, plus vivant, plus parlant, plus chantant qu'il n'a été jamais. De tous les côtés, de toutes les maisons, de tous les ateliers, des basses, et des hautes couches sociales , de l'aristocratie littéraire à la plèbe la plus humble, tous sont sortis de leur demeure, artisans de la pensée et du travail manuel, pour saluer une dernière fois Victor Hugo ! Paris n'était plus dans Paris ; il était à Farc de TEtoile, aux Champs- Elysées, sur la place de la Concorde, partout présent et répandu, sur le parcours de ce pro- digieux cortège qui confond le passé et défie le lendemain. Sans qu'il fût besoin d'une loi, sans qu'un mot ordre eût été donné, par une sorte d'intuition contagieuse , Paris a fait trêve ; il a suspendu son travail d'Hercule ci- vilisateur il a emmené, il a rassemblé fem- mes, enfants, vieillards sur le parcours de ce corbillard du pauvre, si nu, avec ses deux simples couronn^^s de roses blanches, — cel- les de Georges et de Jeanne au grand-père sublime et bon. Et tout le long de cette route triomphale, éclairée par un doux et magnifi- que soleil de mai, le recueillement était égal autant que profond. En haut des toits, sur les arbres, aux feaêtres, sur le pavé, ce flot hu- main murmurait son respect et son admira- tion pour l'homme qui passait, mené parla France à cette nécropole enfin rendue à la nation ! Il y avait dans l'air plus et mieux 22. 390 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINION qu'un hommage funèbre. On' demeurait acca- blé devant ce spectacle du néant de l'exis- tence humaine. Il y avait dans les yeux des terreurs et des larmes. On voyait plus loin que la mort Et au delà qu'y a-t-il ? On pleu- rait rhomnie doux et miséricordieux. Mais la pensée dominante affirmait cette puissance vivace du génie succédant aux siècles, dans une jeunesse, une abondance, une magni- ficence éternelles. Cette certitude d'un avenir sans fin promis à l'œuvre du mort communi- quait je ne sais quel orgueil viril, quelle ivresse sereine au peuple qui emplissait la rue. La gloire de Hugo, il la faisait sienne. Il la réno> ait, il la revendiquait avec une fierté superbe. Hugo, n'était-ce le Verbe de la France moderne à travers le monde et par delà les temps ? Oui sans doute, le Victor Hugo qui a lutté pour la rédemption du droit et de la liberté était cher au peuple républi- cain, qui le lui a dit hier avec 1 effusion de son cœur de lion. Mais il y avait le penseur uni- versel, le poète fort entre les forts, l'artiste inouï et incomparable, incarnation et- hon- neur du genre humain. C'est celui-là aue, sans acceptation de secte, de religion, ae parti, Paris, la France et le monde ont porté au Panthéon ! Cette journée du 1" juin 1885 demeurera dans la mémoire de Paris comme la date d'un a sacre , suivant la noble et juste ex-* pression d'xVugier. S'il est moral d enseigner à un pays le respect de ceux qui l'on servi et illustré, il est plus nécee^saire encore de lui restituer, par là, le sentiment même de sa personnalité, de sa force, de son rôle, de sa prépondérance intellectuelle sur la terre. LES FUNÉRAILLES 391 Quand d*inoubliables malheurs ont déprimé et désespéré la patrie, c'est un devoir de lui rendre la conscience d'elle-même et de verser sur les plaies de cette noble blessée des armes, le baume sacré des gloires de l'esprit. Trahie par la dictature d'un aventurier et par le jeu de la force brutale, la France sest retrouvée hier au premier rang des nations par les Let- tres et par Hugo. Quelle rev^uiçhe plus idéale, plus radieuse, plus consolatrice ! Et les œuvres de Hugo ne sont pas seulement les joyaux et la couronne de notre France littéraire, c'est le testament même du dix- neuvième siècle. Ce n'est pas un crépuscule, cette mort de Hugo, c'est une aurore ! Je les plains de toute mon âme, ces pauvres de l'es- prit qui n'ont pas su rencontrer dans l'œuvre accumulée du poète, du dramaturge, du roman- cier, du critique, de l'orateur, tout ce qu'il contient de leçons supérieures, de germes de progrès, de sxlutions rénovatrices, de promes- ses et d'élans vers une humanité meilleure qui se purifie toujours, en s'élevant vers les sommets. L'œuvre de Hugo, c'est l'Evangile de la France nouvelle, telle qu'elle est issue de la Révolution. Tout y respire l'amour, le labeur et la concorde c'est que Hugo a plus qu'aucun de ses devanciers, dans l'ordre du génie, la passion infinie et toujours inassouvie de l'humanité ! Merci à notre grand Paris d'avoir compris le caractère de cette journée que nous ne reverrons pas ! Aucun accident n'a attristé, n'a souillé cette solennité. Peuple et gouverne- ment ont été à la hauteur de l'acte de grati- tude et de glorification qui s'est accompli. Voilà le vrai Paris ! Voilà la vraie Repu- 392 VICTOR HUGO DEVANT L'OPINÏON blique ! Devant cette unanimité de respects et d'enthousiasmes, les minorités factieuses ont dû s'incliner. Elles ne sont rien — le com- prendront-elles enfin ? — qu'un fétu de paille dans Tengrenage de cet organisme formidable 3ui ne vit et ne veut vivre que par l'équilibre 'un cerveau sain et d'un corps laborieux. De drapeau rouge, ah ! oui ! il en était bien ques- tion hier ! Qui donc eût essayé de trouer ces masses profondes de toutes les classes de tra- vailleurs qui escortaient Victor Hugo et la République désormais conquise? La démons- tration de l'impuissance des factions est faite, je suppose, et bien faite. Paris n'a peur de rien. Pans est sûr de lui-même. Paris est le maître. Il est aussi calme dans la posses- sion de la paix civile que Hugo dans la pos- session de l'immortalité. Comme le tombeau de Hugo sous les voûtes du Panthéon, Paris défie les révolutions. EDMOND MAGNIER. Le Figaro Majestueuse, non! — il y avait trop de foule et . cette foule était peu recueillie . — mais singulière, étonnante, émouvante, pro- digieuse ! voilà, selon moi, quels adjectifîs mérite l'inoubliable cérémonie d'hier. Nos pères nous ont raconté l'apothéose du retour du corps de Napoléon en 1840; nous avons encore dans le souvenir la rentrée. de l'armée d'Itahe en 1809 ; Napoléon IIL l'Im- pératrice, les maréchaux, les blessés, mar- chant sous une pluie de fleurs, au milieu d'ac- LES- FUXliRAILLES ' 393 clamations inouïes ; ce qu*ou a vu hier est autre chose, et on ne le reverra pas non plus. Cela manquait de mesure mais non de gran- deur. Le poète avait le géuie de Tantithèse ; l'idée du corbillard des pauvres était sûre au point de vue de l'effet h produire. Il a été immense, et les plus sceptiques ont salué avec émotion les rameaux verts entrecroisés sur le drap noir du cercueil. Qu'après cela il y ait à critiquer quelques détails de mise en scène, quelques vanités trop naïvement étalées, un anus évident des insignes corporatifs ; qu'on sourie de la mul- . tiplicité^ inattendue des groupes », qu'on blâme l'excès des . demoiselles en cheveux et l'introduction effrontée de certains entrepre- neurs de réclamé dans le cortège, il n'en reste pas moins acquis qu'un grand effort de res- pect et d'admiration a été fait. Ces efforts-là comptent dans la vie d'un peuple et permettent de ne point désespérer de lui. Les incidents qu'on craignait ont été épargnés ; la police, comme on le verra, a agi avec vigueur et surtout avec adresse ; il est donc rassurant de constater qu'elle n'est paè désorganisée et qu'elle peut nous défendre au besoin. Ce qui n'est pas moins consolant, c'est de voir que les anarchistes, blanquîstes, collec- tivistes ou autres sont peu, très peu nom- breux, qu'ils n'ont aucune action réelle sur le peuple' de Paris et qu'un ministère sans pres- tige pourtant, n'a qu'à hausser un peu le ton pour faire rentrer ces gens-là dans le rang. On va me trouver optimiste. Que voulez- 394 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION VOUS? j'aime les Lettres; quelque alliage qu'il y eût dans riiommage énorme rendu à 1 nomme ondoyant et divers qui s'appela Victor Hugo, les Lettres, la divine Poésie y ont la meil- leure part, et je me suis senti touché. Pendant que défilaient tour à tour les aca- démies, les écoles, les délégations et les sol- dats — partout acclamés entre parenthèse — je pensais à Molière enterré nuitamment, sous le poêle des tapissiers, je mesurais le chemin parcouru et je songeais que, malgré tout, il y a du bon dans notre temps. — F. M. Gil Blas Quelle plume serait assez éloquente, quelle voix serait assez puissante, quelle palette serait assez colorée pour donner une idée du spectacle qu'a présenté Paris pendant toute cette journée d hier ! Jamais apothéose plus superbe, jamais manifestation plus française n'ont eu lieu ! Et l'on peut hardiment prédire que de tels événements sont uniques — dans la vie d'un peuple. La supériorité du génie humain s'est affirmée là avec un éclat que l'imagination la plus enthousiaste n'eût pu prévoir. On ne peut faire d'évaluations quant à la foule des assistants ; si nous disions qu'un million, deux millions d'êtres humains se sont associés à cette glorieuse manifestation, nous pourrions être taxés d'exagération. Et pourtant, ce ne sont pas ceux qui, comme nous, ont suivi le cortège du commencement à la fin, qui nous démentiraient. Ce qu'on ne saurait trop faire ressortir, en tous cas, c'est que le calme et le recueille- LES FUNÉRAILLES 395 ment ont été aussi grands que possible. Si^ aux alentours, quelques incidents sans im- portance sérieuse se sont passés, on ne les a pas même soupçonnés dans le cortège. Sur une grande partie du parcours, au bou- levard Saint-Germain, par exemple, les gar- diens de la paix étaient en nombre insuffi- sant, et il s'est produit des poussées dans lesquelles la foule eût pu facilement rompre la digue qui la maintenait imparfaitement. Eh bien, malgré cela, le bon ordre n'a pas été troul3lé un seul instant, et sauf un mcident fortuit qui, malheureusement, s'est produit h l'angle du boulevard Saint-Michel et du bou- levard Saint-Germain, rien n'est venu trou- bler, sur le parcours du cortège du moins, le pieux recueillement, la sympathie res- pectueuse, la douleur touchante et l'enthou- siasme merveilleux de cette cérémonie, uni- que, je le répète, dans les fastes de l'histoire des mondes ! APPENDICE Les journaux dont les extraits suivent, ont paru ou sont parvenus en France à une date qui ne nous a pas permis de les insérer à la place qu'ils devraient normalement occuper. Revue des Deux-Mondes C'est le privilège rare et exceptionnel de VictorHugo, d'avoir été pendant soixante ans le poète inspiré des sentiments, des cultes, des ardeurs généreuses, des entraînements de son siècle, d'être resté un des anciens survi- vants des anciennes générations, comme un témoin d'un autre âge, et de paraître empor- ter avec lui tout un monde où il a régné par la magie souveraine de l'imagination. Il s'é- clipse aujourd'hui, au terme de cette écla- tante carrière qui va des Odes et Ballades à la Légende des Siècles^ et si sa mort est vive- ment ressentie en France, si l'émotion qu'elle cause semble partagée plus ou moins dans tous les paya, c'est que ce n'était pas un per- sonnage ordinaire des lettres; c'est que, dans 23 398 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION cette vieille Europe, où depuis longtemps les supériorités exceptionnelles de Tesprit sem- blent disparaître, où la puissance intellec- tuelle n est pas ce gui brille, où tout se mor- celle et décroit, Victor Hugo était resté un des derniers génies universels de là poésie et des arts. Il y a des talents partout ; où sont les véritables génies dont le monde connaît le nom et les œuvres? Ils ne sont "plus en An- gleterre; ils ne sont plus en Allemagne; ils ne se sont pas fait jour dans l'Italie renaissante ; ils seraient tout au plus peut-être dans les fermentations indistinctes de la Russie. Vic- tor Hugo était, au moins pour l'heure où nous sommes, la dernière renommée, la dernière figure de poète incomparable. C'est ce qui fait de sa mort un événement. 11 avait eu la fortune de naître avec des dons rares, fécondés par les prodigieux spec- tacles du commencement du siècle, avec une organisation qui s'est toujours ressentie des voyages de son enfance en Italie, en Espagne, à la suite de son père; vieux soldat » Pendant soixante ans, celui qui débutait obscurément en 1820, a chanté et a occupé le monde de ses tentatives, de ses inspirations. Victor Hugo n'a jamais été assurément, dans les lettres françaises de ce siècle, le seul re- présentant sérieux de la poésie rajeunie et émancipée. Il a eu ses émules qu'il n' pas Lamartine, Alfred de Musset ont été comme lui, avec lui, de grands poètes; ils l'ont été avec toutes les nuances de génies si différents. Victor Hugo a été, dans cette élite d'autrefois, ce qu'on peut appeler le poète combattant et conquérant, faisant dô chacune de ses œuvres un champ de bataille, s'impo- APPENDICE 399 saut par roriginalité d'un génie rénovateur, inégal et retentissant. Il a été le poète des coups d'éclat de la forme et des grandes so- norités dans ce siècle, avec l'impatience de tous les jougs et le goût de toutes les aven- tuFes 'de l'imagination...;. Il a été l'âme vi- brante à tous les souffles, l'écho retentissant de tous les bruits, des enthousiasmes et des colères de son temps, et tout ce qu'il a re- cueilli, il Ta reproduit. Ta rendu à ses contem- Sorains avec la profusion extraordinaire d'un es plus puissants artistes de la langue, avec la vigueur d'un génie fait tout entier d'imagi- nation, de force et de volonté. Victor Hugo n*a point été peut-être tout ce qu'il a cru être, il a été certainement une des plus puissantes imaginations de ce siècle et de tous les siècles. C'est par l'imagination qu'il a vécu et qu'il a tout vu; c'est par elle qu'ir a pénétré dans le monde intérieur, dans les mondes disparus, qu'il s'est donné le spectacle des hommes, des événements, des révolutions, et c'est ce qui explique comment il a pris si souvent des images pour des idées, des antithèses pour des vérités, les jeux de sa fantaisie pour l'ex- pression de la vie humaine. Avec cette imagi- nation qui est sa faculté souveraine, qui a été son originalité, avec la force et la volonté qui sont aussi dans son génie, qui n'ont fait que s'accentuer, il est arrivé, par une tension étrange, à ne créer qu'un monde factice où tout est grossi, démesuré, où la vie humaine se résume le plus souvent dans une perpé- tuelle opposition de l'ombre et de la lumière, du bandit et de l'empereur, du laquais et du f oi», d© la- courtisane et de la- grande dame, de 400 VICTOR HUGO DEVANT l'OPINION la difformité physique et de la beauté morale œuvre toujours merveilleuse assurément, mais où il a fallu quelquefois tout Téclat d'une in- comparable poésie pour dégui&er Tartifice d'une imagination enivrée de sa force. eu, DE MALADE. ETATS-UNIS Tbe World Le grand Hugo est mort. Hugo peut être compté parmi les heureux dans la mort. 11 était reconnu dans tous les genres comme le chef de la littérature française. Laissez tous les autres courir dans la carrière et regardez sur lequel d'entre eux tombera son manteau. Le triomphe définitif du parti poli- tique, auquel il s'était identifié pendant une génération, est assuré. A la reprise d'Hernani, et à l'occasion de &on quatre- vmgtième anniversaire, quand tout Paris se porta vers sa demeure par centaines de milliers de personnes, avec des hommages tels -que les conquérants n'en ont jamais reçu de pareils à leur retour, il a été reconnu d'une seule acclamation la figure la plufcj colossale de la littérature moderne euro- péenne. APPENDICE 40t TbeNeW'York Times En effet, pendant les dernières années de sa vie, tous les honneurs qu'un peuple peut rendre à un poète âgé, et d une réputation universelle, ont été déposés à la porte de Vic- tor Hugo. A son égard s'est vérifié un fait qui n'a pas eu lieu pour la plupart des nommes, dans toutes les sphères. • Les honneurs qu'on accorde généralement aux grands hommesi après leur mort, lui ont été décernés à profusion, et continuellement de son vivant. De nos jours, on ne pourra dire de personne, avec autant d'assurance que de Hugo, qu'il est mort au comble d'années et d'honneurs. New-York Herald Victor Hugo est mort ! Le télégraphe donne cette nouvelle, qui a plongé Paris dans la douleur que devait lui causer la perte d'un de ses hommes les plus illustres et les plus remarquables. Poète, philosophe, patriote et homme politique, son génie était vraiment considérable, et son nom passera à la posté- rité comme une des lumières éclatantes du siècle. • •••••••••••• Ardemment épris de la liberté, il déclara la guerre à la tyrannie et à l'oppression, partout où elles levaient la tête. '23. 402 VICTOR HUGO DEVANT L'OPIMON SUÈDE Ooterborgs bandels-ocb SjôfartS" Tidning Nous, qui ne faisons pas partie de la race romane, nous ne pouvons pas comprendre Victor Hugo comme le font les Français. Nous ne sommes pas trèîj enclins à lui accor- der une place parmi les génies qui occupent tout à fait le premier rang et dont l'œuvre, comme celle d'un Gœthe ou a un Shakespeare^ doit vivre éternellement. Nous pouvons sentir qu'il y a dans sa poésie lyrique une force gi- gantesque, véritanle force élémentaire, et une merveilleuse beauté, que rien ne peut surpas- ser; mais la plupart de ses productions nous laissent en partie indifférents, ou du moips ne nous remplissent pas d'un assez grand en- thousiasme pour exclure toute critique calme. Pour les Français, Victor Hugo est tout dif- férent. Ils n'analysent pas ses œuvres, ils les envisagent dans leur ensemble, et s'age- nouillent, pleins d'admiration, devant cette chose gigantesque. TABLE DES MATIÈRES Avertissement v Lettre de M. Gustave Rivet ix Note xnr Acte de naissance de Victor Hugo xv Livre I. La Maladie l Incident de l'Archevêché 12 Mort de Yictor Hugo 22 Acte de Décès 25 Livre II. Après la Mort 27 Séances des Assemblées 32 Lettres et adresses 37 Presse de Paris 83 Presse de Province 176 Presse Étrangère 248 Livre m. Les Funérailles.. 291 Séances dos Assemblées 293 Texte des Discours 335 Appendice 397 406 INDEX ALPHABÉTIQUE Index alphabétique des noms des auteurs des lettres, adresses, articles et dis- cours Abboit 77 Abeniacar ÎSo Abou-Maclda,ra 58 Aché 232 Alba Enriqiie de 66 Amis du Progrès de Murcie 77 Antoine 41 Arsol Soliver , ; . . . . 57 Auger 38-347 Aschkinnasi Mikhaïl 63 Badaire 43 Baille 151 Banville 120 Bert 42 Bibesco , 68 Bigot 163 Blanc 313 Bornier Henri de 368 Borostyanys 126 Bourget IftO Briatat et Thoiizery 68 Brocmer 77 Cabrol 61 Caduc 76 Castelar 68 Cercle républicain Mameli 81 Gérons 18-331 Claretie 9-3iO Clavel 43 Colon de Philippevilie le 58 Colonie européenne d'Alexandrie 58 Colombine 121 Colonie grecque de Montpellier 45 Comité central international de la l'aix et de la Liberté 78 Comité démocratique de Tarragone 58 Commission départementale du Conseil général du Rhône 44 Conseil général d'Alger 58 Conseil municipal de Besançon 44 Cretois les 64 Dalloz 160 Dancourt 1^ Delcambre 384 Delyannis 46 Démocratie de la Martinique 58 INDEX ALPHABÉTIQUE 407 Devais 341 Deroulède 40' Dreyfus 170. 312 Drumonl ....;......... — ^ , -, . , . 109 Duclero 71 Emigrés Français 71 Emmanuel Edouard 38Ô Ktudiants 60,66 Etudiants Bulgares de Montpellier 45 — Egyptiens de Montpellier 45 — Hellènes, à t'aris 48 — libéraux de Liège 6g — Polonais 71 — Serbes 67 — • de l'Université de Naplos 50 Pabre 194 Fagiani 56 Ferry 40 Floquet. président de la Chambre des Députés S3i Fontenay 157 Foucher 169 Fouquier 156 Fournier 61 Fragua 69 Frédérix 249 Gambetta père 4l Garibaldi Menotti 48 Gaulier 315 Geffroy 333 Geigenhalt 54 Gerardin et Lehmann 62 Giorgini 5l Goblet Ministre de l'instruction publique» des beaux- arts et des cultes 340 Gonzalès Cosio 47 Gonzalès 46 Got 37r, Gounod 38 Gouvernement Roumain 62 Grandin 168 Gréard 38 Grévy Président de la République 37 Grimm 148 Grimblot 246 Guibert cardinal 12 Havard ; 135 Hervé 311 Houssaye Henri 168 Jourde 376 Journalistes de Montevideo 55 Kauffmann 52 Laisant 307 Lannes 152 Lapommeraye 127 Lar-et-Lara comte de 47 408 INDEX ALPHABÉTIQUE liaairent ,., 128,. a^g Itfmssedat - 7& lieeonte de. Lisle 12&-374 héger • • •• • • • . 5^ Lefèvre, vice-président du Conseil général de la Seine. 3>4 Le Mat 380 Le Royer, président du Sénat 335 Lepelletier. 153 Lisbonne, conseiller générai 39 Lisbonne Maxime nn *^ Lissagaray 12M33 Liziervicz - • 72 Lockroy • 13 Ijoges maçonniques espagnoles 78 Magnard "^ 2g4 Madier de Montjau , ?Ç! Magen 147-392 Magnier 1J[ Maisons 15? Mazade Gh. de 400 ^'o^et ^ Marmottan 36 Marx ; ?lî Maujan- 133-^ May Élie M Martin • Jg Merson 189 Maret Mj MeredUh-Réad 79 Michel l»f Michelet M- J. ...... -v^ • .•vVV'd* • oîS Michelin, président du GonseiJ municipal de Pans. . . 349 Mickiewicz § Miltiadès ' MorlHS {g Municipalité d'Urbino 79 dlendorfï 76 Oliveira „*• OFtigao ^64 Oudet, sénateur gj Pailio g Pannes JJ Pelletan /J Pêne H. de J» Phîlipp ' *fî Prandina 1* Pressede g Quinet i M™ • veuve g Ramalho vladalhaes ^ Raqueui • •• ^ ïlatisbonne ii Rayski -if , Reinach ^Jj Renan *• INDEX ALPHABÉTIQUE 409 Républicains de f^oïmbra 87 ÏUvet, député de risôre ix Rochefort 16-146-331 Rouma .' 51 Saffl Aurélio S5 SatmeroD S2 Scherer 337 Scholl 170 Second Henri 141 Sllva Cardos 53 Société polonaise de Gènes 53 Société des libéraux de l'ise 69 Société des Beaux- \rts de Prague . 63 Société des écrivains et artistes de Madrid 79 Société des ouvriers romagnols de Salso Maggiore... 79 Société des anciens défenseurs dç la patrie de Saint- Archangelo 7S Soler Frederichl 57 Silvestre 3» Syndicat de la Presse départementale 43 Tierry 170 Thureau-Dangin 3l4 Torlonia prince 48 Terres Gaïcedo 74 Torrès Solaao 77 Trigueros iMartel 4 Tulle Massarani 378 tïlbach..' ' 381 Vacquerie 31-388 Veron 71 Vezian 242 Videira 50 Titu 124 Zenowich 68 Zerbie 162 Zola - 39 Zorilla 73 Zurria 57 Zvonimir 51 Index alphabétique des Journaux et revues cités dans ce volume Allgemeine Zeitung 2S2 Alpes Les}. 93J American Register The 174 Ami d u Peuple L» 103 24 410 INDEX AI^PHABÉTIQUB AnJouL' m AubelU ^34 AutunoisL' 201 Avenir de l'Autie L' Ifô Avenir du Cantal L'i. 240 Avenir Lozérien iL' ,.,..,,...^. 211 Avenir de Mitidja L' 238 Avenir du »lorbilian L' '/lO Aveyronnais \\J 213 Bataille La , 128-333 Bulletin des Lois 319 Charente La 232 Charivari Le ITO Conservateur du Gers Le 202 Continental Gazette The 174 Correo El .• 262 Manha El .,,..,,,, -^62 Correspondance de Pesth La... 285 Courrier des Alpes Le , , 238 — des Ardennes.. 220 — de Dreux....... ,,,,.,,., 216 — de l'Eure 200 — de Genève 251 — de la Gironde 181 — de Gournay 215 — de Lyon 178 . — du Pas-de-Calais 196-216 — Populaire *. 225 — de Verdun 235 — de la Vienne 203 Cri du Peuple Le 128 Croix La 128 Dagblad 289 .Daily News The. 271 — Telegraph The 270 Débat s Le s .^ 83-88-168 Défense La .*. 443 Démocratie franc-comtoise 241 Dépêche de Toulouse La Ifô BchoduCher L' 235 — de la Dordogne 218 — d'Indre-et-Loire 234 — du Lubérou 224 — de Paris 152-170-308 — du Poitou 215 — Rochelais ! 198 Eclaireur de Lunéville L' 220 Epoca La 857 Ere Nouvelle L' 223 Espérance de Nancy L' 203 Espérance du Peuple L' 183 Etoile Belge U .24» Evénement L' 4-22-146-3W Evening Standard The 287 Figaro. Le 7-83-121 -122-3K INDBX ALPHABÉTIQUE 411 inistère Le • • • ^ .. 211 " 138 France La' ,,,.,,». 141 — Cemrale 227 — Libre 133-329 — du Nord 210 Fremdemblatt 281 Gagne Petit Le 161 Gaulois Le» ;. 145 Gazetta di Torino La 260 Gazette de Cambrai La 206 — de Cologne 277 — de France 16, 129 — de Lorraine 245 GilBlas 119, 120, 317,326, 394 Gironde , 176 GloboEli... 257 Goterborg's-Handels och sjofarts-tidning 402 Guienne La 194 Imparcial E , 256 Impartial du Nord L' » 217 Indépenc^ance Belge L'} 248 — de l'Est 236 — Roumaine 287 Indépendant de l'Allier 232 -r d'Orange L' 231 • Intransigeant L' 13, 145. 333 Italie!/ 258 Jornal do Commercio El 262 Journal de l'Ain „ 230 — d'Alençon 219 — • d'Alsace 247 — de TAveyron ,.,,,,.,,,»,.,, 212 — • de Bordeaux ,,,• ,190 — deGenève "252 — duHavre 180 — d'Ille-et-vilaine 221 — du Loiret 202 — . de la Marne 204 — de Marseille 208 — du Midi 204-318 — Officiel , 32-297-320 — de Roanne 187 — de Roubaix 190 — de Saint-Quentin ,... 207 — de Seine-et-Marne , 243 Justice La 18-381 Kossische Zeitung ^ 279 Lanterne La.... , 19-137-309 Libéral de l'Est Le 226 Liberté La ^^ . 100-306 Liberté de Fribourg La 251 Ligue La 150 Lombardia La » 260 Lyon-Républicain 186 4Î2 INDEX ALPHABÉTIQUE ^ Matin- Le ". fv^ Mémorial d'Amiens. Le i^ — Arlésien..... 217 - de la Loire et de la Haute-Loire 19? - de l'Oise 227 — du Poitou 210 — des Vosges 2afl Messager de la Marne Le 214 — du Midi g>l — d'Occident '. \f^ — de Valence 2ffi Monde Le 134-31? Monde des Arts et du Théâtre 154 Moniteur de l'Indre 21S — du Puy-de-Dôme 237 — de Rome 257 — Universel 172 M ontmédy- Journal 2k MorningNews The \j^ Mot d'Ordre Le 17-330 ri ation La 169-311 Nation de Florence 260 National Le jgg National républicain de l'Ardèche .* 229 Neue freie Press îgg New- York Herald 4jj1 Newî-York Times lÔ * Normand Le 280 Novie Wremia 273 Novosti 071 Nouvelliste de Bordeaux Î86 — de Rouen '. 202 Opinion L' I59 OpinioneL' 259 Pall mail Gazette ^ Paris... 3^>9-r25 127-307 Pans-Rome .' 175 Pesther Lloyd 2g0 Petit Algérien Le 243 — Ariégcois 230 — Bordelais 201 — Caporal 313-132 — Comtois 222 — Journal I47 — Lyonnais 182 — Marseillais 195 — Méridional '. 211 — Moniteur 150 — Niçois 290 — Rouennais 192 - Var.....- 24^ Petite Gironde La 19R Peuple Le 1i2 Phare des Charentes 284 ' — de la Loire Le 177 INDEX ALPHABÉTIQUE 413 PiccoloIl 261 Populaire Le >13 Post 274 Presse La 152 Progrès de la Côte-d'Or Le 221 — del'EJt... 197 — de la Haute-Marne 219 — National 18» — de la Somme 188 Radical Lei 144, 311 Ralliement de Montauban Le 200 Rappel
\n boutique orange paris 16 victor hugo
Calendrierde l'Avent Le Chocolat Alain Ducasse. Prix: 42€. Poids: 185g. En vente sur l'e-boutique et dans les 6 boutiques à Paris dont le 40, rue de la Roquette (XIe).
Intéressée par une offre Livebox ou un forfait mobile Orange ? Souscrivez en quelques minutes sur Internet plutôt que de vous déplacer en boutique Orange à Paris Accueil Orange Annuaire Orange Trouver une boutique Orange à Paris Boutique Orange à Paris adresses, horaires, souscription Livebox ou mobile Prendre rendez-vous en boutique Orange Paris Préparer sa visite en boutique Orange Paris Contacter le service client Orange Boutiques Orange dans les autres villes de France Trouver une boutique Orange à Paris adresses et horaires des magasins Orange de la capitale On compte 16 boutiques Orange à Paris, implantées dans la plupart des arrondissements. Si vous habitez dans le 2ème, 4ème, 7ème, 10ème, 11ème ou 17ème, sachez qu'il n'existe malheureusement pas de boutique Orange dans votre arrondissement, mais vous pouvez néanmoins consulter la liste des magasins pour trouver l'adresse la plus proche de chez vous. Orange Paris les boutiques des arrondissements 1, 3, 5 et 6 Les habitants des quartiers de Rambuteau, Place de la République ou encore de la Sorbonne pourront trouver plusieurs boutiques Orange près de chez eux. 5 magasins Orange sont en effet implantés dans le 1er, 3ème, 5ème et 6ème arrondissement de Paris. Où trouver une boutique Orange dans les arrondissements 1, 3, 5 et 6 de Paris ? Boutique Orange Horaires Boutique Orange Gdt Rambuteau 120 Rue Rambuteau 75001 - PARIS 1 lundi 0930 - 1930 mardi 0930 - 1930 mercredi 0930 - 1930 jeudi 0930 - 1930 vendredi 0930 - 1930 samedi 0930 - 1930 dimanche Fermé Boutique Orange République 13 Place De La Republique 75003 - PARIS 3 lundi 1030 - 1930 mardi 1030 - 1930 mercredi 1030 - 1930 jeudi 1030 - 1930 vendredi 1030 - 1930 samedi 1030 - 1930 dimanche Fermé Boutique Orange St Michel 9 Boulevard Saint Michel 75005 - PARIS 5 lundi 1030 - 1930 mardi 1030 - 1930 mercredi 1030 - 1930 jeudi 1030 - 1930 vendredi 1030 - 1930 samedi 1030 - 1930 dimanche Fermé Boutique Orange Rue de Rennes 128 Rue De Rennes 75006 PARIS 6 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Boutique Orange Gdt Rue de Sèvres 67 Rue De Sevres 75006 - PARIS 6 lundi 1000 - 1930 mardi 1000 - 1930 mercredi 1000 - 1930 jeudi 1000 - 1930 vendredi 1000 - 1930 samedi 1000 - 1930 dimanche Fermé Orange Paris les boutiques des arrondissements 8, 9, 12, 13 et 14 On trouve 5 boutiques Orange supplémentaires proches des Champs Élysées, de Bastille ou encore de l'Opéra. Les boutiques Orange de ces quartiers font partie de celles qui restent ouvertes le plus tard, jusqu'à 20h pour certaines. Où trouver une boutique Orange dans les arrondissements 8, 9, 12, 13 et 14 de Paris ? Boutique Orange Horaires Boutique Orange Champs Elysées 125 Avenue Des Champs Elysees 75008 - PARIS 8 lundi 1000 - 2000 mardi 1000 - 2000 mercredi 1000 - 2000 jeudi 1000 - 2000 vendredi 1000 - 2000 samedi 1000 - 2000 dimanche 1300 - 1900 Boutique Orange Opéra 10 Rue Halevy 75009 - PARIS 9 lundi 1000 - 2000 mardi 1000 - 2000 mercredi 1000 - 2000 jeudi 1000 - 2000 vendredi 1000 - 2000 samedi 1000 - 2000 dimanche Fermé Boutique Orange Bastille 40 Rue Du Faubourg Saint Antoine 75012 - PARIS 12 lundi 1030 - 1930 mardi 1030 - 1930 mercredi 1030 - 1930 jeudi 1030 - 1930 vendredi 1030 - 1930 samedi 1030 - 1930 dimanche Fermé Boutique Orange Gdt Italie 2 30 Avenue D'Italie Ccal Italie 2 - Niv 1 Et 2 75013 - PARIS 13 lundi 1000 - 2000 mardi 1000 - 2000 mercredi 1000 - 2000 jeudi 1000 - 2000 vendredi 1000 - 2000 samedi 1000 - 2000 dimanche Fermé Boutique Orange Gdt Alésia 61 Avenue Du General Leclerc 75014 - PARIS 14 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Orange Paris les boutiques des arrondissements 15, 16, 18 et 19 Vous habitez dans le 15ème, 16ème, 18ème ou 19ème arrondissement ? Pour vous adresser à un conseiller Orange en personne, vous pouvez vous rendre dans l'une des 6 boutiques ci-dessous Où trouver une boutique Orange dans les arrondissements 15, 16, 18 et 19 de Paris ? Boutique Orange Horaires Boutique Orange Commerce 49 Rue Du Commerce 75015 - PARIS 15 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Boutique Orange Gdt Vaugirard 256 Rue De Vaugirard 75015 - PARIS 15 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Boutique Orange Gdt Beaugrenelle 56 Rue Linois Ccial Beaugrenelle 75015 - PARIS 15 lundi 1000 - 1930 mardi 1000 - 1930 mercredi 1000 - 1930 jeudi 1000 - 1930 vendredi 1000 - 1930 samedi 1000 - 1930 dimanche Fermé Boutique Orange Passy 32 Rue De Passy 75016 - PARIS 16 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Boutique Orange Rue Duhesme 61 Rue Duhesme 75018 - PARIS 18 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Boutique Orange Gdt Flandre 70 Avenue De Flandre 75019 - PARIS 19 lundi 1000 - 1900 mardi 1000 - 1900 mercredi 1000 - 1900 jeudi 1000 - 1900 vendredi 1000 - 1900 samedi 1000 - 1900 dimanche Fermé Quelles sont les boutiques Orange ouvertes le dimanche à Paris ? Bonne nouvelle pour les Parisiens ! La boutique Orange située au 125 Avenue Des Champs Elysees est ouverte le dimanche de 13h à 19h. Boutique Sosh à Paris peut-on se déplacer en magasin Orange pour un problème lié à Sosh ? Malheureusement, il n'est pas possible d'obtenir de l'aide en boutique Orange quand on est client Sosh. En effet, Sosh propose uniquement des services en ligne, qu'il s'agisse de l'assistance ou du service après-vente. Si vous avez un problème avec la Boîte Sosh ou un forfait Sosh, il faut donc vous tourner vers l'assistance sur Internet. Pour cela, rendez-vous sur et laissez-vous guider. Qu'en est-il des boutiques France Telecom à Paris ? France Telecom, né en 1988, était l'opérateur télécom historique, resté seul sur le marché très longtemps. Suite à l'ouverture du marché des télécoms à la concurrence et à l'apparition progressive de nouveaux opérateurs SFR puis Bouygues, France Telecom rachète Orange et ainsi débute une transition progressive. En juillet 2013, France Telecom disparaît en prenant officiellement le nom Orange. Ainsi, il n'existe plus de boutique France Telecom à Paris, puisqu'il s'agit de boutiques Orange. Orange rendez-vous comment prendre RDV en boutique Orange à Paris ? Pour aller dans un magasin Orange, il n'est pas nécessaire de prendre rendez-vous. Néanmoins, cela peut vous aider à gagner du temps, car vous êtes sûr de ne pas attendre sur place. Par ailleurs, en précisant le motif du RDV, vous aidez les conseillers Orange à anticiper vos besoins. Comment effectuer la demande de rendez-vous ? Voici la marche à suivre Rendez-vous sur Si vous êtes client Orange, identifiez-vous si ce n'est pas le cas, continuez le processus sans vous identifier. Choisissez le motif de votre rendez-vous dans la liste proposée achat d'un smartphone, passage à la fibre, déménagement, changement de forfait, etc. Cliquez sur Continuer. Trouvez une boutique à l'aide de votre code postal. En sélectionnant une boutique, vous pouvez consulter ses créneaux horaires disponibles. Cliquez sur Continuer après avoir choisi votre créneau. Complétez vos coordonnées, qui serviront à Orange pour vous contacter en cas de besoin. Validez la demande de RDV. Vous cherchez une offre box ou mobile ? Découvrez les offres disponibles et laissez-vous guider afin de profiter de l'offre partenaire la plus adaptée à vos besoins. Info - Souscription au 09 87 67 37 94 Annonce Préparer sa visite dans un magasin Orange Paris Avant de vous déplacer en magasin Orange, renseignez-vous sur les services proposés en boutique mais aussi sur les documents nécessaires pour votre RDV. En effet, dans le cas d'une souscription par exemple, Orange vous demandera certaines pièces justificatives. Les services disponibles dans votre boutique Orange à Paris En boutique Orange à Paris, vous pouvez profiter des services suivants La souscription d'une offre. Le passage à la fibre. Le déménagement d'une ligne Internet ou fixe. Le changement d'offre mobile ou Internet. Le passage sur une nouvelle carte SIM. L'achat ou le remplacement d'un téléphone. La réception ou la restitution d'un équipement de prêt. En plus des choix ci-dessus pour lesquels il est utile de prendre RDV, certaines actions peuvent être réalisées en autonomie à partir des bornes installées en boutique. De cette manière, sans prendre RDV, vous pouvez retirer une carte SIM, ou encore tester le fonctionnement d'une Livebox ou d'un décodeur, via la borne automatique. Quels documents préparer pour un RDV en boutique Orange / France Telecom à Paris ? Se déplacer en boutique d'accord, mais toujours faut-il éviter d'effectuer un trajet 'pour rien' ! Avant votre rendez-vous en boutique Orange, assurez-vous de préparer les papiers et justificatifs suivants en particulier pour une souscription ou un changement d'offre Un relevé d'identité bancaire RIB vous aurez besoin de celui-ci pour le paramétrage du prélèvement automatique. Si vous ne préférez pas mettre en place de prélèvement, Orange vous demande un dépôt de garantie par chèque, d'un montant entre de 38€ à 285€ selon la situation. Une pièce d'identité valide carte d'identité française ou Union Européenne, passeport français ou Union Européen traduit en français par la préfecture, carte de résident ou carte de séjour. Un justificatif de domicile une facture d'eau, de gaz, d'électricité qui date de moins de 3 mois. Vous pouvez également fournir votre dernière taxe d'habitation ou dernier avis d'imposition. Si vous êtes actuellement hébergé, vous devrez fournir une attestation signée, ainsi que la pièce d'identité de l'hébergeur, accompagnée d'un document attestant de votre lien. La souscription d’une Livebox fibre Orange à Paris Avant de choisir une offre fibre, vous devez impérativement effectuer un test d'éligibilité. C'est ce test qui déterminera la capacité de votre logement à accueillir la fibre. Quelles sont les offres Orange Fibre Paris ? Vous êtes éligible à la fibre Orange ? Vous pouvez choisir une offre Orange Livebox. Voici les offres proposées par l'opérateur Offres Internet Orange fibre Souscrire en ligne Internet TV Prix Livebox Fibre Débit descendant max de 400 Mbit/s Jusqu'à 140 chaînes TV À partir de 22,99€ par mois Livebox Up Fibre Débit descendant max de 2 Gbit/s partagés Jusqu'à 140 chaînes TV À partir de 29,99€ par mois Pour faire des économies, consultez les promotions en cours. La souscription d’une Livebox fibre en boutique Orange Si vous souhaitez rencontrer un conseiller Orange en personne, vous pouvez vous rendre en boutique pour procéder à la souscription de votre Livebox. Dans ce cas, vous pourrez poser toutes vos questions et vous familiariser avec les équipements en démonstration. Assurez-vous néanmoins de vous déplacer en boutique avec tous les documents importants voir plus haut. Si vous effectuez une souscription fibre, vous n'aurez pas directement accès à Internet, même si vous repartez avec votre matériel. En effet, un rendez-vous avec un technicien Orange est nécessaire pour effectuer les branchements avant d'installer vos équipements. Pas d'agence Orange près de chez vous souscrire via Internet ou par téléphone Les boutiques Orange sont trop loin de chez vous, ou vous ne pouvez pas vous déplacer ? Ce n'est pas un problème, vous pouvez très bien souscrire depuis chez vous, par Internet ou par téléphone. Souscrire une offre Livebox par téléphone Si vous ne préférez pas souscrire en passant par Internet, vous pouvez vous tourner vers la souscription Orange par téléphone. Pour cela, vous devez composer le 3900. Un conseiller Orange effectuera la souscription avec vous en direct, et pourra répondre à vos questions. Souscrire une Livebox par Internet Souscrire sur le site d'Orange Pour souscrire par Internet, vous devez tout d'abord vous rendre sur le site Internet d'Orange en cliquant sur le bouton ci-dessus. Procédez ensuite de la manière suivante Accédez à la section Internet depuis le menu du site. Après avoir déterminé quelle Livebox vous convient, cliquez sur Tester l'éligibilité. À partir de votre adresse, Orange détermine si vous êtes bien éligible à la fibre optique. Cliquez sur Choisir cette offre pour continuer le processus avec une offre en particulier. Paramétrez votre offre en choisissant des options de personnalisation optionnel. Précisez vos coordonnées. Orange vous demande ensuite la référence de la prise fibre de votre logement, pour déterminer si une intervention par un technicien est nécessaire. Si vous n'avez pas de prise fibre, un technicien Orange devra effectuer une intervention chez vous. Choisissez l'installation qui vous convient plus ou moins poussée ainsi que le jour et la tranche horaire du rendez-vous. Validez et terminez votre commande. Votre souscription Livebox est finalisée ! Il vous suffit maintenant d'attendre le jour de l'intervention du technicien Orange. Technicien Orange Paris l'installation de la fibre optique chez vous Au moment de votre souscription Internet, vous avez établi une date pour l'intervention du technicien Orange à votre domicile. Deux types d'installation sont possibles Intervention du technicien Orange deux choix Installation pas à pas Installation experte Tarif Gratuit 89€ Raccordement de la fibre jusqu'à votre logement Branchement des équipements Mise en service des équipements Connexion à vos appareils TV, téléphone, ordinateur, etc Diagnostic du wifi La souscription d'une offre Orange mobile à Paris Quels sont les forfaits mobile Orange Paris ? Orange commercialise plusieurs forfaits, tous accompagnés d'un engagement de 12 mois. Il existe deux formules qui peuvent être souscrites en version bloquée ce qui conviendra par exemple aux plus jeunes, et vous pouvez téléphoner, envoyer des SMS/MMS et utiliser Internet mobile. Voici un aperçu des forfaits Orange les plus populaires Forfaits mobile Orange Souscrire en ligne Communications Internet Prix Forfait Orange 2h 20 Go 2h d'appels & SMS illimités Internet mobile 20 Go À partir de 13,99€ par mois Forfait Orange 10 Go Appels & SMS illimités Internet mobile 10 Go À partir de 21,99€ par mois Forfait Orange 80 Go Appels & SMS illimités Internet mobile 80 Go À partir de 29,99€ par mois Forfait Orange 100 Go Compatible 5G Appels & SMS illimités Internet mobile 100 Go À partir de 34,99€ par mois En regroupant vos abonnements box et mobile chez Orange, vous devenez un client Open, ce qui permet de profiter de réductions sur le prix du forfait mobile. La souscription mobile en boutique Orange Comme pour une Livebox, vous pouvez vous déplacer dans une boutiques Orange de Paris pour souscrire un forfait Orange auprès d'un conseiller. Si un changement de téléphone est aussi envisagé, se déplacer en magasin présente un autre avantage celui d'avoir la possibilité de choisir son téléphone en boutique et d'en bénéficier le jour même ! Pas de magasin Orange près de chez vous souscrire par téléphone ou Internet Souscrire un forfait mobile Orange par téléphone Pour effectuer une souscription par téléphone, c'est simple il vous faut composer le 3900 pour joindre le service client Orange. Vous entrerez alors en communication avec un conseiller Orange, qui veillera à vous accompagner tout le long de la souscription. Souscrire un forfait Orange en ligne Souscrire un forfait en ligne La souscription en ligne est probablement la solution la plus rapide et pratique. En quelques minutes, votre nouveau forfait est souscrit Cliquez sur le bouton ci-dessous pour vous rendre sur le site d'Orange. Cliquez sur Mobiles et forfaits, puis sur Forfaits depuis le menu. La liste des offres mobile Orange s'affiche. Sélectionnez l'offre qui vous intéresse en cliquant sur Choisir ce forfait. Ajoutez des options pour personnaliser votre forfait si vous le souhaitez, puis cliquez sur Continuer. Vous pouvez demander à conserver votre numéro, ou à en changer. Optez pour l'option qui vous arrange. Attention, pour garder le même numéro, il est nécessaire de récupérer le code RIO de la ligne au préalable. Complétez les champs dédiés à vos coordonnées. Validez votre identité vous aurez besoin de votre carte d'identité ou de votre passeport. Complétez vos informations bancaires pour mettre en place le prélèvement automatique. Validez la commande. Votre souscription en ligne est terminée ! Vous recevrez votre nouvelle carte SIM par voie postale dans les jours qui suivent. Panne Orange Paris peut-on être aidé en boutique ? Vos équipements ou votre connexion rencontrent des problèmes ? Sachez que la plupart des problématiques Orange peuvent être réglées en effectuant quelques vérifications de base. Les vérifications de dépannage à adopter avant de se rendre en magasin Orange De nombreux dysfonctionnements Internet ou mobile peuvent être résolus rapidement, par de simples manipulations. Avant de vous rendre en boutique Orange à Paris pour vous adresser au SAV, assurez-vous d'abord d'avoir passé en revue toutes les vérifications suivantes. Panne Orange Paris les manipulations à effectuer Problème Orange mobile carte SIM J'ai vérifié que ma carte SIM était bien positionnée dans le téléphone. J'ai testé ma carte SIM sur un autre téléphone. J'ai vérifié qu'Orange n'avait pas annoncé d'incident général sur le réseau de Paris. Problème Orange mobile smartphone J'ai tenté d'utiliser un autre chargeur pour recharger mon téléphone. J'ai réalisé un diagnostic de ma ligne mobile Problème Livebox J'ai essayé de redémarrer ma box. J'ai testé ma connexion Internet depuis différents appareils. J’ai testé ma connexion sur plusieurs sites Internet. J’ai testé ma connexion avec un câble Ethernet. J'ai effectué un test de débit en ligne, dont les résultats témoignent de débits anormaux. J'ai vérifié qu'un incident Orange n'était pas en cours sur de Paris. J'ai réalisé un diagnostic sur Enfin, avant de vous déplacer en boutique Orange, pensez à contacter le service client par téléphone, au 3900. Vous pourrez être aidé par un conseiller Orange. SAV le service après-vente en magasin Orange à Paris Vous avez effectué toutes les manipulations ci-dessus, sans trouver de solution à votre problème ? Vous pouvez vous rendre dans l'une des boutiques de Paris pour obtenir des réponses auprès d'un conseiller Orange. Pour ne pas perdre de temps en boutique, pensez à vous munir de votre contrat, de vos équipements si possible et de tout autre élément qui pourrait être utile. Pour un problème lié au SAV, il n'est pas nécessaire de prendre RDV au préalable. Il suffit de se rendre en boutique pendant les heures d'ouverture. Déploiement de la fibre optique Orange à Paris Déploiement de la fibre optique Orange sur le territoire 0 antennes 4G sont implantées à Paris. Selon l'ARCEP Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse, au deuxième trimestre 2020, on comptait 20,8 millions de logements éligibles à la fibre optique. Orange arrive en première position du classement des opérateurs en termes de raccordement de la fibre optique, et de loin. En effet, on compte près de 13,2 millions de logements raccordables au réseau Orange source arcep, tandis qu'on compte 2,5 millions de logements pour SFR en 2ème position. La fibre Orange est d'ailleurs souvent qualifiée de très efficace en termes de performances. Le rapport nPerf du 1er trimestre 2020 place d'ailleurs Orange comme meilleur opérateur Internet fixe avec la fibre et toutes technologies confondues. Cette évaluation se base sur les résultats des tests de débit nPerf des clients Orange S'informer sur le déploiement de la fibre optique Orange à Paris Si vous vous interrogez au sujet du déploiement de la fibre Orange à Paris, vous pouvez consulter la carte de l'ARCEP sur Cette carte vous permet de vous déplacer et de zoomer de Paris pour visionner le taux de couverture fibre Orange et même l'état du déploiement par adresse. Vous pouvez même observer l'évolution du déploiement par trimestre. Un autre moyen pour obtenir des renseignements sur le sujet est de vous tourner vers la mairie de Paris. Contacter la mairie de Paris Adresse email non précisé Téléphone 01 42 76 40 40 Couverture mobile 4G et déploiement 5G Orange à Paris Quel est l'état du réseau mobile Orange à Paris ? En début d'année 2021, on comptait 135 051 antennes relai Orange en service en France, dont 69 465 antennes 4G. Ces antennes sont les installations qui permettent de capter le réseau mobile et de le transmettre aux utilisateurs, elles sont situées un peu partout en France plus vous êtes proche d'une antenne relai, plus votre réseau mobile est efficace. Paris étant une grande ville, on peut compter sur un réseau mobile performant grâce au nombreuses antennes relai qui y sont implantées. Toutefois, si vous cherchez à visualiser les performances du réseau à une adresse précise, il est possible de consulter la carte de couverture mobile Orange une carte qui vous permet d'obtenir un diagnostic du réseau mobile pour votre adresse. Développement du réseau 5G Orange à Paris Depuis fin 2020, la 5G est en plein essort chez tous les opérateurs, notamment Orange. Le déploiement 5G Orange a en effet commencé en France, à commencer par les villes suivantes Marcq-en-Barœul, Lens, Douai, Paris, Le Mans, Angers, Mulhouse, Clermont-Ferrand, Pau, Toulouse, Montpellier, Marseille et Nice. En attendant, Orange propose déjà des forfaits mobile compatibles 5G, à partir de 24,99€ par mois. Avec un forfait 5G, vous bénéficiez de tous les avantages de ce réseau, à condition de vous trouver dans une zone couverte par la 5G et de posséder un smartphone compatible. Si ce n'est pas le cas, le forfait fonctionnera tout de même très bien, mais basculera automatiquement sur le réseau 4G voire 3G. Comment appeler le service client Orange Paris ? Pour tout problème ou question liée à votre Livebox ou forfait mobile Orange, vous pouvez contacter le service client de l'opérateur. Pour ce faire, il faut appeler le 3900 depuis la France, ou le +33 9 69 39 39 00 depuis l'étranger. Comment faire un changement d'opérateur ? Vous cherchez à changer d'opérateur ? Découvrez les offres disponibles et laissez-vous guider afin de profiter de l'offre partenaire la plus adaptée à vos besoins. Info - Souscription au 09 87 67 37 94 Annonce Les boutiques Bouygues, Free et SFR à Paris Bonne nouvelle pour les nantais qui aimeraient changer d’opérateur, Orange n'est pas le seul accessible dans la ville ! Retrouvez ci-dessous les boutiques Free, SFR et Bouygues à Paris Les boutiques SFR Paris Les boutiques Bouygues Paris Les boutiques Free Paris Quelle démarche effectuer pour changer d'opérateur ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les démarches pour changer d'opérateur sont plutôt rapides et simples pour le client. En effet, dans le cas d'une portabilité de numéro c'est-à-dire quand vous souhaitez conserver le même numéro, les démarches sont simplifiées. Tout d'abord, vous devez choisir une nouvelle offre, et un opérateur. Composez ensuite le 3179 depuis votre ligne concernée fixe ou mobile pour obtenir votre code RIO. Il s’agit d’un code de 12 caractères qui permet d’identifier votre ligne. Passez à la souscription de votre nouvelle offre Internet ou mobile de la manière la plus pratique pour vous en magasin, par téléphone ou sur Internet. Au moment de la souscription, le numéro de la ligne à conserver et le code RIO associé vous seront demandés. Une fois ces informations recueillies, l'opérateur prend en charge les démarches la portabilité du numéro, la résiliation de votre ancienne offre et enfin la mise en service de votre nouvelle offre. L'ARCEP précise que 'L’abonné ne doit pas faire de demande de résiliation auprès de l’opérateur qu’il souhaite quitter'. En effet, quand vous choisissez la portabilité la conservation du numéro, toutes les démarches doivent être réalisées par le nouvel opérateur. Votre période d'engagement n'est pas terminée ? Dans ce cas, il est important de noter que des frais de résiliation seront facturés. Ceux-ci varient en fonction du nombre de mois d'engagement restants et du prix de votre ancienne offre. Des frais fixes s'appliquent également dans le cas d'une résiliation Internet 50€ environ selon l'opérateur. Calcul des frais de résiliation Voir toutes les offres À noter que de nombreux opérateurs proposent aux nouveaux clients la prise en charge des frais de résiliation de l'ancien opérateur, à hauteur de 100€. Adresse résiliation Orange Paris où envoyer son courrier ? Vous voulez résilier mais ne comptez pas changer d'opérateur ? Dans ce cas il vous faudra envoyer une lettre de résiliation en recommandé à Orange. Dans un premier temps, il vous faudra contacter le service client Orange au 3900, afin qu'un conseiller vous explique le processus de résiliation et vous transmette l'adresse postale exacte. Les magasins Orange des autres grandes villes de France Vous allez déménager à Bordeaux, Lyon ou encore Toulouse ? Renseignez-vous au sujet des boutiques Orange présents dans votre prochaine ville Boutiques Orange Paris Boutiques Orange Marseille Boutiques Orange Lyon Boutiques Orange Toulouse Boutiques Orange Nice Boutiques Orange Strasbourg Boutiques Orange Montpellier Boutiques Orange Bordeaux Boutiques Orange Lille Boutiques Orange Rennes Silveraest l'expert dans l'aménagement d'espace pour les professionnels et les particuliers. Silvera vous accompagne et vous conseille sur votre choix de mobilier design. Victor Hugo Ambassade de Côte d’Ivoire Adresse 102 Avenue Raymond Poincaré 75016 Paris Téléphone 01-53-64-62-62 Site internet Victor Hugo Ambassade de Géorgie Adresse 104 Avenue Raymond Poincaré 75016 Paris Téléphone 01-45-02-16-16 Victor Hugo Ambassade d’Ouganda Adresse 13 avenue Raymond Poincaré 75016 Paris Téléphone 01-56-90-12-20 Victor Hugo Monastère Notre-Dame de la Présence de Dieu Adresse 2 Rue Mesnil, 75116 Paris Téléphone 01 45 01 24 48 Site web Victor Hugo Ambassade du Laos Adresse 74 Avenue Raymond Poincaré 75016 Paris Téléphone 01-45-53-02-98 Site web Victor Hugo Ambassade du Congo Adresse 37 bis rue Paul Valery 75016 Paris Téléphone 01-45-00-60-57 France Diplomatie – Lire Victor Hugo Ambassade du Bénin Adresse 87 Avenue Victor Hugo 75016 Paris Téléphone 01-45-00-98-82 Victor Hugo Consulat du Liban Adresse 123 avenue de Malakoff 75016 Paris Téléphone 01-40-67-26-36 Victor Hugo Ambassade du Nigéria Adresse 173 avenue Victor Hugo 75016 Paris Téléphone 01-47-04-68-65 Victor Hugo Starbucks Victor Hugo Adresse 90 Avenue Victor Hugo, 75016 Paris Téléphone 01 45 05 34 46 Site web Victor Hugo Eglise Saint-Honoré d’Eylau Adresse 9 Place Victor Hugo, 75016 Paris Téléphone 01 45 01 96 00 Site web Victor Hugo Paroisse Saint-Honoré d’Eylau Adresse 66 bis Avenue Raymond Poincaré, 75116 Paris Téléphone 01 45 01 96 00 Site web Victor Hugo Ambassade du Nicaragua Adresse 34 avenue Bugeaud 75016 Paris Téléphone 01-44-05-90-42 Victor Hugo Musée Dapper Adresse 35 bis Rue Paul Valéry, 75116 Paris Téléphone 01 45 00 91 75 Site internet Victor Hugo Ambassade de Moldavie Adresse 1 rue Sfax 75016 Paris Téléphone 01-40-67-11-20 Victor Hugo Ambassade de Nouvelle Zélande Adresse 7 ter rue Léonard de Vinci 75016 Paris Téléphone 01-45-01-43-43 Victor Hugo Pharmacie Mayoly Adresse 1 Place Victor Hugo, 75116 Paris Téléphone 01 45 00 71 96 Victor Hugo Consulat de Jamaïque Adresse 60 Avenue Foch 75016 Paris Téléphone 01-45-00-62-25 Victor Hugo Ambassade du Honduras Adresse 8 rue Creveaux 75016 Paris Téléphone 01-42-12-70-50 Victor Hugo Ambassade du Liban Adresse 3 villa Copernic 75016 Paris Téléphone 01-40-67-75-75 75009Paris France. 01 42 80 10 10. Ouvert à 09h30. Prendre RDV Fiche magasin. 75 - Vivason Paris 11e République. 30 avenue de la République 75011 Paris France. 01 55 28 58 58. Ouvert à 09h30. Prendre RDV Fiche magasin. 75 - Vivason Paris 13e Italie. 70 avenue d'Italie 75013 Paris France. 01 53 80 86 47. Ouvert à 09h30. Prendre RDV Fiche magasin. 75 - Vivason

Tags anissa, anissa friends, anissa friends tv show, friends tv, friends, friends typography, anissa friends typography, anissa name Anissa T-shirt classiquePar LhadiiTags anissa, anissa viltrumite, viltrumite, viltrumites, empire, homme anissa omni, anissa omniman, anissa invincible, anissa vs invincible, anissa vs homme omni, anissa vs omniman, anissa anissa, homme omni, omniman, invincible, gardiens du globe, robot, jumeaux mauler, veille de latome Anissa StickerPar satorugojoTags anissa, anissa pierce, éclair noir, dc, bd bd, super héros, lesbienne Anissa StickerPar Maeve419Tags anissa, nom, nom danissa, pour anissa, anniversaire danissa, étiquette de nom danissa, porte nom anissa, insigne danissa, anissa personnalisée, prénom, étiquette anissa, anniversaire anissa, personnalisé, mère, fille, conception danissa, bonjour je mappelle anissa, date danniversaire, calligraphie, nom personnalisé, tante anissa, je mappelle anissa, maman, nom des filles, nom anissa, idées danniversaire danissa Nom Anissa Conception de lave T-shirt respirantPar toonartkingTags anissa pierce, nafessa williams, cw, black lightning anissa Pierce T-shirt classiquePar idebnamsTags récolte lune, défilé danimaux, anissa, bachelorette lune de récolte, défilé danimaux de la lune de récolte, récolte lune anissa, de lune de récolte, de lune de récolte Anissa StickerPar GhostlyNarratorTags anissa, nom anissa, nom, nom, prénom, nom de famille Anissa Name T Shirt - Je suis Anissa Doing Anissa Things Name Gift Item Tee T-shirt essentielPar urnsrenna7Tags nafessa williams, anissa pierce, le cw, cw, black lightning anissa Pierce T-shirt classiquePar idebnamsTags wejdene, rap, ardent, anissa, noix de coco, aya nakamura, tu es hors de ma vue, 16, juil, pnl, vue, plk, coco, feuneu, damso, ciao, album, caleçon, éclair noir, héros, costume, suit, super héros, lesbienne, anissa percer, dc comics, dc, anissa cochon, naissance danissa, anniversaire danissa, anissa cochon wiggy, étiquette personnalisée anissa, appeler anissa, timbre, idées danniversaire danissa, tante, étiquette, personnalisé, nom danissa, amie anissa, ma nommé anissa, étiquette de nom danissa, étiquette de nom, insigne danissa, tampon nominatif Anissa Be Gamer Une née personnalisée pour T-shirt classiquePar Hindman AbramTags anissa pierce, nafessa williams, léclair noir, toujours être, toujours être anissa pierce Toujours être ANISSA PIERCE StickerPar october-ladyTags anissa, ycd, yannick carl demers, québec, portrait, femme Anissa Impression encadréePar YCD1608Tags alyona rassohyna, alyse anderson, anissa meksen, bellator, bo meng, cristina morale, denice zamboanga, itsuki hirata, jingnan xiong, michelle nicolini, mma, un championnat, un fc Haut Styles Fairtex Design Authentique T-shirt essentielPar vrinahyuTags anissa pierce, tonnerre, éclair noir, nafessa williams, arrowverse, cw, le cw, super héros Anissa Pierce Thunder StickerPar T ZTags anissa, nom, des choses, article Anissa Name T Shirt - Anissa Things Name Gift Item Tee T-shirt essentielPar anabelleytTags anissa, éclair noir, anissa pierce, tonnerre, lesbienne, lesbianpride, fierté lesbienne, fierté, mois de fierté, lbt, lgbtq, lgbtqia, des oiseaux, oiseau, mésange Anissa comme Bandito Lesbian Pride Edition StickerPar AlexandersSteleTags trucs wejdene, wejdene, wejdene tiktok, wejdene youtube, wejdene, enfants, wejdene album, visite guidée, mur wejdene, art wejdene, galaxie wejdene, nouveau, wejdene longue, manche wejdene, anissa, wejdene, wejdene téléphone, wejdene cas haute qualité de wejdene T-shirt classiquePar FengzieiTags anissa, arfaoui, télématin, france 2, chroniqueurs Anissa Arfaoui télématin France 2 StickerPar piertomTags anissa, nom danissa, je suis anissa, la vie danissa, anissa personnalisé, personnalisé, ne jamais sous estimer, ne jamais sous estimer le pouvoir, ne jamais sous estimer le pouvoir dune femme, connu des gens comme, sous estimer Ne sous-estimez jamais le pouvoir d'une femme connue sous le nom d'Anissa StickerPar WiredLeafTags anissa, nom, des choses, 2, article T-shirt Anissa Name - Anissa Things Name 2 T-shirt cadeau T-shirt essentielPar disalvatorehanTags wejdene, chanteuse, 2020, nouveau, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop, retro, coco Wejdene Anissa Coco BadgePar Lina LacosteTags anissa, nom, nutritionnel, indéniable, les facteurs, article T-shirt Anissa Name - T-shirt Anissa à facteurs nutritionnels et indéniables T-shirt essentielPar veaalbertinaTags éclaircissement noir, anissa pierce, nafessa williams, super héros, lesbienne, super héros lesbien, dc Anissa Pierce StickerPar october-ladyTags anissa pierce, nafessa williams, éclaircissement noir, tonnerre, gay, lesbienne, lbt, drôle, silhouette, fierté, fier, heureux, sois toi même, dc, univers dc, arrowverse Anissa Pierce T-shirt classiquePar october-ladyTags anissa, nom, amical, étiquette, arabe, bleu royal, bleu, marocain Anissa en bleu royal StickerPar Hanane01Tags anissa, nom, dragon, durée de vie, membre, légende, article Anissa Name T Shirt - Anissa Dragon Lifetime Member Legend Gift Item Tee T-shirt essentielPar buzarddannieTags anissa pierce, tonnerre, éclair noir, lesbienne, bd bd lol ur pas anissa pierce T-shirt essentielPar hawkgrrlTags anissa, nom, aigle, durée de vie, membre, légende, 2, article Anissa Name T Shirt - Anissa Eagle Lifetime Member Legend 2 Gift Item Tee T-shirt essentielPar artiagasonyaTags prénom anissa, prénom anissa en calligraphie arabe, calligraphie arabe, calligraphie, prénom, calligraphique, arabe, idée, arabic, calligraphy, arabic calligraphy calligraphie arabe, musulman, anniversaire, calligraphie islam, aid moubarak, écriture, prénom arabe, bébé, symbole, écriture arabe, arabecalligraphie Prénom Anissa en calligraphie arabe StickerPar ElgamhiouiRecherche par catégorieTags nafessa williams, anissa pierce, éclair noir, grace choi, chantal thuy, tonnerre, thundergrace, lesbienne, lgbtq, queer, drapeau lesbien, droits des lesbiennes Drapeau lesbienne anissa pierce T-shirt classiquePar october-ladyTags anissa pierce, éclair noir, tonnerre, bd bd, lesbienne lol ur pas anissa pierce - couleurs de drapeau lesbien! T-shirt essentielPar hawkgrrlTags drôle, noël, wejdene, chanson, anniversaire, adolecent, anissa, sale, humour, caleçon, musique Tu prends tes caleçons sales humour Wejdene Anissa T-shirt classiquePar joozybartTags anissa, nom, dans, coque, urgence, mon, du sang, type, article Anissa Name T Shirt - En cas d'urgence, mon groupe sanguin est Anissa Gift Item Tee T-shirt essentielPar hautalachanteTags wejdene, anissa, coco, et tu hors de ma vue, france, francais, musique, becherelle, noel Wejdene - Anissa - Et tu hors de ma vue T-shirt classiquePar FootonTags wejdene, chanteuse, 2020, nouveau, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop, retro, coco Wejdene Coco Anissa Sac à cordonPar Lina LacosteTags wejdene, 16, feuneu, artiste, musique, michou, team croutons, anissa, tu hors de ma vue Wejdene "tu hors de ma vue" StickerPar LegartTags wejdene, anissa, coco, 16, feuneu, aya, ayanakamura Wejdene StickerPar Anselme77Tags wejdene, anissa, chanteur, ado rap musique Je peux pas j'écoute Wejdene T-shirt coupe relaxPar JayteezyTags wejdene, tu hors de ma vue, coco, anissa, jul, feuneu, 16, aya nakamura, rap Wejdene T-shirt classiquePar NielsDesignTags spotify, wejdene, 16, anissa, coco, ciao, nassaire, nassaire soilihi, qwarlowrius, qwarlowrius1, hamza, the boondocks, shay, sch, findyourthing, joelpostbad, postbadivoirien, bakeneko, orochi, coeur de dragon, raijingod WEJDENE - ANISSA SPOTIFY STYLE PosterPar Nassaire SoilihiTags nafessa williams, anissa pierce, éclair noir, grace choi, chantal thuy, tonnerre, thundergrace, lesbienne, lgbtq, queer, se battre comme une fille, combattant, droits des lesbiennes Combattez comme une fille Anissa Pierce StickerPar october-ladyTags wejdene, coconut, anissa, music, musique, sing, rap wejdene StickerPar IzumxkTags black lightning, cress williams, nafessa williams, china anne mcclain, prix anissa, jennifer pierce, prix jefferson black Lightning T-shirt classiquePar idebnamsTags éclair noir, bd bd, dctv, tonnerre, foudre, s 39 allume, jefferson pierce, anissa pierce, jennifer pierce Black Lightning S'allume T-shirt essentielPar hawkgrrlTags tonnerre, anissa pierce, éclair noir, cw, bd bd, tv Tonnerre StickerPar Nate BrownTags wejdene, tu hors de ma vue, coco, anissa, jul, feuneu, 16, aya nakamura, rap Wejdene T-shirt classiquePar NielsDesignTags eva queen, eva, queen, chanteuse, wejdene, coco, quitter, anissa Copie de Wejdene COCO Tote bag doubléPar frate2bTags transpercer, percer la famille, éclair noir, super héros, super famille, anissa, jennifer, jefferson, la grâce, anissa pierce, jennifer pierce, jefferson pierce, pierce de grâce, dc, bd bd, bande dessinée, comics Pierce Famille StickerPar Maeve419Tags wejdene 16 anissa coco feuneu GROS BOUFFONS StickerPar LeFrenchTweetTags hommes femmes, meilleure vente, de wejdene, des pour tout le monde, feuneu, artiste, musique, michou, croûtons déquipe, anissa, tu hors de ma vue, trucs de wejdene, vente wejdene, remise wejdene, populaire, wejdene a choisi, wejdene similaire, wejdene a proposé, wejdene, bande exploitée noël, bande exploitée halloween Hommes Femmes Bess Vente de cadeaux Wejdene pour tout le monde T-shirt classiquePar LylaebertTags wejdene, coconut, anissa, music, musique, sing, rap Tags musique, rap, croûtons déquipe, anissa, france, noix de coco, mignon, français, étiquette inox, ma vie, juil, valouzz, aya nakamura, piquant, michou, acier inoxydable, trouvervos, chanteur, code créateur, hamza, sch, nassaire solihi, 16, zola, qwarlowrius1, eva queen, lebouseuh, croûton déquipe Inoxtag X Michou classique T-shirt essentielPar MBGiftsandTags wejdene, 16, album, caleçon, vue, anissa, pnl, coco, jul, damso, plk, ciao, feuneu, rap, rap WEJDENE COVER POSTER STICKERS Sac à dosPar XouuuTags wejdene 16 feuneu coco anissa WEJDOUNE FANBASE StickerPar LeFrenchTweetTags أنيسة, اسم, anissa, saoudien, ksa, dubai, dinde, koweit, irak, egypte, émirats arabes unis, liban, arabe, nom, des noms, nom arabe, islamique, noms islamiques, noms arabes, islam, prénom, noms de bébé populaires, noms communs Anissa nom arabe أنيسة StickerPar ArabicFeatherTags allen lextraterrestre, homme omni, omniman, omni man omniman, contre, invincible, viltrumites, viltrumite, gardiens du globe, homme omniman omni, anissa, thragg, invincible vs, veille de latome Allen l'Alien StickerPar satorugojoTags musique, rap, croûtons déquipe, anissa, france, noix de coco, mignon, français, étiquette inox, ma vie, juil, valouzz, aya nakamura, piquant, michou, acier inoxydable, trouvervos, chanteur, code créateur, hamza, sch, nassaire solihi, 16, zola, qwarlowrius1, eva queen, lebouseuh, croûton déquipe Inoxtag X Michou classique T-shirt essentielPar MBGiftsandTags anissa kermiche, kermiche, vase noir, ami du sein, vase, art italien, art britannique, décor de la chambre, pot de fleur, arrangement de fleurs, conception de téléphone, conception de pomme, style doreiller, de pâques, idées de pâques, meilleure vente, les mieux notés, tendance Anissa Kermiche - Amie du sein StickerPar Mario AlzateTags wejdene, coco, anissa, rap, français, jul, aya, nakamura Wejdene - Tu veux m'quitter c'est mort, coco T-shirt classiquePar FrenchArteeTags black lightning, jefferson pierce, anissa pierce, jeniffer pierce BLACK LIGHTNING T-shirt essentielPar idebnamsTags la foudre, éclair noir, tonnerre, anissa percer, grâce choi, anissa, la grâce, super héros, dc, dctv, arrowverse, lesbienne, bisexuel, queer, lgbtq, couple, amour, épouses, super, héros Grâce du tonnerre T-shirt classiquePar siarag7Tags eva queen, eva, queen, chanteuse, wejdene, coco, quitter, anissa Wejdene COCO T-shirt classiquePar frate2bTags wejdene, rap, coconut, anissa, music, musique, chanteuse, sing wejdene StickerPar IzumxkTags eva queen, eva, queen, chanteuse, wejdene, coco, quitter, anissa Copie de Copie de Copie de Wejdene COCO StickerPar frate2bTags anissa pierce, black lightning, jefferson pierce, jennifer pierce le percez futur mrs T-shirt essentielPar idebnamsTags wejdene, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop Je peux pas j'écoute Wejdene T-shirt moulant col VPar JaMatt1983Tags black lightning, héros, heroes, costume, suit Anissa & Jennifer Pierce StickerPar Fanart SAGTags wejdene, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop Je peux pas j'écoute Wejdene StickerPar JaMatt1983Tags anissa kermiche, annisa kermiche, kermiche, vase, poignées damour, vase orange, corps de femme, art britannique, art italien, de pâques, idées de, la saint valentin, journée familiale, conception diphone, conception doreiller, art de la chambre, intérieure Anissa Kermiche - Vase Love Handles StickerPar Mario AlzateTags anissa lagrange, dietrich lagrange, lenfer, esclaves, tu bois des démons La précieuse sœur du méchant grand-duc StickerPar SoyYuriOTags eva queen, eva, queen, chanteuse, wejdene, coco, quitter, anissa Copie de Copie de Wejdene COCO StickerPar frate2bTags invincible, viltrumite, mark grayson, invicible friday, anissa, krypton, ursaal, mignon, terra, conquest, guardian, superhero, viltrum, drole, nolan grayson, planet, thragg Viltrum Empire logo T-shirt classiquePar ArtchiibaldTags tulipe, fleur de printemps, brillant, jaune, rose, bleu, printemps, anissa Tulipe texturée brillante StickerPar AnissaFTags wejdene, anissa, tu, hors, de, ma, vue, planète, rap, france, chanteuse, paris, jolie, belle Wejdene T-shirt classiquePar carameldesignTags bay, boat, boats, harbor, island, ocean, sailboat, sailboats, sailing, sea The Anissa PosterPar photorolandiTags bleu, rouge, blanc, cercles, abstrait, anissa, lignes, des points, faire des marques Cercles abstraits StickerPar AnissaFTags nafessa williams, china anne mcclain, cw, le cw, anissa pierce, black lightning Nafessa Williams 89 StickerPar idebnamsTags noirs, foudre, anissa, transpercer, tv, émissions, féminin, personnage, super héros, tonnerre, portrait, femme, puissant, bleus, fan, fanart, fandom Tonnerre StickerPar sleepyelenaTags wejdene, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop, retro Wejdene T-shirt moulant col VPar JaMatt1983Tags tonnerre, éclair noir, anissa pierce, bd bd, les étrangers Apportez le tonnerre T-shirt essentielPar hawkgrrlTags cœur, peinture de texture, coeur rose, bleu, vert, anissa Coeur abstrait StickerPar AnissaFTags coco, anissa, wejdene, 16, tu hors de ma vue, prends tes calecons sales, allo, age Tu hors de ma Vue ! Wejdene 16 StickerPar dualogyTags neigeux, brumeux, montagne, neige, blanc, anissa, bleu, extérieur, aventure Aquarelle de scène de nuage enneigé PosterPar AnissaFTags wejdene, fc, 16, coco, anissa, french, pop, miel, singer, chanteuse, tu hors de ma vue Wejdene FC StickerPar pinkiesealTags wejdene, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop Wejdene T-shirt moulant col VPar JaMatt1983Tags iris ouest, kelly olsen, sophie moore, anissa pierce, labyrinthe, charlie, lot, dansen, batsophie, westallen pack d'autocollants dctv StickerPar annagovertTags coco, musique, wejdene, anissa, meuf, soeur, hors, de, ma, vue, caleçon, sale COCO T-shirt coupe relaxPar GiulianahTags fitness, sport, musculation, motivation, courses, run Anissa' Fitness StickerPar MyDesign16Anissa bébé StickerPar Theasworld1974Tags abstrait, anissa, tourbillon, cercle, noir, bleu, vert, faire des marques, violet, jardin, fleurs Promenade abstraite dans le jardin T-shirt classiquePar AnissaFTags wejdene, anissa, rap, pop, ado, fun, adolescente, musique, femme, hip hop, retro retro Wejdene T-shirt moulant col VPar JaMatt1983Tags bleu, botanique, feuilles, les plantes, anissa, cercles, vert, des points, faire des marques, aquarelle Aquarelle botanique abstraite bleue StickerPar AnissaFTags abstrait, froussard, jardin, fleur, anissa, bleu, lignes, cercles, des points, vert, violet, rose, chemin, passerelle Jardin fleuri abstrait StickerPar AnissaFTags homme omni, bel homme omni, omniman, omni homme omniman, homme omni mignon, mignon omniman, omniman kawaii, kawaii omni homme, homme omni contre, omniman contre, gardiens du globe, invincible, veille de latome, jumeaux mauler, robot, monstre, fille, invincible contre, contre, anissa, anissa omni homme, viltrumite, viltrumites, allen létranger, allen, extraterrestre Homme Omni T-shirt classiquePar satorugojoTags guerriers, warriors, mehalla, timo, war, guerre, chafai, anissa, baraka, arab, history, histoire, legend, légende, legendary, légendaire Mehalla the legendary warriors Mug classiquePar MehallaTags phare, anissa, cape hatteras, noir et blanc, paysage, paysage extérieur, lumineuse, cape cod Phare du cap Hatteras StickerPar AnissaFTags nrj12 nrjplay lesangesdelatéléréalité9 lesanges9 saison9 backtoparadise fabrice milla jordan mélanie anthony anissa miami kim ANGE StickerPar mtargui2022Tags anissa pierce, nafessa williams, éclaircissement noir, dc, univers dc, super héros, gay, lesbienne, lbt, tonnerre Votre super-héros lesbien préféré StickerPar october-ladyTags papillon, fleur, rouge, rose, bleu, anissa, fleur épanouie, capricieux, brillant, ligne et lavage, aquarelle Aquarelle de papillon StickerPar AnissaFTags homme omni, bel homme omni, omniman, omni man omniman, homme omni mignon, mignon omniman, kawaii omniman, homme omni kawaii, homme omni vs, omniman vs, gardiens du globe, invincible, veille de latome, jumeaux mauler, robot, monstre, fille, invincible vs, contre, anissa, homme anissa omni, viltrumite, viltrumites, allen lextraterrestre, allen, extraterrestre Omni Man StickerPar satorugojoTags wejdene, musique, rap, croûtons déquipe, anissa, france, noix de coco, mignon, français, étiquette inox, ma vie, juil, valouzz, aya nakamura, piquant, michou, acier inoxydable, trouvervos, chanteur, code créateur, hamza, sch, nassaire solihi, 16, zola, qwarlowrius1, eva queen, lebouseuh, croûton déquipe Wejdene - Anissa - Et tu hors de ma vue classique T-shirt essentielPar DarbyIlStudioTags bleu, coquelicot, coquelicots, fleurs abstraites, brillant, jaune, vert, pois, fleurs bleues, noir, anissa, abstrait, gris Coquelicots bleus avec fond abstrait StickerPar AnissaFTags anissa, lac, paysage, paysage abstrait, couleurs vives, fleurs roses, arbres verts, lac bleu, paysage impressionniste Paysage de lac abstrait Housse d'ordinateurPar AnissaFTags betta, bêta, poisson, tropical, poisson de combat japonais, anissa, bleu, violet, poisson tropical, océan, eau salée Poisson Betta, violet et bleu StickerPar AnissaFTags néon, métallique, méduse, sous la mer, créatures de la mer, lueur du jour, anissa, rose vif, bleu, vert, bulles Aquarelle de méduses néon StickerPar AnissaFTags rose, pivoine, fleurs, anissa, aquarelle, vert, jaune, fleurs de printemps, printemps, brillant, de bonne humeur, rouge Aquarelle de pivoine rose PosterPar AnissaFTags froussard, grunge, grungy, anissa, rose, papier, texture, bleu, bleu foncé, blanc, jaune, corail, cœur, mon coeur, mon amour, lamour Coeur bleu génial technique mixte Impression photoPar AnissaFTags glaïeul, aquarelle, fleur, fleurs, anissa, rose, jaune, vert, printemps, rose vif, fuchsia, rougir, saumon, corail Aquarelle de glaïeul Cahier à spiralePar AnissaFTags rose, abstrait, fleurs abstraites, jardin, violet, faire des marques, pensées, marguerites, diamants, anissa, cercle, des points, bleu Jardin de fleurs abstrait rose StickerPar AnissaFImprimé rien que pour vousVotre commande est imprimée à la demande, puis livrée chez vous, où que vous savoir plusPaiement sécuriséCarte bancaire, PayPal, Sofort vous choisissez votre mode de savoir plusRetour gratuitL'échange ou le remboursement est garanti sur toutes vos savoir plusService dédiéUne question ? Contactez-nous ! Nous sommes joignables du lundi au vendredi, de 8 h à 19 votre questionImprimé rien que pour vousVotre commande est imprimée à la demande, puis livrée chez vous, où que vous sécuriséCarte bancaire, PayPal, Sofort vous choisissez votre mode de gratuitL'échange ou le remboursement est garanti sur toutes vos dédiéUne question ? Contactez-nous ! Nous sommes joignables du lundi au vendredi, de 8 h à 19 le plein de t-shirts, stickers, art mural, objets déco et autres produits du quotidien personnalisés par des artistes indépendants. Un tas de designs sur le thème Anissa vous attendent, imprimés à la demande sur des produits éthiques et de qualité. En plus, chaque achat remplit la tirelire d'un artiste indépendant.

Bastidehistorique Grasse. 60, boulevard Victor Hugo 06130 Grasse. Tel : 04 93 36 01 62. E-mail : tourisme@molinard.fr. Visite guidée gratuite de 25min, toutes les 20min. ATTENTION : dernière visite, 1h avant fermeture. Pas de visite entre 12h et 14h. Accès parking gratuit.
Vous êtes client ou vous connaissez Orange Paris 16e ? Aidez les futurs clients en laissant votre avis et en notant ce magasin ! Plus que PRO traite vos données personnelles Les champs signalés par un astérisque sont obligatoires. Vos données sont utilisées par Plus que PRO pour permettre la publication de votre avis sur le site Au magasin. Le traitement de vos données personnelles est fondé sur votre consentement. Vous bénéficiez en tout hypothèse du droit de retirer votre consentement en renseignant le formulaire ou en nous écrivant à l'adresse dpo Vos données seront transmises à notre service interne qui traitera votre demande dans les meilleurs délais. Vous disposez de droits sur vos données personnelles, à savoir un droit d'accès ; un droit de rectification ; un droit à l'effacement ; un droit à la limitation du traitement des données ; un droit à la portabilité de vos données , un droit de définir des directives relatives au sort de vos données. Pour toute demande rendez-vous sur Pour en savoir plus sur les traitements de vos données personnelles et vos droits, consultez notre Politique de confidentialité ou écrivez nous à l'adresse dpo
sBPMHPT.
  • 4vqez0dcty.pages.dev/365
  • 4vqez0dcty.pages.dev/449
  • 4vqez0dcty.pages.dev/323
  • 4vqez0dcty.pages.dev/231
  • 4vqez0dcty.pages.dev/283
  • 4vqez0dcty.pages.dev/465
  • 4vqez0dcty.pages.dev/254
  • 4vqez0dcty.pages.dev/74
  • boutique orange paris 16 victor hugo